mardi 11 avril 2017

L’ART DE LA CHUTE : jamais trop de dull art pour Tout et Rien



Avant-dernier programme de la saison 2016-2017 du THÉÂTRE PÉRISCOPE, L’ART DE LA CHUTE, de la compagnie de création NUAGES EN PANTALON, est une pièce tout simplement magistrale. Tant pour son contenu que pour son contenant, cette histoire d’art et de gro$$$sou$$$ nous a confortablement cloués à notre siège pendant quelques deux heures quarante-cinq incluant l’entracte. Rassemblant des comédiens et des comédiennes polyglottes pour la cause et surtout hyper performants, nous nous sommes franchement crus aussi bien à Londres et New-York qu’à Québec et tout le reste de la planète...



Nous, qui avons payé 22 dollars canadiens pour voir ce bijou un soir de grande première dans la Capitale, avons été démesurément éblouis d’en apprendre autant sur le 1% qui règne et s’accapare le restant du fric du monde depuis les siècles des siècles. Que ce soit avec des requins de la finance ou des moutons de Panurge, nous sommes tous reliés par cette mer houleuse de dollars à valeur parfois plus que volatile. Cette rencontre "entre humains", financièrement abstraite sur fond d’art contemporain, instruit tout autant qu’elle réjouit. Cinq jours après la faillite de Lehman Brothers, sur LES RESTES DE TABLE, blogue éphémère tenu du 20 septembre au 18 novembre 2008, TOUT À RIEN...

Samedi, 20 septembre 2008
TOUT À RIEN

À part la couleur, rien de plus, rien de moins, plus souvent le soir que le matin. Rien de plus que je n'aie déjà écrit de semblable...ailleurs. Le style ? Le même. Celui des mots qui se lèvent et se couchent. Et le Sommeil, qui s'entraîne à desquamer la peau de leurs poèmes louches. Écrire ici, en cachette du monde entier, seul comme un interlope, manipulé par les fils d'Ésope.




Alice LEBLANC (et non Tremblay comme lu ailleurs), travaille avec le cuivre. Elle gagne à peine 23000 dollars par an. Elle a ses convictions et n'en démord pas. Elle est semblable ou pareille à plusieurs créateurs contemporains d’ici et d’ailleurs, ceux-là qui se hissent parfois au sommet des plus prestigieux encans internationaux pour ensuite prendre, à cause d’une crise existentielle ou monétaire, une méchante culbute, ce qui donne matière à réflexion sur l’éphémère de la vie d’artiste... 


...surtout quand il y a un beau grand Greg multi millionnaire qui rôde autour de vous et de vos œuvres et qui peut sans aucune espèce de difficulté se payer une bouteille de champagne à 2000 dollars, un Damien Hirst à 9 millions de dollars ou encore un ready-made de porte défoncée d'un seul coup de poing sur la gueule de votre âme pour 25000 dollars. On monte en même temps qu'Alice. Puis on redescend. Sans jamais tomber.

I was swimming in the harbor of your smile
Splashing in the ocean like a child
I didn't know what dangers lurked there
Just beyond the waves
Shark attack

GREG : Pourquoi les gens collectionnent des œuvres ? 
Certains pour l’amour de l’art. 
D’autres parce qu’ils croient que c’est un bon investissement.
D’autres encore parce que ça les fait monter dans l’échelle sociale. 
Tout le monde a ses raisons.
ALICE : Toi, tu achètes de l’art pour quelle raison déjà?
GREG : Moi ? Pour l’amour, évidemment!
ALICE : You’re such a bad liar.



La lumineuse Marianne Marceau, accompagnée du flamboyant Simon Lepage, ne font nul ombrage aux autres prodigieux interprètes que sont les plus que crédibles Jean-Michel Girouard,  Danielle Le Saux-Farmer et Pascale Renaud-Hébert

Photos: Vincent Champoux 

À eux trois, ils incarnent une multitude de personnages aussi hilarants que posés. Avec les nombreux changements de costumes et de perruques, exécutés à la vitesse de l’éclair, ils mènent allègrement leurs scènes au quart-de-tour. On dirait bien qu’ils ont maîtrisé le don d’ubiquité, surtout lors des post synchro en direct. Disons que leur cote vient de monter en flèche. L'art de l’ascension !


Y'a pas que du Versace, Alice !

The best things in life are free
But you can give them 
to the birds and bees

Aux textes et scénario, Véronique Côté, Jean-Michel Girouard, Jean-Philippe Joubert, Simon Lepage, Danielle Le Saux-Farmer, Olivier Normand et Pascale Renaud-Hébert ont durant quatre ans accompli un travail colossal tant à la documentation qu’à la création. Ils ont bénéficié de la précieuse collaboration au scénario de Claudia Gendreau, Valérie Laroche et Marianne Marceau. Un travail d’équipe de premier ordre, qui leur méritera certainement quelques récompenses lorsque viendra le temps des honneurs.

Sacred heart
Damien Hirst

Dommage que nous ayons perdu la conversation finale entre Alice et Greg, celle projetée sur l’écran central. On pouvait tout de même les entendre des coulisses. Est-ce que ça aurait fait une grande différence de connaître cette discussion qui avait l’air animée ? L’idée qu’on puisse nous la retranscrire un jour, après que la toute dernière représentation soit jouée, pourrait être intéressante. Je tends une perche au gros requin des NUAGES EN PANTALONS…;-)

Déclin du phytoplancton : 
Fin de la vie marine en 2111 ?

À lire les diverses critiques des médias ces derniers jours, la plupart sont dithyrambiques, on ne s’étonne plus du talent incommensurable du metteur en scène qu’est Jean-Philippe Joubert. Parce que son travail est toujours fait selon les règles de l’Humain et que ce soit avec BRITANNICUS, LA NUIT DES ROIS, LE PROJET EAU, CHARBONNEAU ET LE CHEF, MOIS D’AOÛT/OSAGE COUNTY, BOUSILLE ET LES JUSTES, et plus récemment le limpide et dansant CONSTELLATIONS, il sait à tout coup faire ressortir les couleurs chaudes des sentiments qui habitent l’âme des sociétés. Ou de ce qu’il leur en reste... 

Photo: L.Langlois

Entre le shooter vodka pomme de Philippe le barman et la toile de BGL(qui nous a rappelé la magnifique installation de la MANIF D'ART au Pavillon Lassonde), j’ai eu le privilège de lui adresser quelques mots sur cette première tant attendue. Et comme je l’avais écrit quelques jours avant sur la page facebook du Périscope: « On l’attend depuis un an ! » Et quoi de plus que de lui souhaiter le mot de Cambronne ? Ce Kin no unko, porte-chance japonais, littéralement la merde dorée ;-)  



Photo: NUAGES EN PANTALON

Dans l’assistance, juste derrière A. et moi, un Jean-François Lisée, « seul au monde, que plus rien ne retient, calme et souverain…comme un Américain ». Plus tard, après la pièce, Jean-Denis Beaudoin, de retour de la Louisiane, avec qui c’est toujours un plaisir de converser. Il s’est bien gardé de ne souffler mot sur DÉVORÉ(S), son nouveau texte qui sera à l’affiche du Périscope pour la saison 2017-18. On a déjà très hâte au 27 mars.

 You turn around and you don't know where you've been
You look up at the glass dome and the room beings to spin
Let's go out and find the ocean 'cause I think we need a swim
Turn around, start it over, let's begin

L’ART DE LA CHUTE

Texte et Scénario: Véronique Côté, Jean-Michel Girouard, Jean-Philippe Joubert, Simon Lepage, Danielle Le Saux-Farmer, Olivier Normand et Pascale Renaud-Hébert avec la collaboration au scénario de Claudia Gendreau, Valérie Laroche et Marianne Marceau
Mise en scène et direction de la création: Jean-Philippe Joubert
Interprétation: Jean-Michel Girouard, Simon Lepage, Danielle Le Saux-Farmer, Marianne Marceau et Pascale Renaud-Hébert
Conception de l'espace scénique, des costumes et des accessoires: Claudia Gendreau
Assistance à la scénographie et régie de plateau: Claudelle Houde-Labrecque
Conception sonore: Josué Beaucage
Conception des éclairages: Maude Groleau
Conception des vidéos: Jean-Philippe Côté
Coordination de la création: Caroline Martin
Programmation technique et régie: Marc Doucet
Stagiaire à la scénographie: Léa Jézéquel
Réalisation du décor: Claudelle Houde Labrecque, Claudia Gendreau, Conception Alain Gagné et Hugues Bernatchez
Confection de certains costumes: Par apparat, Hélène Ruel et Audrey Pittet
Conception du visuel: Philippe Jobin
Coiffure: Frédéric Guay
Remerciements: Thérèse Bélanger, Dan Brault, Christian Fontaine, Catherine-Ève Gadoury, Dominique Potvin et le Musée national des beaux-arts du Québec, Claudie Gagnon, Cynthia Gendreau, Thérèse Houde, Guy Labrecque, Marilyn Laflamme, Norbert Langlois et la Galerie 3, Geneviève Lapierre, Émilie Potvin, Adèle Saint-Amand, Érika Schmitz et la Manif d’art.




Damien Hirst, réalisateur



FONTAINE
Marcel Duchamp



3 commentaires:

  1. via facebook, le 14 avril 2017:

    Merci Louise !

    Marianne Marceau-Gauvin

    RépondreSupprimer
  2. via facebook, le 14 avril 2017:

    Wow merci énormément! J'ai bien hâte de lire votre billet sur le spectacle!

    Simon Lepage

    RépondreSupprimer
  3. via facebook, le 14 avril 2017:

    Merci beaucoup Louise!

    Jean-Michel Girouard

    RépondreSupprimer