jeudi 10 septembre 2015

VINCI: les maîtres lumineux

Photo: Nicola Frank Vachon




ÉTERNITÉ ÉPHÉMÈRE


Le théâtre est toujours un engagement. Histoires pour célébrer le monde et ses mystères. Mots et choses pour ne pas mourir. Verbes pour esquisser pierres, engendrer vies, créer des femmes et des hommes, souffler des dieux, voir défiler des siècles entiers. Le théâtre est toujours intuitions vitales, fouilles archéologiques de rêves, tentations de folies. Le théâtre est toujours labyrinthes de couleurs et de matières, chorégraphie divine, mélodie secrète. Le théâtre est toujours voyages à travers les plis de la lumière. Le théâtre est toujours une éternité éphémère

Urd Théâtre
2006






Sachez vous éloigner car, 
lorsque vous reviendrez au travail, 
votre jugement sera plus sûr.

Leonard de Vinci



Photo: L.Langlois



Il y a trente ans 
...et maintenant...

Un homme dans le miroir
Un homme conçu pour la lumière
Un homme retourné dans l'ombre...

Sommes (re) venus.
L’avons enfin (re) vu.

L.L.





À Québec, ces jours-ci, on peut dire que c’est le temps des grandes et moyennes ouvertures. Après celles, multiples, du Centre Vidéotron, c’était au tour du Théâtre Périscope mardi soir le 8. Le Périscope qui fête cette année ses 30 ans d’existence. Et comme le prodigieux VINCI de Robert Lepage a atteint lui aussi cet âge en plein cœur de sa jeunesse, on l’a recréé au même endroit. Pour la plupart d’entre nous, Spectateurs Ravis, avons enfin eu le bonheur de faire connaissance avec cette divine « transmission ». 


Olivier Normand, Frédéric Dubois 
et Pierre Philippe Guay
Photo: Daniel Mallard


Sous les conseils artistiques de Pierre Philippe Guay, qui était d’ailleurs acteur et assistant de Robert Lepage en 1985 lors de la création de VINCI, et qui interprétait le guide du musée aveugle ce soir, Frédéric Dubois, a mis en scène cette pièce haute en lumières et miroitante de sobriété; il a rempli cet espace mental qui manquait à ma culture. N’ayant jamais été rejouée depuis sa création, l’anniversaire du Périscope ne pouvait mieux coïncider avec celle de VINCI. Une autre excellente performance d’Olivier Normand qui a fait renaître la lumière unique des tableaux de ces deux grands maîtres que sont Robert Lepage et Léonard de Vinci. Un rendez-vous qu’il ne fallait absolument pas manqué.


Photo: Nicola Frank Vachon


À propos du début de la pièce, que certains ont qualifié de « malaisant » pour les spectateurs, je dirais que j’ai tout d’abord pensé que ces trous blancs de mémoire, transmis en italien par le guide du musée, faisaient tout bonnement partie du texte. Son « désolé » n'a même pas effleuré mon esprit qu'il cherchait son texte. Ce sont des choses qui peuvent arriver, c’était soir de première après tout. Mais absolument rien de ce contretemps n’a transparu par la suite. Ça nous rappelle qu'on est pas devant un écran plat de 55 pouces...


  Photo: Nicola Frank Vachon

Dire que j’ai été de ceux-là un jour. Massés devant Elle, excités comme des enfants avant de faire un tour dans la Grande Roue, la cliquetant de milles et un flash, ne la voyant presque pas, la vitre lui donnant cet air invisible, mais pourtant, elle était bel et bien là, accrochée au mur, nous scrutant avec son regard stigmatique ceint de son sourire énigmatique. Oui, j’ai eu la chance et le privilège de la rencontrer quelques courts instants. C’était en août 2002.




C’est à tort que les hommes se plaignent de la fuite du temps, en l’accusant d’être trop rapide, sans voir qu’il s’écoule à la bonne vitesse.

Léonard de Vinci



« Is the image I'm making is the image I see
When the man in the mirror is talking to me ? »





les miroirs, la buée, le trépas
la bouche, la main, le bras

l’œil de l’interrogation
le secret de l’ami disparu
le dilemme du grand départ,
la rencontre avec le tableau
la vision, le code

la  différence entre l’amour et la mort, la vitesse

parti retrouver les ailes de son désir
parti prendre son élan,
parti planer pour quelques temps

se (sur) prendre à aimer cette envolée

puis repartir à l’envers
pour écrire en spéculaire
pour boire à la source
pour re-naître

elquidam




Cœur: instrument merveilleux, inventé par le Maître suprême. Celui-ci se meurt lui-même et ne s’arrête point, sinon pour toujours. »

Léonard de Vinci


Photo: Nicola Frank Vachon



Un nouvel ami
(mon 97ème)

Philippe, jeune photographe en deuil de Marc, un ami très cher et mentor parti comme ça sans même l’avertir, laissant son travail en plan. Un Philippe comme tant d’autre Philippe, qui se cherche dans l’Art, qui s’interroge sur ses propres exécutions, comme celles de prendre en photos des salles de bains « frett et blanches comme des lavabos », des tâches qui finissent par gruger son énergie, pas toujours renouvelable. 


Photo: Nicola Frank Vachon


Un Philippe qui élabore des plans d’évasion, qui se demande ce qu’il fait maintenant de et avec sa vie, qui décide de prendre un billet ouvert pour l’Europe, qui part à la recherche de son identité dans d’autres pays aux miroirs embués, qui croise le sourire d’une fille-homme à travers le génie illimité de son créateur, qui visite les fortifications antiques d’une civilisation signée Léonard de Vinci. Un fort beau voyage au cœur de l’Humain, du Louvre, de l’Italie, du vin…et du bain…


Photo: Nicola Frank Vachon


Olivier Normand, artiste multidisciplinaire, découvert le 28 septembre 2006, dans l'inoubliable DES GRENOUILLES ET DES PARAPLUIES de l’Urd Théâtre, présenté chez PREMIER ACTE. Une souvenance récurrente qui refait souvent surface lorsque nous apercevons les escaliers extérieurs du Centre Culture et Environnement Frédéric Back. Il s’est passé là des moments rares, surprenants, révolutionnaires, empreints de beauté rebelle et d’intelligence extra-sensorielle, indissociables de l’insoumis Hanna Abd El Nour, inventif chef d’orchestre de cette exceptionnelle bande d’artistes remplis du « souffle  des dieux »…PREMIER ACTE, comme un refuge, une oasis, un asile, pour les itinérants assoiffés de paroles et de gestes que nous sommes devenus...avec le temps...
  

Photo: Carl Perreault


Olivier, avec sa voix grave et juste, qui est faite sur mesure pour les grands classiques tels LA NUIT DES ROIS, LE MISANTHROPE, BRITANNICUS, CALIGULA, L’OPÉRA DE QUAT’SOUS, qui sait comment la moduler dans le si renversant TOUT CE QUI TOMBE et la mettre davantage en évidence en l’utilisant comme instrument dans le splendide CHANTE AVEC MOI, fait détonner autant la force que la sensibilité. Mais que dire de ses autres talents de danseur et d’acrobate qui l’ont parfois emmené dans des projets plus ou moins fiévreux et glissants tel ce plus qu’enchanteur PROJET EAU des NUAGES EN PANTALONS. Il nous y a fait vivre une autre sorte d’envolée.  



Illustration: L.Langlois


Extrait de mes impressions:

LE PROJET EAU, présenté au Théâtre Périscope samedi soir dernier, m’est entré dedans comme une lame de fond, déchirant quelques lambeaux d’amitié échoués sur les rives du Vide, énergisant une partie de mes petits neurones miroirs de mon imaginaire. Un spectacle déployé pour et par tous les sens, avec la simplicité audacieuse de son intelligence, en harmonie avec le corps et l’esprit. Des images fluides, de la lumière lucide. Un tout en un…Une belle histoire…d’eau…

30 mars 2012
ENVAPEMENTS




VINCI


Photo: L.Langlois



LES CARNETS



Photo: L.Langlois


Les deux volumes, enserrés depuis 1994 dans leur coffret, un an après ma première rencontre avec celui qui encore aujourd’hui ne cesse de révolutionner l’Art sous toutes ses coutures. LES AIGUILLES ET L'OPIUM, une révélation pour l'amateur que j'étais alors. Un merci particulier à Monsieur Jean Saint-Hilaire qui m'a tant instruite par ses brillantes critiques, de véritables bijoux, qui souvent m'ont fait quitter mon sofa de salon pour un siège de théâtre.     



OMBRES ET LUMIÈRES
Carnets de Léonard de Vinci
Photo: L.Langlois

Photo: Centre Vidéotron


Et ce cadre, dans lequel séjourne MA Mona Lisa depuis près de 30 ans; un fantôme infatigable installé sur le mur sud-est de ma chambre à rêver…


Photo: L.Langlois


Images Google


Étant maintenant des FIDÈLES AU POSTEnous détenons la carte privilège, nous avons donc eu droit au shooter emblématique du jour, et comme l’Italie était à l’honneur ce soir, la grappa l’était également. Ouf! Il faisait assez chaud dans ce hall aux allures de bain turc ;-) Tellement occupée à converser avec Alain et Claude ainsi qu’avec la toujours aussi chaleureuse et distinguée Edwige que j’en ai oublié de prendre le programme. On repassera en récupérer un le 23, avant d’aller voir LE DIEU DU CARNAGE, notre prochaine pièce au Trident.


Photo: L.Langlois


Une autre très belle envolée dans cet espace magique qu’est le PÉRISCOPE. Je pense qu'on a retrouvé nos ailes nous autres aussi. Merci à toute l'équipe qui a fait revenir VINCI en grand vainqueur...


Je crois que le bonheur vient aux hommes qui naissent
là où l’on trouve de bons vins. 

Léonard de Vinci



Mais si le secret était dans la Caramilk ?






NOUS VAINCRONS








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire