mardi 16 mai 2017

L’AVARE: ce trésor public qu’est Maître Jacques





Riche et chiche, 
ça rime en crimes !

L.L.


Une autre pièce de Molière;

Encore une fois de la lumière;

Mais que ferions-nous sans lui ?

Où voyagerions-nous, l'Ami ?


L.L.






On aime dépenser notre temps semi-précieux avec des étrangers, des gens rares et très curieux; dépenser sans compter ce qu’il nous en coûte pour y arrimer pendant quelques deux heures nos oreilles à nos yeux, nos sourires à nos soupirs, y faisant débattre les ailes de nos cœurs. Mais quelle incomparable et réjouissante carrière que celle d’être Spectateur !

elquidam



Écu d’argent ou louis d’argent,
de Louis XIII le Juste, 1642


L’AVARE, de Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, une pièce qui vaut son pesant d’or, un texte savoureux qui ne prendra jamais aucune ride. Habilement mise en scène par Bertrand Alain, un connaisseur en la matière, cet autre joyau de la littérature française nous aura à nouveau permis d’être imprégnés à fond de cette langue si "riche" et pas chiche pour deux sous. Voir l'extrait:



Maître Jacques Leblanc

Dans le rôle d’Harpagon, un Jacques Leblanc dans une forme des plus splendides, comme on aime le voir maîtriser cette scène qu’il domine avec tout l’art de son savoir-faire. Entouré d’une redoutable distribution, composée en majorité par l’excellente relève de Québec et de deux accoutumés des auteurs classiques, il a de nouveau semé, à même l’âme du grand créateur, une nouvelle portion d’éternité dans nos têtes toujours aussi assujetties à son talent illimité.


Nicolas Létourneau


André Robillard 
Chantal Dupuis

Paul Fruteau de Laclos
Mary-Lee Picknell

David Bouchard
Frédérique Bradet


Guillaume Pelletier


Réjean Vallée


Jocelyn Paré

Nicolas Létourneau, l’impayable cocher/cuisinier MAÎTRE JACQUES, aussi fringant que succulent, qui fait parfois bouillir " LA MARMITE " à highAndré Robillard, l’« indémodable » CLÉANTE, impeccable, intense et ravissant, comme toujours; Mary-Lee Picknell, la pétulante et intelligente ÉLISE, qui s’épanouit de pièce en pièce; Chantal Dupuis, la désirable MARIANE, toujours aussi parfaite et à sa place; Paul Fruteau de Laclos, le responsable VALÈRE, qui ajoute à son arc une nouvelle corde; Réjean Vallée, le touchant gentilhomme ANSELME, le pragmatique MAÎTRE SIMON et l’époustouflante grognonne DAME CLAUDE, qui ne cesse jamais de nous surprendre, ardent dans tous rôles qu'il tient et si bienveillant avec ses plus jeunes camarades; 

Aumônière 
bourse en cuir Louis XIV
(pas à vendre)

Frédérique Bradet, hallucinante, prépondérante et intrigante FROSINE, toujours à la hauteur, absolument délirante et jamais décevante; David Bouchard, le tourbillonnant LA FLÈCHE, ingénieux valet de nuit comme de jour de Cléante, support précieux au dénouement de l’intrigue, qui nous a une fois de plus cette année comblés de son irréversible génie; Guillaume Pelletier, clinquant LA MERLUCHE et cliquetant CLERC, qui faisait autant rire à regarder à ne rien dire que lorsqu'il ouvrait la bouche, un rôle peut-être moins verbal mais tout aussi résonnant que les autres;



Plaute
inspirateur de Molière et 
Shakespeare, entre autres


et finalement, Jocelyn Paré, désopilant BRINDAVOINE, laquais pas trop piqué des « verres », et COMMISSAIRE à ces heurts, qui avait d’ailleurs assisté Jacques Leblanc à la mise en scène des FOURBERIES DE SCAPIN à l’hiver 2015, ainsi que dans ARLEQUIN, SERVITEUR DE DEUX MAÎTRES de Goldoni, de même qu’Alexandre Fecteau dans LA DATE, et que j’avais adoré avec son accaparent Bruno, barman dans l'inoubliable TROIS NUITS AVEC MADOX, et dont je viens de découvrir la sublime participation dans LA DIVINE STRATÉGIE, court-métrage de Martin Forget et Eliot Laprise. Primé à Québec (PRIX DU PUBLIC) et en Suisse (PRIX FAREL) c’est l’histoire très originale sur le marketing des églises vides. Je vous laisse vous régaler de ce petit chef-d’œuvre tourné à Québec au bas de la page...*



Photos du spectacle: 
Nicola-Frank Vachon






L’AVARE, qui clôturait cette excellente saison 2016-17 de LA Bordée, la dernière de Jacques Leblanc en tant que directeur artistique, fera un plaisant relais cet été au LUCRÈCE BORGIA de Victor Hugo. LA COMÉDIE FRANÇAISE, qui n'est pas venu en nos murs depuis 9 ans, sera en tournée et fera donc escale à Montréal pour dix soirs à compter du 25 juillet. Ce spectacle est présenté dans le cadre des Fêtes du 375e de la fondation de la Métropole. Les billets seront mis en vente à la fin du mois de mai.

Infos:





Ils ont le cœur en tiroir-caisse
Et le sourire en porte-monnaie.
Recomptent leurs billets et leurs pièces,

Et leurs avoirs et leurs livrets.

Ils ont des rêves de calculettes,

Et des pensées bien calculées.

Et Harpagon et sa cassette

Peuvent bien aller se rhabiller.




Une maison qui n’a pas que des colombages, la maison de Molière








* LA DIVINE STRATÉGIE



http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts/cinema/201604/27/01-4975680-place-au-court-la-divine-strategie.php




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