Photo: Stéphane Bourgeois
LÀ OÙ NOUS SOMMES, IL Y A DES POIGNARDS
DANS LE SOURIRE DES HOMMES
Malcolm et Donalbain
ICI, les Rois jamais venus
LÀ-BAS, toujours revenus
ICI, nous ont abandonnés
LÀ-BAS, n'ont rien ménagé
ICI, n'ont fait que foi et lois
LÀ-BAS, avaient tous les droits
Dans le cœur des jeunes sorcières
un double nœud pour leurs aveux
Dans la tête de la Reine
une poignée de leurs cheveux
Dans les bras de l'anticipation
une couronne pour le futur Roi
Et des amis devenus ennemis
Et des chats qu’on appelle des chats
Plus des preuves qu’ils existèrent
Moins les doutes sur leur misère
Au sein de leur Écosse en guerre
Au bord de nos larmes en gouffre
À des années-lumière de la Terre
L’odeur sanglante de leurs frimes,
esbroufes et autres bluffs
Le cœur sur la main
La tête sur la pique
La fin n'est pas encore pour demain
La mort dépendra encore pour le fric
Vu comme ça du haut des airs:
le tonnerre qui embrasse l’éclair
les croix de bois et les croix de fer,
passe le balai pour les sorcières
passe la mop sur la poussière
C’est le ciel dans l’enfer
C'est l'époque de Lucifer
Un autre excellent match de boxe s’est disputé le 6 mai dernier sur le grand échiquier
théâtral de Québec. Une pièce maîtresse, royalement jouée par une distribution
du tonnerre. Rien de plus dramatique pour terminer cette autre puissante et si
variée saison 2014-2015. Nous n’en demandions pas autant, et pourtant,
Marie-Josée
Bastien a encore une fois de plus comblé nos plus grandes attentes, sa remarquable et exigeante mise en
scène nous en a mis plein les yeux, le coeur et les oreilles. Les scènes de combat à l’épée
entre autres étaient des plus édifiantes et parfois terrorisantes, surtout depuis
la rangée C. L'éclairage et la musique déchiraient grave par moments, ils
complétaient magnifiquement bien ce tableau de maître, la touche MJB quoi ! Quant à la scénographie, c’était tout
ce qu’il y a de plus nickel, d’une étincelante noirceur, sans trop de fla-fla,
en somme comme je les aime. Fallait voir ce mur roulant de dagues, poignards et couteaux à travers lequel on n’aimerait
jamais passer. Et les costumes ! Plusieurs
pièces masculines mériteraient certainement une place de choix dans la
garde-robe d'un Trent Reznor par exemple...
SOMEWHAT DAMAGED
La distribution, impeccable, avec un Jean-Sébastien Ouellette
dans une très grande forme, avec ou sans
sa camisole sale; absolument dément dans son élégant manteau noir, terrifiant
avec ses mains bain de sang; sa brillante épouse, Érika Gagnon, sublime, émouvante et machiavélique
lady Macbeth; Jean-Michel Déry et Charles-Étienne Beaulne, nobles et braves
Macduff et Lennox; Christian Michaud, irrésistible
et attachant Banquo; Jack Robitaille, titanesque et toujours aussi magique roi
Duncan; Lucien Ratio, vaillant Malcolm fils aîné de Duncan; Réjean Vallée, majestueux Ross si bien drapé de laine et...d'hypocrisie; Eliot Laprise, transportant et énergique acolyte Angus; Samuel Corbeil, fougueux et séduisant Donalbain, fils cadet du roi Duncan; Véronika
Makdissi-Warren, Chantal Dupuis et Claude Breton-Potvin, énigmatiques oracles du
temps passé, présent et à venir. Et au-dessus de cette fabuleuse bande magnétique de comédiens et comédiennes, techniciens et producteurs, qui font honneur à son texte écrit il y a plus de 400 ans, flottait fatalement le fantôme omniprésent du roi de toute cette poésie, William Shakespeare. Les rois Macbeth et Duncan, certainement les plus grands walking dead que notre monde et même l'au-delà ait connu.
Photo: Stéphane Bourgeois
Sur le trottoir du boulevard René-Lévesque, le roi Duncan marchait fin seul, il attendait la lumière. Il allait rentrer chez lui non pas à cheval mais en voiture. Interpellé, il s’est retourné, arrêté, nous a parlé. Nous n’en demandions pas autant. Et pourtant,
le fait de côtoyer ces hommes et ces femmes qui viennent parfois tout juste de quitter la peau stigmatisée de leurs personnages, apporte du relief à ce bonheur auquel nous venons d’assister, un peu comme si on rajoutait une dernière couche de beauté à l’œuvre dans laquelle ils viennent de se défoncer comme ce fût le cas ce soir. « Vous travaillez très fort, Monsieur le Roi »… « On est payés pour ça ». Durant ce bref entretien qu'il daigna nous accorder, il nous appris qu'on habitait dans le même royaume, c'est-à-dire dans le bourg royal du Beauport banlieusard. Laissez-moi vous dire que je suis très fière d’être l’une de ses plus fidèles sujets. Merci M. Robitaille d'être qui vous êtes: un homme qui sait toujours comment faire plaisir à son public, que ce soit sur ou en dehors des planches, c'est tout à votre honneur.
Photo: Stéphane Bourgeois
le fait de côtoyer ces hommes et ces femmes qui viennent parfois tout juste de quitter la peau stigmatisée de leurs personnages, apporte du relief à ce bonheur auquel nous venons d’assister, un peu comme si on rajoutait une dernière couche de beauté à l’œuvre dans laquelle ils viennent de se défoncer comme ce fût le cas ce soir. « Vous travaillez très fort, Monsieur le Roi »… « On est payés pour ça ». Durant ce bref entretien qu'il daigna nous accorder, il nous appris qu'on habitait dans le même royaume, c'est-à-dire dans le bourg royal du Beauport banlieusard. Laissez-moi vous dire que je suis très fière d’être l’une de ses plus fidèles sujets. Merci M. Robitaille d'être qui vous êtes: un homme qui sait toujours comment faire plaisir à son public, que ce soit sur ou en dehors des planches, c'est tout à votre honneur.
Le trône
Photo: L.Langlois
Pour Lady Macbeth:
LOVE IS A DOG FROM HELL
Pour Lady Macbeth:
LOVE IS A DOG FROM HELL
LE RETOUR DU ROI
MACBETH est toujours aussi vivant, la preuve: il fera bientôt un énième retour sur nos grands écrans. Avec Michael Fassbinder et Marion Cotillard en roi et
reine, y’a de quoi se réjouir pour à nouveau se nourrir du sang frais de l’Écosse médiévale. Un avant-goût:
http://www.theguardian.com/film/video/2015/jun/04/macbeth-michael-fassbender-shakespeare-tragedy-trailer
MACBETH
Pour courir après les assassins (ou
et les limousines), la cotte de maille
aux pieds, y'a rien de tel.
L.L.
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