jeudi 2 septembre 2010

Le Doute





Le doute, ce tord-boyaux de l'Écrivain en rupture de son écriture. Ça te donne envie d'une très longue brosse, comme ce qui m'arrive après la quatrième épiphanie de LA GRANDE TRIBU que je viens de terminer, dans cette abjection qu'est la déliquescence quand on a trop travaillé et qu'on sait toujours pas ce que ça donne au fond. C'est terminé mais la machine en soi tourne quand même à vide, désâmée mais encore plus meurtrière qu'avant. C'est que le morceau enfin lâché on voudrait le retenir quand même, pour la part de soi qui s'est défaite dedans à force de solitude et qui est sans partage possible. Alors, ce goût et ce dégoût d'être contre les autres, sans doute seulement pour sauvegarder ce qui reste encore de soi-même --- désir affreux que de vouloir toujours être quelqu'un d'autre, n'importe quoi, ne serait-ce que le rien de ce n'importe quoi-là du moment que ça ne serait plus soi. Mais dormir enfin puisque le sommeil est une persévérance --- ce mot très long, comme toute nuit, et qui fait parfois de grandes choses parce que, peut-être, se contente-t-il de rêver simplement à lui-même, de lui-même et pour lui-même.


Victor-Lévy Beaulieu
Le carnet de l'écrivain Faust
Éditions Trois-Pistoles
p.85

***


Aujourd'hui, 2 septembre, c'est l'anniversaire de l'Écrivain. Il a maintenant 65 ans faits. C'est également l'âge de la capitulation des Japonais. Il est déjà minuit. Peut-être devrions-nous aller nous coucher, on sait jamais on pourrait peut-être rêver d'un jour nouveau...



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