samedi 6 juin 2015

MACBETH: pas de remords pour les sorcières bien mal aimées


Photo: Stéphane Bourgeois



LÀ OÙ NOUS SOMMES, IL Y A DES POIGNARDS 
DANS LE SOURIRE DES HOMMES 

Malcolm et Donalbain






ICI, les Rois jamais venus
LÀ-BAS, toujours revenus 
ICI, nous ont abandonnés
LÀ-BAS, n'ont rien ménagé
ICI, n'ont fait que foi et lois
LÀ-BAS, avaient tous les droits

Dans le cœur des jeunes sorcières
un double nœud pour leurs aveux
Dans la tête de la Reine
une poignée de leurs cheveux
Dans les bras de l'anticipation
une couronne pour le futur Roi

Et des amis devenus ennemis
Et des chats qu’on appelle des chats
Plus des preuves qu’ils existèrent
Moins les doutes sur leur misère

Au sein de leur Écosse en guerre
Au bord de nos larmes en gouffre
À des années-lumière de la Terre
L’odeur sanglante de leurs frimes,
esbroufes et autres bluffs

Le cœur sur la main
La tête sur la pique
La fin n'est pas encore pour demain
La mort dépendra encore pour le fric

Vu comme ça du haut des airs:
le tonnerre qui embrasse l’éclair
les croix de bois et les croix de fer,
passe le balai pour les sorcières
passe la mop sur la poussière

C’est le ciel dans l’enfer
C'est l'époque de Lucifer







Un autre excellent match de boxe s’est disputé le 6 mai dernier sur le grand échiquier théâtral de Québec. Une pièce maîtresse, royalement jouée par une distribution du tonnerre. Rien de plus dramatique pour terminer cette autre puissante et si variée saison 2014-2015. Nous n’en demandions pas autant, et pourtant,






Marie-Josée Bastien a encore une fois de plus comblé nos plus grandes attentes, sa remarquable et exigeante mise en scène nous en a mis plein les yeux, le coeur et les oreilles. Les scènes de combat à l’épée entre autres étaient des plus édifiantes et parfois terrorisantes, surtout depuis la rangée C. L'éclairage et la musique déchiraient grave par moments, ils complétaient magnifiquement bien ce tableau de maître, la touche MJB quoi ! Quant à la scénographie, c’était tout ce qu’il y a de plus nickel, d’une étincelante noirceur, sans trop de fla-fla, en somme comme je les aime. Fallait voir ce mur roulant de dagues, poignards et couteaux à travers lequel on n’aimerait jamais passer. Et les costumes ! Plusieurs pièces masculines mériteraient certainement une place de choix dans la garde-robe d'un Trent Reznor par exemple...






SOMEWHAT DAMAGED
 

La distribution, impeccable, avec un Jean-Sébastien Ouellette dans une très grande forme, avec ou sans sa camisole sale; absolument dément dans son élégant manteau noir, terrifiant avec ses mains bain de sang; sa brillante épouse, Érika Gagnon, sublime, émouvante et machiavélique lady Macbeth; Jean-Michel Déry et Charles-Étienne Beaulne, nobles et braves Macduff et Lennox; Christian Michaud, irrésistible et attachant Banquo; Jack Robitailletitanesque et toujours aussi magique roi Duncan; Lucien Ratio, vaillant Malcolm fils aîné de Duncan; Réjean Vallée, majestueux Ross si bien drapé de laine et...d'hypocrisie; Eliot Laprise, transportant et énergique acolyte Angus; Samuel Corbeil, fougueux et séduisant Donalbain, fils cadet du roi Duncan; Véronika Makdissi-Warren, Chantal Dupuis et Claude Breton-Potvin, énigmatiques oracles du temps passé, présent et à venir. Et au-dessus de cette fabuleuse bande magnétique de comédiens et comédiennes, techniciens et producteurs, qui font honneur à son texte écrit il y a plus de 400 ans, flottait fatalement le fantôme omniprésent du roi de toute cette poésie, William Shakespeare. Les rois Macbeth et Duncan, certainement les plus grands walking dead que notre monde et même l'au-delà ait connu.  


Photo: Stéphane Bourgeois


Sur le trottoir du boulevard René-Lévesque, le roi Duncan marchait fin seul, il attendait la lumière. Il allait rentrer chez lui non pas à cheval mais en voiture. Interpellé, il s’est retourné, arrêté, nous a parlé. Nous n’en demandions pas autant. Et pourtant,




Photo: Stéphane Bourgeois



le fait de côtoyer ces hommes et ces femmes qui viennent parfois tout juste de quitter la peau stigmatisée de leurs personnages, apporte du relief à ce bonheur auquel nous venons d’assister, un peu comme si on rajoutait une dernière couche de beauté à l’œuvre dans laquelle ils viennent de se défoncer comme ce fût le cas ce soir. « Vous travaillez très fort, Monsieur le Roi »… « On est payés pour ça ». Durant ce bref entretien qu'il daigna nous accorder, il nous appris qu'on habitait dans le même royaume, c'est-à-dire dans le bourg royal du Beauport banlieusard. Laissez-moi vous dire que je suis très fière d’être l’une de ses plus fidèles sujets. Merci M. Robitaille d'être qui vous êtes: un homme qui sait toujours comment faire plaisir à son public, que ce soit sur ou en dehors des planches, c'est tout à votre honneur.


Le trône
Photo: L.Langlois



Pour Lady Macbeth:
LOVE IS A DOG FROM HELL





LE RETOUR DU ROI

MACBETH est toujours aussi vivant, la preuve: il fera bientôt un énième retour sur nos grands écrans. Avec Michael Fassbinder et Marion Cotillard en roi et reine, y’a de quoi se réjouir pour à nouveau se nourrir du sang frais de l’Écosse médiévale. Un avant-goût:



MACBETH



Pour courir après les assassins (ou 
et les limousines), la cotte de maille
aux pieds, y'a rien de tel.

L.L. 



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