mardi 26 mars 2013

SCALPÉE: Épormyable





Lorsqu’un orignal vient au monde, il est déjà condamné à mort, comme nous d’ailleurs. Mais son périple sur cette terre peut s’avérer beaucoup plus ardu que le nôtre. À peine né, il intéressera des prédateurs comme l’ours noir et sans les bons soins de sa mère, il ne pourra passer les premières semaines de sa vie. S’il se rend à l’automne, il devra passer à travers une première saison de chasse et espérer que sa mère en fasse autant car sans elle le premier hiver qui est sur le point de débuter risque d’être fatal. Tout au long de sa vie, il devra composer avec les conditions climatiques, la neige, les prédateurs, la rareté de la nourriture en période hivernale, les périodes de chasse, le braconnage, la maladie et j’en passe.

Louis Turbide
http://www.sentierchassepeche.com/



Photo: Mériol Lehmann



Ma démarche artistique a toujours été peuplée de thèmes liés au territoire et à la mémoire. Ma condition d’immigré y est certainement pour beaucoup, ces thèmes provenant de réalités si marquantes qu’ils deviennent inévitables. Cette fascination qu’a l’impact du territoire sur les êtres humains m’a amené à retourner la question : quel impact avons-nous comme individus et comme sociétés sur le territoire? Nos modes de vie modifient non seulement notre environnement proche, mais également une grande partie de la planète. Cette interdépendance amène une boucle, un cycle : Nous marquons le territoire et il nous marque à son tour. Quel poids a sur nos vies ces paysages altérés par l’homme? Et quel est le poids de nos mémoires, individuelles et collectives, sur nos perceptions territoriales? Chaque individu porte en lui ses références, ses souvenirs, et c’est cette mémoire, aussi intime que collective, que je cherche à atteindre.

Mériol Lehmann




En ce monde, contente-toi d'avoir peu d'amis.
Ne cherche pas à rendre durable
la sympathie que tu peux éprouver pour quelqu'un.
Avant de prendre la main d'un homme,
demande-toi si elle ne te frappera pas, un jour.

Khayyam, Chagrin et désespoir VIII



Parce qu'on a tous un peu de rouge.........sous le blanc
MÉMÈRE CHARETTE, MÈRE-TOTEM DE N.D.M.
Photo: André Langlois



Quand je touche à l'Élise d'Anne-Marie Olivier; Quand je souffre le Charles de Steve Gagnon; Quand je songe à la Dorothée d'Édith Patenaude; Je vois tout et rien à la fois; J'entends la folie tirer à bout portant sur la tête de ses enfants; Je ne peux m’empêcher de crier: Ô Sang des Eaux, de la Chasse et de la Pêche, empêchez le scalp de mes frères et celui de la Terre-Mère, déroulez le tapis rouge des naissances, faites venir la guerre pour retrouver la paix...




Photo: Matthew Fournier


Il était une fois, sur une vaste scène, trois protagonistes.
Ils jouaient au jeu de la chair.
Firent éclater l’os et l’ovaire.
Firent fi de la misère.


Quand je vois l’éclairage swamptueux cinq étoiles entourant les mots de la bête lumineuse qu’est Anne-Marie Olivier, je ne peux m’empêcher d’en être éclaboussée moi-même. Leur odeur saline a fait prendre mon esprit dans le ravage de leur naissance. Cette enfance de l’art qui plane dans le monde des bois et des eaux, en se nourrrissant de plumes, d’encre et de coups de couteaux, se transforme en fourrures de la démesure, trempe dans le sel de la saumure, usine de l'amour pour les grandes et douloureuses éclaboussures du rejetté, braconne dans les recoins sombres de certaines de nos froides nuits d'enfer.



Illustration: L.L.



Le théâtre BIENVENUE AUX DAMES, un théâtre qui accouche, nourrit, abreuve, élève, tue, éviscère et enterre; un théâtre rempli de pouponnières et de cimetières; un théâtre de mort et de résurrection; un théâtre qui évolue dans un monde d'ombres sensibles à la lumière; un théâtre de feu qui s'immole dans la neige; un théâtre qui prend forme aux coins des rues, dans le fin fond des bois, sous nos yeux, dans nos cœurs et dans nos tripes. 




Combien de fois me prendrais-je encore au piège de votre magie, mesdames ? Beaucoup d’autres fois encore j'espère. Beaucoup. Parce qu'une immersion dans votre univers de chasseuses de têtes vaut superbement la peine et le détour d'être l'une de vos proies.   
Véronique Côté qui a mis en scène cette foudroyante histoire d'issues devient ainsi l'indissociable d'Anne-Marie Olivier. Autant dans l’œil de l'une que dans  l’oreille de l'autre, par-delà les frontières de l'écriture, elles écri-vivent ce qui se doit de se dire. Un détail à ne pas négliger: Philippe Ducros, qui venait tout juste de nous ébranler avec sa saisissante AFFICHE, a collaboré avec elles en tant que conseiller dramaturgique. Et une note spéciale à Mériol Lehmann pour l'excellente ambiance sonore qui nous emmène encore plus profond dans les bois incertains des bêtes lumineuses. Sa dernière exposition chez VU Photo, ANGLO CANADIAN PULP & PAPER MILLS LTD, m'avait tout autant éblouie en février dernier avec ses embrouillements de mémoire...




SCALPÉE

Comédiens
STEVE GAGNON
ANNE-MARIE OLIVIER
ÉDITH PATENAUDE

ÉQUIPE DE PRODUCTION

Scénographie: Josée Sirois-Landry avec le soutien de Christian Fontaine
Éclairages: Christian Fontaine
Musiques: Meriol Lehmann
Costumes: Maude Audet
Conseiller dramaturgique: Philippe Ducros
Aide dramaturgique et recherche: Sophie Devirieux Tremblay
Conception vidéo: Jean-Philippe Côté, à partir des images de Josée Landry Sirois






Comme à tous les années, les faons naissent et certains s’éloignent prématurément de leur mère et croisent un humain.... Le reste est presque toujours ceci: la personne croit que la mère est morte ou a abandonné le petit. Les gens partent avec le chevreuil et quelques jours plus tard, s'apercevant de l'ampleur de la job, cherchent une solution qui les amène vers les gardes-chasses...
Louis Gagnon
http://www.bearbuckobsession.com/bloglouis/








La griffe écrit dans le sang
et ses messages les plus doux
sont ceux de l'agonie.


Claude Gauvreau


2 commentaires:

  1. (via Facebook)
    Bonjour,

    Je suis très touché que vous ayez apprécié ainsi Scalpée et mon exposition à VU. Je vous remercie aussi pour vos commentaires et d'avoir partagé mon travail sur votre blog.

    Au plaisir,

    Mériol

    27 mars 2013

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  2. (via Facebook)
    Encore une fois merci beaucoup!! Toujours aussi intéressant à lire! À bientôt.
    Steve
    29 mars 2013

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