dimanche 16 octobre 2016

GLOUCESTER: Tempête dans une tasse de thé


ANTOINE ET CLÉOPÂTRE,
CORIOLAN, 
HAMLET, 
JULES CÉSAR, 
MACBETH, 
OTHELLO, 
LE ROI LEAR, 
ROMÉO ET JULIETTE, 
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN, 
LA NUIT DES ROIS, 
LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ, 
RICHARD III, 
HENRI IV, 
LA TEMPÊTE…


Jean-Guy Legault, Simon Boudreault
et Mario-Josée Bastien
Photo: Isabelle Jetté


GLOUCESTER, que nous attendions avec impatience depuis l’annonce de sa venue en mars dernier lors de la présentation de la saison 2016-17 de La Bordée, a inébranlablement atteint la cible parfaite des spectateurs avides de longues pièces que nous sommes A. et moi, et j’ose l’espérer de plusieurs autres comme nous... 




Quel magnifique déploiement de talents, à commencer par l’écriture des deux auteurs, Simon Boudreault et Jean-Guy Legault, et à l’énergique mise en scène de l’impériale Marie-Josée Bastien. Et que dire de l’exceptionnelle habileté verbale et physique des comédiens et comédiennes ? Qu’ils et elles se sont tous littéralement * tué(e)s * à la tâche afin de nous faire voir toutes les couleurs mêlées à l’ardeur de ce feu roulant de scènes déchaînées ? Bien évidemment, comme dirait l’autre, nous avons été comblés au plus haut point par leur jeu indéfectible...




Simon Boudreault et Jean-Guy Legault, * aucteurs * de ce marathon théâtral de presque 3 heures, tiennent le fort avec toute la force nécessaire pour faire aboutir les caractères loufoques et délirants de leurs Gloucester et York (YARKQUE). Rien de plus, rien de moins, parce que LE DIVERTISSEMENT LE PLUS AGRÉABLE EST CELUI QUI PLAÎT À SON INSU, dixit Shakespeare en personne (lu dans le programme de cette soirée 5 étoiles)...




Emmanuel Bédard, dont la voix grave et tant reconnaissable entre mille sillonne les ondes radio d’un Roi de grand boulevard ;-), monte sur ses grands chevaux, de bois et de métal, et fait rire aux éclats de verre. Il campe un Brutus absolument délirant. Il s’est d’ailleurs mérité une salve d’applaudissements PENDANT l’exécution d’un soliloque qui demandait plus que du simple souffle. Il donne à tout coup d’épée, et même ceux dans l’eau, de cette joie profonde qui habille et habite les textes de tous ceux et celles pour lesquels IL JOUE...




David Bouchard, son jeune compagnon, avec ses Iago, Edmond et autres, a offert à nouveau une puissante performance qui m’a fait penser que nous avons eu droit à la naissance d’un futur roi de la scène. Brillant, éloquent, agile, intense, on n’a surtout pas fini d’entendre parler de lui. On doit d’ailleurs être en train de lui courir après pour des rôles demandant de la rigueur et de la patience...




Jonathan Gagnon, qui fait également partie de l'équipe des FIVE KINGS du Théâtre de Poche (qui je l’espère ardemment viendra faire un tour dans la Capitale un de ces quatre), a définitivement conquis la salle avec son truculent roi Édouard et son licheux de crucifix d'abbé de Westminster ;-). Investi de toutes parts par le fantôme mort-vivant de Shakespeare, il nous a à nouveau fait don de son immense savoir être...




Éloi Cousineau, hallucinants Caliban et Horatio, une * tête * que je ne suis pas prête d’oublier ;-), il a déclenché moult fous rires tant par ses mimiques et ses contorsions que par son JEU d’ensemble AVEC LES MOTS...





Érika Gagnon, en reine Goneril ou en soldat et autres rôles, naviguait en terrain de guerre connu puisque elle campait au printemps 2015, sous la même gouverne de Marie-Josée Bastien, une Lady Macbeth des plus sublimes, émouvantes et machiavéliques...




Quant à Alexandrine Warren, une autre habituée des pièces du grand Will, elle a fait de sa Leavinia défigurée aux mains coupées une martyre particulièrement drôle, avec sa langue arrachée qui...continue de parler. En compagnie de ses deux autres compagnes sorcières, Catherine Ruel et Geneviève Bélisle, elle a exécuté avec brio les multiples tâches des divers rôles exigés pour cette histoire suintante, sanglante et baveuse…;-) 




Merci à vous, comédiens et comédiennes, qui avez conquis admirablement ces scènes de guerre et de paix qui habitent le Théâtre de LA BORDÉE depuis 40 ans. En passant, bienvenue à M. Michel Nadeau qui comme l’a fait M. Jacques Leblanc pendant les 12 ans qu’il l’a dirigé, apportera son lot de surprenantes histoires d’ici et d’ailleurs. En espérant que le thé et le sang des majestés coule encore à flots pour longtemps dans la plume de messieurs Boudreault et Legault...Et un tonitruant bravo à ceux et celles qui ont imaginé ce décor pratico-pratique qui s'alliait parfaitement au ton humoristique de l'histoire. 









Et parce qu'on aime tous et toutes Shakespeare, voici quelques extraits de mes impressions sur les spectacles auxquels j’ai assisté mettant en vedette les mots de l'auteur anglais (avec accompagnement musical shakespearien en prime, pour passer le temps à lire mes délires)...





En attendant la mort…le poison errant de leurs amours suspendus dans le temps…et de la neige…enchanteresse...pour les flancs en sang et saupoudrer la tête et les épaules des comédiens qui jouèrent pendant trois heures dans cette brise d’antan, haleine fraîche d’un vieux printemps…

ROMÉO ET JULIETTE
Alexandrine Warren en Juliette

***

Pour retourner vivre quelques deux heures quarante à l’époque des ducs et des comtesses, avec leurs maîtres et valets à bord de la scène…pour partager leurs farces et attrapes…pour voir (ou revoir) et subir leurs grandes et petites manigances…pour étancher la soif des mots qui donnent à boire à toutes ces histoires faites de scènes de choix qui ne vieillissent pas…pour retrouver les mots d’un certain temps qui n’en n’auront probablement jamais fini avec l’histoire de ce grand théâtre qu’a écrit William Shakespeare…ces histoires qui n’en finiront jamais de faire réfléchir et émouvoir le Spectateur, autant le Jeune que le Vieux…pour s’imprégner de la douce folie des grandeurs qui habite encore les esprits-châteaux de cette Angleterre qui ma foi n’a pas réellement changé…pour perpétuer l’œuvre d’un créateur encore si actuel…pour se sécher au soleil d’aujourd’hui…

LA NUIT DES ROIS OU CE QUE VOUS VOUDREZ

  ***

Au sein de leur Écosse en guerre
Au bord de nos larmes en gouffre
À des années-lumière de la Terre
L’odeur sanglante de leurs frimes
Esbroufes et autres bluffs

Le cœur sur la main
La tête sur la pique
La fin n’est pas encore pour demain
La mort dépendra encore pour le fric

MACBETH
Érika Gagnon en Lady Macbeth


 ***

La bave qui sort des bouches pleines de rage, ou d’amour, les coups de langues sur le visage des traîtres, les doigts brûlants qui prennent les peaux froides, les yeux croches qui touchent les âmes pures, la Louve Capitoline ressuscitée pour un soir à Québec, ici, entre les sofas, les projecteurs et le son tonitruant des tambours battants des jeunes musiciens…

TRAGÉDIES ROMAINES
CORIOLAN, JULES CÉSAR, ANTOINE ET CLÉOPÂTRE

***

En ce soir du 18 avril 2013, autour de cette histoire de vengeance qui n’en finira jamais de nous en apprendre sur le comportement humain, nous nous sommes retrouvés * entre amis *, comme si c’étair hier. Traduite dans la langue de Jean-Marc Dalpé, Shakespeare vit encore parmi nous, ici-bas, autour des décombres et dépouilles, dans les ronces et les pierres. Il est toujours aussi captivant et sait comment se faire aimer après plus de 400 ans…

HAMLET
Alexandrine Warren en Ophélie

***

Ne devrions-nous pas nous prosterner devant ce fantôme géant que Shakespeare a dessiné pour la postérité ? Certainement, car après toutes ces années de révolutions ratées, rien n’a vraiment changé, il y a encore autant de tricheries, de malhonnêteté et de harcèlement dans nos sociétés soi-disant évoluées. Il y aura toujours quelque chose de pourri au royaume de ces gros roitelets. Un divorce à l’amiable entre eux et nous pourrait peut-être créer un nid-de-poule gigantesque dans leur budget du mois, soit 1% de moins à dépenser en guenilles et bijoux (mais jamais jamais au grand jamais en œuvres d’art…)

LE MONDE SERA MEILLEUR

***

La mort d’un roi nous rappelle qu’elles furent aux pieds de l’amour, qu’elles firent la fête, qu’elles moururent sans véritable couronnement. Leurs enfants leur ayant survécus, elles revinrent ici, sur la rue Lavigueur, pour nous révéler le secret de leurs tombeaux. Le temps leur a bien arrangé cette chose qu’on appelle éternité...

LES REINES
Dans la tour Martello

***

…ni les chants d’oiseaux de nuit blottis entre le bruit du moteur d’une grosse moto et celui cascadant de la chute Kabir-Kouba; ni l’eau de la mer qui montait inlassablement sur le rivage de l’île; ni les peaux de la trappe qui recouvraient celle des danseurs et danseuses wendats; ni la trahison, ni l’amour, ni la réconciliation; ni le grand départ de l’embarcation des conquérants; ni le sentiment étrange d’être à nouveau en train de recommencer à vivre là notre histoire d’il y a plus de 400 ans; ni celui qui animait ce soir-là les cœurs et la raison de certains d’entre nous, d’eux et de vous…

LA TEMPÊTE
Jouée en plein air à Wendake

***

L’humanité qui éternue tousse toussote,
Lave ses petites mains,
Astique ses menottes enduites du purell
Des plus sains que sains;
Qui assouplit ses langues molles,
Qui durcit ses dagues sales.
Langues molles qui mordent les bagues du vol,
Langues de bois qui lèchent celles du Vassal;
L’humanité qui scrute via le blanc mort de ses yeux glauques,
L’humanité qui colmate ses peines dans les craques aveugles de ses aveux,
Qui recoud le voile de ses tentures déchirées,
Qui décape ses portes d’armoires ébréchées,
Qui graffigne les miroirs de ses parquets cirés,
Qui desserre les cordons malusés de sa bourse,
Qui danse en transe sur le son des vieux records…

MACBETT
Celui de Ionesco

***

HAMLET, encore une fois, comme l’ultime revenant de Shakespeare. Lui qui passera toujours à travers le Temps, au-delà des hommes et de leurs tourments. Lui qui revient enrober de son essence l’esprit du Père via le Fils. Et boire au sein de la Mère…

Je sais que tout ne me reviendra pas, et je le reconnais, car je ne le veux pas. Laisser retomber la fine poussière entre les spectres, ne pas abandonner la vie au détriment du coma. Il n’en fallait pas plus pour que les fantômes de cette opération réussissent à agiter à nouveau l’Émoi et y reconnaissent la fragilité de son état.

RECONNAISSANCE
Exploration de l’univers d’Hamlet

***

Gemme rouges, vifs éclats
Noms anciens de ces grenats;
Rouge cœur de leur stérile célibat;
ESCARBOUCLES de toutes ces envies,
Quand L’HEURE se pare de faux rubis

Les couronnes des royautés d’autrefois,
N’ont depuis ces temps-là que peu terni,
Car de par leur vif-argent de ces dernières
Dont l’on peut extraire pour quelques öres,
De cet allié fluide qu’est le brillant or,
Quelques tiares recyclées pour les néo-rois d’ici

ELSENEUR
Le Hamlet de Robert Lepage


N.B.: Pour lire les textes au complet, n'avez qu'à taper SHAKESPEARE dans la petite fenêtre Blogger en haut à gauche...





ROYAL PINE
Marc Nerbonne 
2010
60 x 60 encaustique 
et technique mixte sur panneau

TIMBERLINE
1989
1500 Royal Pine car air fresheners paint
Cobalt blue pastel pigment
Installation: 10 X 8 X 15 feet
Barbara McCarren


Parce que William Shakespeare sent toujours aussi bon et qu'il sera toujours celui par qui la mort vient et le vent va...parce qu’on ne cessera jamais de lui creuser non pas sa tombe mais un nouveau berceau...parce que nous serons toujours de service pour témoigner de son éternité…

elquidam

Et Line était de service ce soir à LA BORDÉE, toujours aussi accueillante et souriante.




SOL LATINO 
Photos: L.Langlois
6 octobre 2016

Pendant que le soleil brillait de tous ses feux sur la Basse-Ville de Québec, en Floride, un ouragan de force 4 menaçait de déranger passablement le paysage de nos voisins. Jeudi, 6 octobre 2016, le mercure est monté jusqu’à 21 degrés, on se croyait presque…en Floride. Avons donc profité de cet autre bel après-midi d’automne pour se balader dans les quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur...


Avec François G., proprio de DÉJÀ VU, meubles anciens à qui il redonne une seconde vie; CAMILLA SINENSIS, ROCK’N LIVRES, LE LIEU, avec Patrick D., qui nous a conseillé le SOL LATINO sur Saint-Vallier O., IMAGIN’HAIR, avec Bianca V., coiffeuse-propriétaire, une ancienne voisine avec qui nous avons parlé de famille, frère pour elle fils pour moi. 17 heures, le Sol Latino nous ouvrait sa porte. Bianca connaît le proprio, c’est à quelques pas de son salon. Endroit très sympathique, familial. Le menu est simple mais savoureux, et surtout peu dispendieux. Et ce soir, par exception, nous avons bu du vin, du rouge. La chaleur du Mexique, émigrée à Québec en cette superbe fin journée, aura permis encore une fois de s’être sentis bel et bien en vie malgré toutes les sortes de tempêtes que l'on peut traverser...



Photos du spectacle: La Bordée


THÉÂTRE DES VENTRES BLEUS


http://saintluc.over-blog.com/article-26196844.html






5 commentaires:

  1. via facebook le 16 octobre 2016:

    Merci Louise pour ton super mot! :) (Petite coquille dans ton texte, c'est l'Abbé de Westminster qui se délecte de son crucifix et non Canterbury hihihi). Pour ce qui est de Five Kings, on travaille fort pour venir le présenter
    ...à Québec très prochaine! :) Merci encore. :)

    Jonathan Gagnon

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  2. Merci pour la coquille, je viens de rectifier le tir. En ai profité pour ajouter un bravo à l'équipe des décors. Gros oubli de ma part. Merci pour ton merci. Tellement hâte de voir FIVE KINGS...s'il le faut, on va mettre des crucifix sur la corde à linge ;-)

    Louise

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  3. via facebook le 23 octobre 2016

    Wow merci bcp!! Ca c'est très gentil. Merci pour les bons mots ET merci du partage de l'article !! Au plaisir et merci de nous suivre.
    Cordialement
    Emmanuel

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  4. via hotmail le 25 octobre 2016:

    Félicitations Louise pour ton beau texte sur Gloucester! Propos toujours intéressant et bien rédigé! Du beau travail! Merci pour ton commentaire!

    Bonne soirée!

    Line Sirois

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