dimanche 17 avril 2016

FENDRE LES LACS : se faire remarquable




« On ne s’afflige point d’avoir beaucoup d’enfants,
Quand ils sont tous beaux, bien faits et bien grands,
Et d’un extérieur qui brille;
Mais si l’un d’eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille;
Quelquefois cependant c’est ce petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille. »

Le Petit Poucet
Charles Perrault
Moralité de l’histoire
(wikipedia)



Photo: Théâtre Périscope



Cris émiettés/étouffements
Bas mouillés à plein temps
Réunion dans l’isolement
Gel des cœurs/fonte des sentiments
Parents et Enfants
Filles et Garçons
Les oies de Louise
Les loups de Thomas
Le pilier d’Adèle
L’angoisse d’Emma
Le retour de Martin
Le départ d’Élie
Le chant des mal-aimés

FENDRE LES LACS

Le feu sauvage des jours gris
Sur les lèvres en sang de l’amour





Steve Gagnon, donne ici un texte brut, sauvage, constellé d'une flopée d’émotions graves. À travers la légèreté de l’être humain, qui pèse lourd dans la balance de ses sentiments, le sang, l’eau, la sève, la salive, la mémoire, l’eau de javel, le feu, le tronc, la souche, la famille, les proches, les couples, les voisins, tout le paysage rejaillit des entrailles de l’âme des bêtes, les grosses comme les petites…





LES COMÉDIENS

Pierre-Luc Brillant: Martin
Véronique Côté: Emma
Marie-Josée Bastien: Adèle
Karine Gonthier-Hyndman: Élie
Frédéric Lemay: Léon
Claudiane Ruelland: Louise
Guillaume Perreault: Thomas
Renaud Lacelle-Bourdon: Christian




Ils sont tous aussi intenses les uns que les autres, remarquablement concentrés sur le texte de l’auteur qui, en aucun temps, ne leur a fait manquer de gaz durant ces quelques 120 minutes qui ont passé comme du beurre dans poêle. J'ai bien apprécié cette « coalition Québec-Montréal » et particulièrement le jeu absolument renversant de Frédéric Lemay avec son Léon tellement attachant, et que dire de celui de Karine Gonthier-Hyndman avec son Élie assoiffée de liberté et criante de vérité ? Qu'ils ont été admirablement bien dirigés par Steve Gagnon, le jeune maître d'oeuvre de ce chapitre important de notre dramaturgie. Véronique Côté et Claudiane Ruelland, sensibles et rebelles comme on aime les voir, s'éclatent en mille morceaux, sèment de la beauté partout dans cette foire d'empoignements. Marie-Josée Bastien, les soutient du mieux qu'elle peut avec toute la force qu'on lui connaît, c'est une femme dans toute la splendeur du mot. Guillaume Perreault, un peu à part, avec ses loups qui lui mangent les bras, et le cœur, conquiert la scène avec sa solitude d'inquiétant. Pierre-Luc Brillant, solide comme un roc, rassurant, et surtout aussi convaincant qu'il l'est au petit comme au grand écran, tout simplement éblouissant. Renaud Lacelle-Bourdon, touchant, désemparé, toujours entre deux chaises, complétait adroitement cette tribu tissée serrée slack. Le THÉÂTRE JÉSUS, SHAKESPEARE ET CAROLINE nous a encore une fois offert une excellente « pièce de résistance », un repas complet contenant toutes les vitamines nécessaires au bon fonctionnement de l'évolution théâtrale, un plat qui ne se mangera jamais froid...





le lac des signes de piastres
la puissance des langues déliées
le bruit des moteurs de recherche
la fureur de vivre de la classe moyenne
la danse morbide des canardés
le cru des viandes non salées
les yeux secs les bas humides

du pain perdu

et des miettes
pour les petits poucets
aux forêts remplies de bien-aimées

des cravates de chasse
des bottes à torrents
des racines au vent

et des sacs de chips 
et du Kraft dinner
pour tous les affamés 
du sel de la terre


Photo: L.Langlois



FENDRE LES LACS


TEXTE ET MISE EN SCÈNE: Steve Gagnon
ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE
ET DIRECTION DE PRODUCTION: Adèle Saint-Amand
RÉGIE: Amélie Bergeron
DÉCOR: Marie-Renée Bourget Harvey
En collaboration avec Maude Audet
COSTUMES: Jennifer Tremblay
ÉCLAIRAGES: Martin Sirois
MUSIQUE: Uberko
CONSEILLERS À LA DRAMATURGIE: Chantal Poirier, Jean-Michel Girouard et Mélissa Verreault
PRODUCTION: Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline
Photos du spectacle: Daphné Caron






Dans le hall du PÉRISCOPE, la rencontre avec Edwige, qui faisait office de préposée à l'accueil ce soir. Aussi aimable et enthousiaste qu’à l’accoutumée, c’est toujours un réel plaisir de converser avec elle. Notre sujet du soir: le S’AIMER, précieux témoignage, fragment poétique, de Thomas Gionet-Lavigne, dont l’ombre artistique ne plane pas souvent sur le néon des réseaux sociaux. Edwige était d’ailleurs la directrice de cette production du HARENG ROUGE. Elle devait lui faire parvenir mes impressions, et si c’est fait, et bien merci.




À la veille de nous annoncer son départ du PÉRISCOPE, dont nous ignorions l’absolue nouvelle, eu le temps de piquer une jasette avec un Frédéric Dubois tellement radieux que son euphorique sourire aurait dû me mettre une micro puce dans mon oreille cassée ;-). C’est qu'il s’en va à Montréal diriger la section française de l’École Nationale de Théâtre du Canada, une nouvelle excitante pour cet amant de la scène.


Photo: Stéphane Bourgeois



Heureusement, ses FONDS DE TIROIRS ne déménagent pas, ce n’est donc seulement qu’un au revoir. En espérant dans un avenir plus que rapproché que nous verrons l'épique FIVE KINGS à Québec. Une pièce qui sera bientôt présentée à compter de cette semaine au Théâtre de Poche, dans la Bruxelles attaquée, terrorisée puis assiégée, mais qui défile encore aujourd’hui même contre la terreur et la haine…





Et puisque c’était soir de première, il y avait un bon nombre d’amis venus saluer Steve Gagnon et sa troupe. Nous l’avons d’ailleurs aperçu rapidement juste avant que la pièce ne débute et parmi ce public d’avertis, Jean-Denis Beaudoin, qui a écrit ceci sur sa page facebook:

« Courez voir Fendre le lac (sic) de mon ami Steve Gagnon et de sa grande équipe. Son texte est si fort, il nous rentre dedans comme un train. Les acteurs sont fabuleusement investis, la musique est parfaite (comme toujours Uberko) et la scéno est incroyable. Bravo Steve, c’est énorme le travail que t’as fait, énorme ! »


Photo: Nicola-Frank Vachon


Mais comment ne pas faire de comparaison avec son fantastique et inoubliable MES ENFANTS N’ONT PAS PEUR DU NOIR  * ? Probablement à cause du conte Hansel et Gretel, qui l’avait inspiré, et sûrement parce qu’imbibé de ce même parfum de « boisé » que porte Steve Gagnon, et c’est là, je crois, la force vitale de ces deux coureurs de mots écorcés...Steve et Jean-Denis, qui n’en auront jamais fini avec les langues de bois de ce monde indéfiniment à refaire. Et en attendant janvier prochain...


FUCK YOU


Et même si nous habitons sur des terres mille fois volées, mille fois calcinées, mille fois négligées, il y aura une fin aux feux de forêt et j’appelle à ce que nous poussions encore plus nombreux et plus forts sur notre territoire, comme les bleuets, comme les épinettes.

Steve Gagnon
FUCK YOU
ATTENTAT




 Photo: Annik MH de Carufel





 Lac du Brûlé à Mémère Charette
Photo: L.Langlois



Le lac-bassin, les arbres, les pompes à eau, l’éclairage, avec tout le reste des accessoires, se sont faits planter solide dans cet autre décor illuminé par la toujours aussi innovante Marie-Renée Bourget Harvey.

FENDRE LES LACS, conte pour adulte, comme ceux que nous prépare le prochain CARREFOUR INTERNATIONAL DE QUÉBEC avec CENDRILLON, PEEPSHOW et compagnie.







Pour feuilleter le livre






4 commentaires:

  1. via facebook le 18 avril 2016:

    Bonjour Louise
    Merci beaucoup pour votre mot
    Je vais suivre votre blog!
    😊
    Karine

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  2. via facebook le 20 avril 2016:

    Merci!

    Renaud Lacelle-Bourdon

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  3. via facebook le 27 novembre 2016:

    C'était tombé dans mes messages filtrés 😞
    Merci beaucoup du message 😊
    Heureusement, j'avais déjà eu la chance de lire sur votre blogue vos écrits sur Fendre les lacs. C'est toujours un énorme plaisir de vous lire et de découvrir comment vous recevez les spectacles!

    Au plaisir! Claudiane

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  4. Merci. En attendant le 3ème volet du tryptique de Steve, voici un autre texte sur SAINT-AGAPIT, 1920, un autre de vos si intenses prestations.
    Louise.
    http://envapements.blogspot.ca/2016/10/saint-agapit-1920-ombres-et-lumieres.html

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