samedi 24 octobre 2015

TRIBUS: Débats troués de ... ... ...




Le cœur a ses oreilles.
Et la langue, 
sa poche.

L.L.



Photo: Périscope


...tapis de Turquie... bouilloire... figues... poivre... mur de livres... piano... table... bancs... bas troués... écrans... tout est là, bien aménagé... ce décor spacieux et libre de murs, dans lequel nous avons été invité(e)s à partager les secrets de la famille qui l'habite... la famille de Billy, avec ses petits, moyens et grands débats, animés autant par les profonds silences de l'Incompréhension que par les cris fidèles de leur Traduction... TRIBUS, c'est pas tellement du bonbon, c'est plutôt d'la tarte... au citron ... avec beaucoup de pointes de ... sustentation ;-) ... ... ... 



Frédéric Blanchette et David Laurin


TRIBUS, spectacle « bilingue », car joué dans les deux langues officielles des sourds. Avec ou sans la voix des comédiens, les basses et les aiguës de ce texte absolument magistral ont orchestré de main de maître cette symphonie familiale déployée dans un concert de notes parfaites. L’étalement de l’amour fraternel, plus grand que la superficie de tous les déserts du monde, autant les glaciaux que les torrides, se déploie devant les entendants que nous sommes du début à la fin, surtout à la fin…




Billy et Daniel, brillamment interprétés pas David Laurin et Benoît Drouin-Germain, deux frères dans le même monde, mêlés de mots crus et tendres, de signes forts/faibles et de préjugés, deux êtres humains qui se heurtent pour rester ensemble  "à vie " et tels qu’ils sont, avec ou sans les signes qui leur permettent de communiquer cet amour qui les unis depuis le tout premier jour de leur naissance. Ils sont entourés de leur sœur Alice, époustouflante Catherine Chabot, une jeune femme qui se cherche une voix/voie en même temps qu'elle se cherche un chum, qui chante le même refrain depuis trop longtemps, et de leurs parents, Christopher et Helen, exaltants Jacques L'Heureux et Monique Spaziani qui, ma foi, sont les enfants de leurs enfants; tellement intellectuels, gauche/droite, mais si aimants et surtout drôles. 





Une tribu comme tant d'autres, avec ses hauts et ses bas...troués...qu'elle reprise «en famille» jusqu'au jour où la belle Sylvia, excellente et émouvante Caroline Bouchard, qui perd l'ouïe peu à peu mais trouve l'amour en perçant le cocon de Billy pour le transformer en papillon...de nuit. Elle apparaît telle une fée mais sans baguette, naturellement aimante et combattante. Sylvia, la douce amie rêvée, celle qui ose lui parler enfin...comme il a toujours voulu entendre...Sylvia, une forêt remplie de voix dormantes tout au fond de son âme...



Caroline Bouchard
Photo: Marie-Eve Des Roches


Sylvia/Caroline, qui est venue nous saluer après la pièce dans le hall si convivial du Théâtre Périscope. Je pense qu'elle a vu dans nos yeux encore mouillés combien nous avions tous et toutes été comblés et émus par ce que nous venions d'assister. Caroline, une comédienne que nous avions remarquée dans l'abracadabrante production SÉRIE NOIRE. D'ailleurs, Jacques L'Heureux y participe lui aussi. La suite s'en vient bientôt, en novembre je crois pour les abonnés d'ICI tout TV extra. Tellement hâte de revoir cette belles gang de malades. 



Photo: Périscope
  

C'est Frédéric Blanchette qui a mis en mouvements perpétuels ce clan dysfonctionnel que nous ne sommes pas prêts d'oublier. Il était grand temps qu’on voit enfin cette pièce dont on en avait entendu que du bien. L’équipe du Périscope sait choisir des œuvres qui nous parlent en face-à-face, jamais de dos, et celle-ci davantage que d’autres. Carrément eu l’impression d’avoir été sollicitée par un visiteur inattendu venu sonner à ma porte (ouverte), qui me demande s'il peut venir jouer du piano dans mon salon environ pour une heure trente, le temps que l'orage familial cesse. C'est plutôt rare qu’on réponde non à une telle proposition. Le théâtre LAB87 sait comment capter l’attention du Spectateur: il ne le lâche jamais des yeux et surtout pas des oreilles…


Illustration: L.Langlois


L'auteur, Nina Raine


Pour Daniel 
et ses voix…dans MA tête…





Interprétée par Lucien RatioDCL, (Décembre en Chute Libre) que nous reverrons bientôt à La Bordée dans la nouvelle mouture de TRAINSPOTTING. Un super de bel adon. TRAINSPOTTING, une énorme montagne russe écossaise d'émotions pures. Hâte de la revoir pour ses nouveaux atours, avec un personnage de plus dans la distribution, interprété par Marco Poulin et aussi pour la musique d'Uberko. J'ai comme l'impression qu'on va y goûter encore plus ! Tiens ta tuque, Lucien !


TRIBES 
(extrait en version anglaise)



WATCH THESE HANDS




En vieillissant, on sait tous que l’ouïe finit par prendre quelque petit repos bien mérité de tous ces bruits de fracas et de fureurs. Si c'est mon cas, et je pense bien que ce le sera de par mes deux « branchies », j'aurai peut-être une petite pensée pour Billy et Sylvia, ces enfants qui nous avaient pris dans leurs bras un certain soir d'octobre 2015, le mardi juste après les élections, celui où un certain « mal entendant » aura fait place, on l'espère bien, à un jeune prétendant issu d'un autre prétendant...





THE TRIBE, de l'ukrainien Miroslav Slaboshpitsky, un film tourné entièrement en langage des signes; une histoire autrement plus violente que le TRIBU de l'anglaise Nina Raines mais tout de même. Voici quelques extraits qui " parleront " d'eux-mêmes...









ENTREVUE avec David Laurin





TRIBUS

TEXTE: Nina Raine
MISE EN SCÈNE: Frédéric Blanchette
ASSISTANCE M.E.S.: Jean-Simon Traversy
ÉCLAIRAGES: André Rioux
DÉCOR, COSTUMES ET ACCESSOIRES: Elen Ewing
DIRECTION ARTISTIQUE: David Laurin (LAB87)
TRADUCTION: Jean-Simon Traversy
COMPAGNIE: LAB87



SONATE AU CLAIR DE LUNE

Vladimir Horowitzjuif ukrainien 
interprète cet air célèbre 
composé par Ludwig van Beethoven 
au début de sa surdité...






Une excellente critique de TRIBUS 

http://ici.radio-canada.ca/breve/31543/tribus-une-piece-magnifiquement-racontee





      Carte de l'Israël messianique 
       publiée en 1695 
        par Abraham bar Jacob

http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/History/1695map.html




   LA TRIBU AVANT L'ÉTAT



« L'ARBRE DE VILLE »
Rue Maufils, Québec
(en face du restaurant libanais Shady)
Photo: L.Langlois
20 octobre 2015




L'ARBRE DE VILLE

tellement beau, 
tellement cruel;
tellement cruel 
mais si essentiel

Coincé entre l'asphalte et le ciment,
ses racines le réchauffent sous terre. 

Bravant bientôt la neige et le gel,
s'endormira jusqu'au printemps prochain.

Pour à nouveau se dégourdir
et que de ses cent mille bourgeons
renaissent cent mille feuilles.

La ville ainsi pourra respirer à son aise,
et ce sera bien tant mieux.
Ce sera durant ce moment unique 
qu'il nous la magnifiera.

Et même quand nous l'abattrons
d'un atroce coup de fouet,
jamais, Ô grand jamais 
nous ne l'oublierons.
Jamais.


L.Langlois 
25 octobre 2015



3 commentaires:

  1. via facebook le 26 octobre 2015

    Merci beaucoup. C'est un grand plaisir de vous lire. Je suis content que la pièce vous ait touché.

    Frédéric Blanchette

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  2. via facebook le 26 octobre 2015

    Oh, merci beaucoup! On est vraiment heureux de pouvoir présenter cette pièce-là à Québec. Je vais transmettre le message aux comédiens. Merci encore !

    David Laurin

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  3. via facebook le 27 octobre 2015

    Ah! merci pour le si gentil message, ça fait chaud au coeur de vous lire. À une prochaine alors ! :-)

    Caroline Bouchard

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