dimanche 13 novembre 2016

ENVIES : le plus vieux métier du monde (pour tisser les liens de la chair)



Photo: L.Langlois
3 novembre 2016


Dans le Limoilou de Safia Nolin, au restaurant La Salsa, une affiche d’ENVIES, et en face, au deuxième étage d’un bar qui vient encore de changer de nom, trois jeunes femmes accueillantes, vêtues court et libre, de quoi faire rougir certains et en exciter d’autres. Avec toutes les positions possibles des regards échangés sur leurs corps en santé, des envies de leur parler de…théâtre, le leur, celui de L’ESCARPÉSamantha Clavet, l’auteure de ce texte inspiré d’une histoire vécue, a ficelé avec succès la chair à l’âme pour éclairer, de nuit comme de jour, le public intéressé qui s’était déplacé au QUARTIER DE LUNE...


Photo: L.Langlois

L’accompagnait Marie-Noëlle Grenon, directrice de production de ce superbe show qui nous en mis plein la vue, le cœur, la tête, et le reste…et le reste…Pour rester dans le ton, disons que Patric Saucier, le metteur en scène, a mis le paquet sur les allers-retours des nuits black & blue de Stacey/Catherine, prostituée en titre, championne de l'improviste...



Se promenant de la salle au stage, Samantha soutenait celle-ci en lui offrant des vêtements, des perruques, des drinks...et des clients, potentiellement payants ;-) cueillis au hasard dans le parterre. Moments qui ont d’ailleurs fait rire à plusieurs occasions les spect-acteurs (trices)... 


La scénographie orchestrée par Dominique Giguère, investie du décor naturel du bar en briques récemment acquis par un groupe d’investisseurs, dont Éric Lapointe et Milan Borovnica font partie, a largement fait profiter l’histoire de Stacey, certains accessoires, perruques et costumes en ont d'ailleurs fait foi...Il faut voir et surtout écouter la bande-annonce:



Catherine Simard, lauréate du prix Nicky-Roy en 2015 (jeune talent prometteur), a indéniablement cassé la baraque avec son talent gros comme une maison…close (souvent open). Frivole ou grave, libre ou angoissée, souple d’esprit autant que de son corps, c’est avec la grâce parfaite de la garce qu’elle nous a rendu dans ses grosseurs ce texte truffé de mots sucrés-salés/sacrés-salauds, des mots qui collaient parfaitement à sa peau de greffée d’extases tatouée d’aversions. Resplendissante à la fin de la représentation, nous n'avons pas manqué A. et moi de la féliciter et trois fois plutôt qu'une. Elle sera à l'affiche ce printemps au Théâtre de la Bordée dans le très attendu À TOI, POUR TOUJOURS, TA MARIE-LOU de Michel Tremblay. J'imagine déjà l'intensité avec laquelle elle prendra son rôle...au sérieux...  



Et comme l’écrivait si bien le cher et toujours aussi prolifique Victor-Lévy Beaulieu dans la page 57 de LA JUMENT DE LA NUIT :

On ne revient pas de derrière le miroir, pensa encore Abel. On y projette son corps, le verre casse et on reste pris dedans, blessé et ensanglanté, démuni aussi bien de passé que d'avenir.



Photo: L.Langlois

Mon écho lui répondit:

Des mots qui vont et viennent à travers toutes sortes d’orifices, issues des mots d’outrance, des mots qui ont particulièrement été tachés de toutes sortes de liquides : de l’encre au sang, du fiel au sperme, de l’alcool au lait, celui de la Louve fondatrice de Rome…

Je verrais bien Catherine interpréter le rôle de BEAUTÉ FÉROCE, l’une de ses pièces qui n’a, à ma connaissance, jamais été reprise par un metteur en scène d’ici. Le cru et le salé du verbe d’ENVIES m’a d’ailleurs fait penser à certains passages lubriques de l’auteur des Trois-Pistoles...  



Pour toutes les Stacey/Catherine/Alice de ce monde

Sur la face cachée du Quartier de Lune,
les heures passent à travers le temps
prêt            pas prêt    à se faire enfiler

Sur le plus vieux métier du monde,
la chair se faufile sous le corps lisse de la fée étoilée

Entre les coups de gueule de ses clients mal baisés
et ses doigts agiles sur leurs torses bombés,
amants et fous fins d’un soir défilent à la queue leu leu
sur sa jeunesse de PIMPante échevelée 

Il l’a font s’enfoncer au fond d’un bon matelas
ou s'asseoir sur le siège arrière d’un char volé,
ou encore, la mettront à mort sur un grabat sans drap

elquidam
14 novembre 2016


Samantha Clavet et Catherine Simard

ENVIES

TEXTE: Samantha Clavet
MISE EN SCÈNE: Patric Saucier
SCÉNOGRAPHIE: Dominique Giguère
ARRANGEMENTS ET COACHING VOCAL: Christiane Jean
CHORÉGRAPHIE: Jelena Djukic
CONSEILLÈRE ESTHÉTIQUE: Anissa Zabala
DIRECTRICE DE PRODUCTION: Marie-Noëlle Grenon
INTERPRÉTATION: Catherine Simard et Samantha Clavet
PHOTOS DU SPECTACLE: Cath Langlois

***

Parce que la touchante finale du côté sombre de la prostitution donne à réfléchir, une chanson de Joni Mitchell, que j’ai découvert hier soir. Ça raconte une histoire vécue, celle de THE MAGDALENE LAUNDRIES...



Détails sur le projet de Joni Mitchell:






Y’a des âmes en pleurs qui peuplent des placards remplis de vide, des femmes en fleurs qui jamais ne sortent, des femmes qui chantent très tard le soir dans des bars miteux de la main, des bras de quinqua qui ballottent au vent de la sécheresse, des rides au creux de leurs amours perdus, des brouhahas qui se terrent dans leurs têtes à claques, des viols lents au bout de leur langue percée de baisers sulfureux, des risques d’aimer dans le métier de femme immense et typée, des maquillages outrageusement ordonnés qui fondent des familles éparpillées, des ticket de bus achetés puis déchirés, des larmes au fond de regards bienheureux, des chansons d’effet mère, des prières de pacotille…et des adieux…

L.Langlois
Extraits de CHARME



Madame Thérèse
devant sa GRANDE HERMINE
Photo: Journal de Québec



Interview Samantha Clavet



Mon cœur se brise 

Comme un jouet cheap 

Fait en Afrique 

Par des Chinois


Christian Girard
3 novembre 2016
(facebook)


EVERYBODY HURTS





Fouet’ menottes
 Cache-museaux
J’ai des godemichets
Pis des tas de dildos
T’as pas l’air ben ben sûr
De qu’est-ce t’as...
ENVIE


















3 commentaires:

  1. via facebook le 14 novembre 2016:

    Merci beaucoup de partager ça avec moi.

    Samantha Clavet

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  2. via facebook le 15 novembre 2016:

    Chère Louise :) Merci infiniment pour ces beaux mots qui viennent du coeur. Ça me touche énormément. J'aime beaucoup ce que vous faites. Et j'espère sincèrement que nous aurons la chance de se recroiser bientôt. Ce fut une très belle rencontre. Ça m'a remplie de bonheur. On se recroise à Marie-Lou. ;) Et merci d'être là pour la relève, de nous suivre, de nous aimer. Je ne veux pas parler pour les autres, mais je peux vous dire que pour moi, c'est précieux. Bye bye et merci. Xx :)

    Catherine Simard

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  3. Merci Catherine pour vos mots aimables, c'est mon salaire ;-) Il faut bien laisser quelques traces de nos passages dans ces salles qui nous rendent dépendants de votre art, et des uns les autres. Et ça se poursuit mardi soir chez Premier Acte avec PARFOIS LA NUIT JE RIS TOUT SEUL. Bien hâte de voir cet autre cadeau surprise.! Louise xx

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