samedi 22 novembre 2014

MES ENFANTS N'ONT PAS PEUR DU NOIR: nourriture céleste pour salamandres en feu






PHONY: Somebody who pretends to be something else. It's like a bad actor.

Synonymes: FAKE POSER FRAUD LIAR LOSER WANNABE FALSE HYPOCRITE FAKER DOUCHEBAG PHONIES BITCH BULLSHIT DOUCHE REAL STUPID BOGUS LAME PRETENTIOUS SHAM

Photo: Premier Acte


LE COMBAT DES SALAMANDRES

Pour ne pas se perdre dans le bois
Épier l’œil rouge de la Bête Noire

Lui déterrer sa hache de guerre
Lui jeter des morceaux de pain
Se donner un coup de couteau
Lui rendre la clef de son chant
Démembrer Hansel et Gretel

Il faut toujours avoir de quoi de bon dans le four
au cas où il faudrait engraisser...



COMBAT DE SALAMANDRES



Le son collant de la voix brute de la mère
Le bruit de sa crème fouettée en bouteille
Le vent qu'on entendit à travers les murs
La déplorable noyade d'un cœur saignant






Jocelyn Pelletier, Sam, incroyablement hallucinant avec sa gestuelle remplie d’une énergie renouvelable sans bons sens, un comédien au talent illimité qui, je le constate pièce après pièce, évolue au rythme des excellents auteurs qui lui donnent des rôles, pas toujours faciles...



Photo: Premier Acte


Jean-Denis Beaudoin, Joe, également l’auteur, qui encore une fois met ses tripes sur la table avec toute la rigueur qu'on lui connaît, qui semble faire de la scène sa dulcinée, m’a encore une fois complètement renversée, on ne peut pas ne pas l’aimer, impossible...



Photo: Premier Acte


Lise Castonguay, la mère, qui nous revenait pour une troisième fois d’affilée cet automne, a encore une fois fait résonner son indéniable talent, elle sait TOUT faire, et l’humour que commandait son rôle de mère un peu folle apportait une sorte d’apaisement à la lourdeur de la situation parfois très tendue entre les deux fils, (et oui, petit inside, j’ai apprécié tout autant MES ENFANTS N'ONT PAS PEUR DU NOIR que PHOTOSENSIBLES)...



Photo: Premier Acte


...Maxime Beauregard-Martin, le cher et si fidèle Will, que nous avions découvert (pour ma part) dans TRICKORTREAT *, autre excellente production de LA BÊTE NOIRE, m’a tout autant impressionnée que la première fois, son surprenant personnage en était un d’une sensibilité poignante, on sentait toute la subtilité dans laquelle il nageait et pas toujours dans le plein bonheur...



Photo: Premier Acte


Laurie-Ève Gagnon, Sarah, la blonde de Joe, une comédienne qu’il fait toujours aussi bon de revoir, avec toute sa douceur, sa beauté et sa discipline, Sarah, un nénuphar dans ce tas de boue...



Photo: Premier Acte


...et Nicolas Létourneau, père fantôme, qui ne parle pas, qui rôde en walking dead aux alentours de la maison d'épicéa glauque, manquant à ses fils manqués, fournisseur d'armes et de cauchemars, qui masque son visage d'un bas et ses pas de silence, un autre rôle qui nous le déstabilise...en bien...



Photo: Premier Acte


C'est la géniale Édith Patenaude qui a mis ce texte remuant en valeur. Avec toute l'ingéniosité qu'on lui connaît on savait d'avance que ce serait une réussite. Secondée magistralement par Jeff Labbé aux éclairages et à la scénographie, d'Uberko aux effets sonores obsédants et de Karine Mecteau Bouchard aux costumes (ah! le beau chandail de Joe !) et aux noirs accessoires, parfaitement ajustés à cette ambiance de forêt endeuillée, elle a su COMMENT nous captiver du début à la toute fin.

Vraiment, nous avons encore une fois été gâtés pourris par LA BÊTE NOIRE. Longue vie à cette jeune équipe qui OSE nous propOSER du matériel extensible dans tous les sens des maux. Leur proposition indécente tient l'affiche chez PREMIER ACTE jusqu'au samedi 6 décembre à 15 heures. Après ça, ils pourront reprendre leur souffle jusqu'à leur prochaine production...




Un décor absorbé par le noir prédominant de l’isolement, des arbres, des colombages, une forêt, des éclairages réfléchissant parfaitement l’âme du texte, une musique ajustée au corps céleste de la scène, des costumes naturels, des comédiens qui savent comment se revirer sur un dix cents, un texte intelligent et d’une beauté féroce, une mise en scène absolument géniale, le brut du réel de la poésie, de la testostérone, du sang, de l’eau, un chien…

MES ENFANTS N’ONT PAS PEUR DU NOIR, comme une série infinie de shooters avalés sans vraiment penser aux conséquences, une pièce où il n’y a pas de place pour le phony, des coups de mains dans le ventre, sur la gueule, des coups de hache sur la planche, des coups de gueule dans la cuisine, des matins de toasts brûlées, des soirs de bœuf braisé, de bluff haché, de partie de péchés…







Deux frères, une mère, une blonde, un chien, un père. La violence qui ne fait pas toujours saigner les bras…un tête-à-queue dans la promiscuité, une pulsion de trop, un égarement…et pas de beaux grands cygnes blancs pour Joe et Sam à la fin, qu'un hululement




La mort qui rôde à nos côtés
La mort chaude comme le thé
De la résistance de la Communauté
à l'insistance de nos mal-aimés


Jean-Denis Beaudoin mérite ce qu’il sème: de l’intégrité amalgamée à la générosité. Et dire que c’est son tout premier texte, on n’a pas vraiment fini d’en entendre parler. En voici un que nous devrions suivre pas à pas, et croyez-moi, nous serons sur ses talons....



MES ENFANTS N’ONT PAS PEUR DU NOIR

TEXTE: Jean-Denis Beaudoin
MISE EN SCÈNE: Édith Patenaude
COSTUMES ET ACCESSOIRES: Karine Mecteau Bouchard
ÉCLAIRAGE ET DÉCOR: Jeff Labbé
CONCEPTION MUSICALE ET SONORE: Uberko



Une excellente critique du Devoir





4 commentaires:

  1. via facebook le 23 novembre 2014
    Merci à vous!
    Lise Castonguay

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  2. via facebook le 23 novembre 2014
    Wow! Merci beaucoup Louise pour ce beau texte! Ça fait chaud au coeur!
    Jean-Denis Beaudoin

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  3. via facebook 24 novembre 2014

    Merci Louise,
    Quels beaux mots tu as pour nous!
    Au plaisir!
    Maxime Beauregard-Martin

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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