mardi 20 décembre 2016

FIGUREC : petit sourire en coin pour beaux grands malaises

Photo: L.Langlois
2 décembre 2016


Je ne me libérerai jamais du spectateur : il n’est pas mon ennemi, il est mon interlocuteur. Il est mon frère. Et sans mon frère, je ne suis rien (…) Le spectateur fait partie de l’équation. Et cette équation n’est pas mercantile, elle est humaine.

ET LE SPECTATEUR, DANS L’IMAGINAIRE THÉÂTRAL QUÉBÉCOIS ? *

19 décembre 2016

Philippe Soldevila
Auteur et metteur en scène
Directeur ARTISTIQUE Théâtre SORTIE DE SECOURS


Illustration: L.Langlois
199?




FIGUREC, de Fabrice Caro, dit FABCARO, bédéiste humoriste déceptif selon Julien Baudry, est son premier roman. Il fût publié chez Gallimard en 2006. Puis, avec la collaboration de Christian De Metter, il subit une transformation en BD. En collaboration, ils " planchent " sur cette anticipation exécutée presque en temps réel.


Le THÉÂTRE DES 4 COINS l’a reconverti en une pièce de théâtre destinée aux 13 ans et plus. Elle était présentée pour la première fois au THÉÂTRE LES GROS BECS. J’ai eu le plaisir d’assister à la représentation du vendredi 2 décembre. Je remercie d’ailleurs madame Line Sirois, bénévole dans plusieurs théâtres et activités culturelles de la ville de Québec, qui a eu l’amabilité de m’inviter et d’ainsi avoir pu assister à mon baptême des GROS BECS. Ce fût une découverte tout à fait plaisante, rafraîchissante et surtout enrichissante. Un peu sur le tard peut-être, mais quand même, vaut mieux tard que jamais. Avec cette nouvelle salle à fréquenter, vient de s’ajouter un cheval de plus dans mon carrousel théâtral.    


La mise en scène du dynamique Olivier Normand, soigneusement montée comme il a en l’habitude, a une fois de plus comblé les attentes que se fait le Spectateur pour le choix de l’histoire d’un Auteur. L’ingéniosité scénographique, avec ses bureaux (en gros) et autres accessoires transformés au gré de l’imaginaire, a répondu intelligemment aux 270 pages du roman de FABCARO. Avec la conception sonore de Mathieu Campagna et les chaudes lumières de Félix Bernier-Guimond, le voyage au pays de Luc et de ses acolytes s’est avéré en être un rempli de mystères et de boules de gomme... à effacer la vérité des mensonges, ou le contraire…


La pièce nous fait s’interroger sur notre propre " quant à soi ". Tous ces hommes, toutes ces femmes, que nous côtoyons quotidiennement, hebdomadairement ou annuellement, qu’ont-ils VRAIMENT à faire d’autre que de marcher aux côtés anonymes de nos ombres ? Qu’entendent-ils de nos conversations semi-secrètes sur un banc d’autobus ou dans une cérémonie mortuaire à l’église, ou encore au cimetière ? Qu’espèrent-ils nous prendre, ou nous apprendre de cette supposée liberté des multiples claviers qui ressemble de plus en plus à de l’esclavage en ligne ? Sont-ils plus nombreux qu’on le pense à espionner nos clavardages de faits et gestes ? Sont-ils parents avec nos frères et sœurs ? Connaissent-ils nos amis les plus proches ? Réalisent-ils des documentaires fictifs à notre insu ? Téléguident-ils des libellules dans nos plates-bandes pour découvrir nos pots aux roses ? Nous implantent-ils entre le pouce et l’index des puces pour suivre à la trace nos moindres pulsions ? Rêvent-ils eux aussi d’une autre vie que celle qui se désenchante de leurs nuits blanches à surveiller du coin de l’œil le lever du jour ? Changent-ils leur voix ? Leur nom ? Leurs cheveux ? Leurs dents ? Viennent-ils d’une autre planète ? Caressent-ils, dans le sens du poil dans l’œuf, cette vérité qui n’est pas toujours bonne à dire ?


Philippe Robert, Israël Gamache, Jacinthe Parenteau et Klervi Thienpont, les quatre brillants interprètes de FIGUREC, ont capté l’auditoire, composé d'ados et d'adultes, du début à la fin. La vitesse d’exécution avec laquelle ils effectuaient les nombreux changements de costumes et de décors qu’un roman de 270 pages peut commander, exigeait une certaine virtuosité. Elle a fait que les multiples personnages qu’ils avaient à jouer apparaissaient à chaque fois comme des êtres UNIQUES. C’est ça, la magie du direct ! En espérant que cette pièce soit vue partout de par le monde et qu'elle puisse répandre le virus de la réflexion que son message impose : to be or not to be….




Philippe Robert, Israël Gamache et Jacinte Parenteau
Philippe Robert et Klervi Thienpont
Philippe Robert
Philippe Robert et Israël Gamache
Photos: Vincent Champoux


Au terme de cette représentation, nous avons eu le privilège du contact direct avec trois des comédiens ainsi que le metteur en scène. Ils voulaient prendre la pression du public sur cette séance prélude qui présage très bien pour son avenir. Olivier Normand a parlé avec passion de la BD Zaï Zaï Zaï Zaï de Fabcaro. Peut-être une future adaptation, qui sait ? Ce fût le complément parfait pour terminer cette autre bienfaisante soirée de théâtre...

Photo: page facebook des GROS BECS

...D’autant plus, que j’ai eu l’invitation d’Israël Gamache à venir le voir jouer dans L’OMBRE DE L’ESCARGOT en mars prochain, toujours aux GROS BECS. Il alterne son rôle avec Maxime Allen, l'auteur du superbe FIRE LAKE, VILLE MINIÈRE, 1986, dont le texte sur mes impressions précèdent celles de FIGUREC. Israël qui, avec son rôle de serveur latino qu'il tenait dans LES MARCHES DU POUVOIR, obtient le rôle en chef du parfait barista. ;-)

http://www.nuagesenpantalon.qc.ca/fr/spectacle-%C3%A0-l-affiche/item/l-ombre-de-l-escargot-2.html

Merci au jeune préposé à l'accueil qui m'a offert gentiment une affiche du spectacle en souvenir. Je viens tout juste de le " replacer ": il s'agit d'Alex Desmarais, l'un des onze talentueux finissants en jeu du Conservatoire de Québec. Dans une mise en scène absolument éclatante d'Alexandre Fecteau, ils interprétaient tous leur propre rôle dans l'intense et magnifique ENTRE AUTRES, qui sera bientôt à l'affiche aux ENVAPEMENTS.

Et pour tous ceux 
qui auraient voulu 
ÊTRE UN ARTISTE


Avec le décor féerique de la neige lourde déposée sur les arbres de la ville, le retour au bercail en autobus m'a paru en être un de rêve. Avec en tête les symboliques personnages de Fabcaro, plus ceux que je commence à peine à apprivoiser dans les très prometteurs premiers romans LE PLONGEUR et NUIT; le premier de l'ex-blogueur Stéphane Larue, survivant des restos de Montréal, et le second, d'Edgar Hilsenrath, survivant des ghettos de Transistrie (que l'ex-cellent libraire Christian Girard de chez Pantoute, m’a un jour suggéré), la Nature et la Culture étaient de mon bord…




Photos: L.Langlois
2 décembre 2016






Des FIGURANTS ?


Mevlüt Mert Altintas, 22 ans
policier et tueur de l'ambassadeur russe 
à Ankara en Turquie, 19 décembre 2016






* La lettre complète de Philippe Soldevila





 INTERCEPTOR



4 commentaires:

  1. 19 décembre 2016:

    Tu me fait découvrir beaucoup de choses, l'auteur, la bd, la vidéo des jeunes qui chantent J'aurais voulu être un artiste. Belle recherche sur le futur, c'est impressionnant.

    Line

    RépondreSupprimer
  2. C'est ce qu'il y a d'enrichissant dans le théâtre qui me stimule
    à sans cesse y retourner. Découvrir un auteur tel que Fabrice Caro
    m'a donné le goût de me procurer la BD adaptée par De Metter.
    Avec PARFOIS, LA NUIT, JE RIS TOUT SEUL, ce sont les différents
    publications du beau Jean-Paul Dubois. Après les Fêtes, j'irai voir
    du côté du LIEU DU LIVRE et À LA BONNE OCCASION pour bouquiner
    quelques titres. L'Art attire l'Art.
    Louise

    RépondreSupprimer
  3. via facebook le 20 décembre 2016:

    Il faut surtout remercier la compagnie! Au plaisir!

    Jean-Philippe Joubert

    RépondreSupprimer
  4. via facebook le 11 janvier 2017:

    Un merci trop tardif!! Le message s'était perdu dans certains paramètres que je ne comprends pas trop... Merci encore, et bonne année!

    Philippe

    RépondreSupprimer