samedi 28 mars 2015

W;T: exit la souffrance, c'est le temps des vacances

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Le temps passé,
Celui qui va naître,
Le temps d'aimer,
Et de disparaître
Le temps des pleurs,
Le temps de la chance,
Le temps qui meurt,
Le temps des vacances... 






Pas tellement facile d’écrire sur la Mort après l’avoir vécue de si loin. Pas vraiment facile non plus de la voir en face de soi le temps d’une seule et unique représentation. La Mort, celle qui détient cet immense espace qui l’accueille froidement...



Leda
Marius Dubois


Un flot de mots évanouis sur le linceul d’une femme qui les aimait tant. Les mots du poète John Donne qui s’éteignent un à un sous le couvert de leur gloire. Anonymement, presque sans bruit, c'est le coup dur sur la vie qui bat, le sang qui coule encore dans la veine noire de la destinée…

Vivian Beiring s’est finalement éteinte en ce soir frisquet de fin mars. Elle qui croyait qu’elle n’en n’avait que pour quelques deux heures à vivre, serait bien surprise d’apprendre qu’elle aura survécu ici, sur mon écran au fond brillant, comme une étoile point-virgule dans le noir profond des siècles. Son cher poète, celui qu’elle a tant aimé décortiquer, est sûrement à ses côtés, entrain de lui lire quelques-uns de ses plus célèbres sonnets. On peut penser que c’est ce qui serait le mieux pour elle dans ce monde de l'au-delà mais on ne sait pas vraiment grand-chose là-dessus.

Michel Nadeau, du Théâtre Niveau Parking, nous a une fois de plus transportés cette saison sur les solides épaules d'un art qui, œuvre après œuvre, rajoute une couche d’humanité aux murs fertiles de la Résistance. Nous ne pouvions espérer mieux. Nous ne pouvions mériter plus. Traiter du grand C avec autant d'agressivité et froideur médicale mais également avec la bonté du personnel hospitalier nous en aura fait voir de toutes les couleurs, peut-être comme celles que nous appréhenderont nous-mêmes, un jour ou l'autre... 







Lorraine Côté, comme elle a l’habitude de le faire, nous a importés de sa LUMIÈRE personnelle, celle qui sait si bien s’imprégner de la beauté et de la grandeur des personnages qui semblent l’habiter intégralement. Ses oncologues, Jacques Leblanc, le réputé chercheur, Simon Lepage, le résident ancien étudiant de Vivian, ainsi que son attachante infirmière, Marie-Josée Bastien, l’ont magnifiquement bien épaulée. 


Photo: La Bordée

Entourée de leurs collègues infirmiers, Danielle Le Saux Farmer, Maxime Beauregard-Martin et Laurence Moisan-Bédard, on peut dire qu’elle était entre leurs bonnes mains. Et Paule Savard, tel un ange qui passait dans le coin, juste pour prendre de ses nouvelles, qui a fait de la délivrance sa complice, dans une très grande scène de sortie que l’on gardera longtemps pour notre mémoire de futurs « exités ». La grâce avec laquelle elle lui a récité l’histoire du RUNAWAY BUNNY laissera providentiellement des traces de beauté infinie dans le décor de l’Éternité…


Margaret Edson




Margaret Edson, l’auteur de ce fort beau texte, traduit ici par Maryse Warda, a remporté le prix Pullitzer en 1999, c’est tout dire. 





W;T 

Conception

Texte: Margaret Edson
Traduction: Maryse Warda
Mise en scène: Michel Nadeau
Assistance à la mise en scène: Veronika Wakdissi-Warren
Décor et accessoires: Christian Fontaine
Costumes et coiffures: Julie Morel
Lumières: Denis Guérette
Musique: Marc Vallée
Vidéo: Lionel Arnould
Maquillages et coiffures: Vanessa Cadrin






Parce que la vie et la mort vous vont si bien, chère madame Beiring, nous serons vos éternels WIT WATCHERS...


AUCUN HOMME N’EST UNE ÎLE, UN TOUT, COMPLET EN SOI ; TOUT HOMME EST UN FRAGMENT DU CONTINENT, UNE PARTIE DE L’ENSEMBLE ; SI LA MER EMPORTE UNE MOTTE DE TERRE, L’EUROPE EN EST AMOINDRIE, COMME SI LES FLOTS AVAIENT EMPORTÉ UN PROMONTOIRE, LE MANOIR DE TES AMIS OU LE TIEN ; LA MORT DE TOUT HOMME ME DIMINUE, PARCE QUE J’APPARTIENS AU GENRE HUMAIN ; AUSSI N’ENVOIE JAMAIS DEMANDER POUR QUI SONNE LE GLAS : C’EST POUR TOI QU’IL SONNE.

John Donne (1572-1631)
DEVOTIONS UPON EMERGENT OCCASIONS








Stay, O sweet, and do not rise !
The light that shines comes frome thine eyes ;
The day breaks not: it is my heart,
Because that you and I must part.
Stay ! or else my joys will die,
And perish in their infancy.

John Donne

Mon sweet runaway bunny

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