jeudi 3 février 2011

ROMÉO ET JULIETTE: Who were they ?

Photo: Nicola-Frank Vachon *


ALL LIGHTS ON WHO ARE YOU



Frère Laurent 

---Ces joies violentes ont des fins violentes, et meurent dans leur triomphe: flamme et poudre, elles se consument en un baiser. Le plus doux miel devient fastidieux par une suavité même, et détruit l’appétit par le goût: aime donc modérément: modéré est l’amour durable: la précipitation n’atteint pas le but plus tôt que la lenteur.

William Shakespeare
Roméo et Juliette
Acte II, Scène VI
La cellule de frère Laurent




Le souffle des amants morts vivants…
le même que celui d’il y a 400 ans…
de la lumière noire nuit baignant autour d’un cube d’espoir…
toutes les lumières...
pour le dépouillement des sentiments…
les seins gorgés de la Nourrice…
les chemises tachées par le sang…
le blanc pur des nouveaux mariés…

les masques ridés des danseurs à lunettes….
42 heures de rigidité et de doux sommeil…


de la servitude à la libération,
l’Amour au pied des anges…
la voix grave et solennelle du Prince…
l’eau claire dans l’œil de Juliette,
son altitude dans le regard…
et dans celui de sa mère…


Quatre femmes et sept hommes pour interpréter cette histoire de poison et de passion...Olivier Lépine a fait saigner ses acteurs, et leurs cœurs, les décoiffant d’une main, les déshabillant de l'autre...les alimentant du feu de sa passion, une qui ressemble à celle d’un grand metteur en scène…Shakespeare à nouveau réhabilité, cette fois-ci à La Bordée, là où on semble prendre toujours plaisir à donner aux spectateurs de cette authenticité.

Une prise de vue exceptionnelle pour les mots sûrs brillants de Shakespeare; une pureté pour les yeux lecteurs; un enchaînement d’enchevêtrements sur le plancher d'où on y mène la danse... la beauté des corps; des sons pour âmes en deuil, celle de Josué Beaucage (Who are you)...un décor encastré pour la chambre de Juliette...sa fenêtre et une porte, celle d'en arrière...pour entrer dans l’éternité de ce joyau de la littérature anglaise…

En attendant la mort…le poison errant de leurs amours suspendus dans le temps…et de la neige…enchanteresse pour les flancs en sang et saupoudrer la tête et les épaules des comédiens qui jouèrent pendant trois heures dans cette brise d’antan, haleine fraîche d’un vieux printemps…

Roméo, jetant la bourse à l’apothicaire

---Voici ton or; ce poison est plus funeste à l’âme des hommes, il commet plus de meurtres dans cet odieux monde que ces pauvres mixtures que tu n’as pas le droit de vendre. C’est moi qui te vends du poison; tu ne m’en as pas vendu. Adieu, achète de quoi manger et engraisse. […]


Acte V, scène première
Mantoue. Une rue




DISTRIBUTION


Juliette: Alexandrine Warren
Roméo: Steve Gagnon
Frère Laurent: Jacques Leblanc
La Nourrice: Linda Laplante
Mercutio: Israël Gamache
Benvolio: Eliot Laprise
Pâris: Frédérick Bouffard
Tybalt: Jean-René Moisan
Lady Capulet: Marie Gignac
Capulet: Normand Bissonnette
Montaigu: Réjean Vallée
Le Prince: Gabriel Fournier
Balthazar: Claudiane Ruelland
Samson/Frère Jean: Maxime Perron


CONCEPTEURS

Mise en scène: Olivier Lépine
Assistance à la mise en scène: Édith Patenaude
Décor: Marie-Renée Bourget Harvey
Costumes, maquillages et coiffure: Maude Audet
Éclairages: Caroline Ross
Musique: Josué Beaucage
Assistance aux mouvements: Katrine Patry



***


Opinion

Malaise dans ma civilisation

En cette semaine de prévention du suicide, quoi de plus approprié que d’avoir vu, ou revu, ROMÉO ET JULIETTE ? Curieusement, le théâtre de la Bordée était bondé de jeunes gens, des étudiants qui ont à peu près le même âge que Roméo et Juliette. Certains d’entre eux ont été quelque peu irrespectueux durant le spectacle, non seulement envers les comédiens mais envers nous, spectateurs. Ils bavardaient beaucoup, riaient au mauvais endroit, surtout vers la fin. Navrant. J’ai été franchement mal à l’aise lorsqu’un des mauvais garnements a sifflé Juliette alors qu’elle ôtait une partie de ses vêtements. Je me suis imaginé leur réaction si ces mêmes individus avaient vu TRANS(E) en avril dernier chez Premier Acte alors que les deux protagonistes étaient entièrement dévêtus…

J'ignore s'ils venaient tous de la même école, mais je sais, pour avoir parlé avec certains d'entre eux qui étaient assis dans mon coin, qu'ils étaient de St-Damien de Bellechasse, sur la rive-sud de Québec. J’ai d'ailleurs eu une bonne conversation avec eux, autant les garçons que les filles (qui craquaient littéralement pour Roméo). Ces jeunes n’ont pas même chuchoté un seul mot de toute la représentation; heureusement, ils ont compensé pour ceux-là qui ont franchement manqué de discipline. Je me suis dit que des pièces de cette envergure, pour des novices, n’étaient peut-être pas le bon choix. J’avoue que ça peut être un peu long et difficile à suivre. Serait-il alors préférable de leur faire voir des pièces disons plus courtes ou plus actuelles, avec des sujets qui les touchent de plus près, quoique le suicide, ou tout simplement n'inviter que ceux et celles qui sont attirés par le médium qu'est le théâtre ? Les autres pourraient faire une "critique" de show rock, (ou de partie de hockey), surtout pour les gars qui, je le sais par expérience, n'aiment pas tellement aller s'asseoir trois heures d'affilées au théâtre. J'ai d'ailleurs posé la question aux deux jeunes hommes assis à ma droite rangée C, ils m'ont avoué que ce n'était pas LEUR choix mais qu'ils n'en n'avaient pas d'autres. Pour les filles, c'était une autre affaire: à l'entracte, nous avons eu le temps de parler des comédiens, de leur jeu, de l'émotion envisagée pour la fin de la pièce, des messages, voire des critiques, qu'elles pourraient envoyer, via facebook, à leurs favoris, qui sont souvent très réceptifs à ces impressions...

En terminant, j'aurais peut-être une petite suggestion à faire: ajouter, AVANT l'entrée en scène des comédiens, de ne pas seulement fermer ses téléphones et télé-avertisseurs, mais nos belles grandes bouches: les comédiens nous parlent alors écoutons-les ! Je ne condamne pas ceux qui ont trébuché mardi après-midi, car à cet âge-là on manque encore un peu de pratique quand on sort dans le " grand monde ". Et qui peut savoir si parmi eux ne s'y trouvait pas un futur Christian Lapointe ou un ancien Cocteau ? Je parierais que s’ils avaient su ce qu’ils font subir au public, mais surtout aux comédiens, qu’ils se seraient immédiatement excusés auprès d'eux. D’ailleurs, à la sortie, j’ai pu entendre quelques commentaires, négatifs, sur ces petits contrevenants, des jeunes qui jugeaient eux-mêmes leurs pairs. Je souriais tout bas en me disant que ce serait entre EUX qu'ils régleraient leur propre " conte ". Voilà, c'était mon opinion personnelle, en espérant que les consignes du silence s'ajustent...avec le temps...


1 commentaire:

  1. Louise Langlois:
    Pour Roméo et ses amis

    Bonjour Steve,
    Encore une fois touchée par votre excellente prestation sans oublier celle de vos amis; une performance magistrale, n'eut été de quelques moments malvenus...venus de l'auditoire.

    Quelques mots pour vous dire à quel point j'ai aimé la pièce mais moins pour ce qui est de l'audience. Bonne continuation. Merci de tout coeur.

    Steve Gagnon:
    Merci bcp pour votre message.
    Cette histoire-là traverse le temps et est toujours aussi touchante, c'est fascinant non?
    Je fais suivre vos félicitations au reste de l'équipe.
    Au plaisir.
    Steve

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