samedi 21 avril 2018

EXTRAS ET ORDINAIRES : 5- tout ce qui a des rayures dessus (2X)




Comme il est doux à travers les brumes de voir naître l’étoile.

Dédé Fortin



LA LISTE

On & Off
Here & Now
Un chien malade qui meurt dans vos bras.
Un lapin centenaire qui à jamais vous manquera.
Et des millions de livres qui sentent si bon.
Et surtout, surtout, beaucoup de crème glacée.
Et un bon spaghetti, des vinyles et de l’amour.

elquidam


Jonathan Gagnon, est l’un de ces êtres humains qui à chaque fois que vous le rencontrez vous procure de ce sentiment bouleversant qui vous fait penser que vous êtes entrés dans ce petit bois dormant, celui qui vous apporte la sécurité malgré le fait qu’il pourrait bien s’y cacher un gros méchant loup. Parce que tout comme lui et ces autres, vous aurez géré tant bien que mal, et en majeure partie du temps, les hauts et les bas qui vous donnent soif autant de vertiges que de félicité. Il est venu comme il est...


Le THÉÂTRE DE PASSAGE de Jonathan Gagnon et Maryse Lapierre nous donne de cette chaleur humaine dont nous aurons toujours besoin, surtout en ces temps de guerre frisquette où l’horloge de l’apocalypse 2018 est aiguillée à moins 2, à peu près à la même heure qu'en 1957, l'année qui m'a vue naître. On s'améliore pas tellement en vieillissant. ;-) 


La scène, disposée comme une agora, nous a immédiatement déposés dans le bain chaud des ondes de la voix humaine. Solo exécuté avec toute la sensibilité qu’exigeait ce moment intime, jouer, pour et avec le public, devient ici un art qui n’est pas à la portée de tout le monde, et en ce soir de première du 10 avril 2018, on peut sans aucun doute officialiser que Jonathan Gagnon a conquis le parterre enchanté de PREMIER ACTE


La réception d’EXTRAS ET ORDINAIRES en fût une championne. Faut voir son attachante intensité se transformer en une lumineuse énergie qui « contamine » ceux et celles qui la contractent en même temps que lui. Et cette danse, qui vous donne presque envie d’aller le rejoindre sur la piste…Tiens, juste pour le fun...


Comme un croissant de soleil inondant nos cœurs et nos têtes réunis dans le noir éclairé de cette boîte magique qu’est la sympathique salle de PREMIER ACTE, l’histoire du britannique Duncan MacMillan, superbement traduite par Joëlle Bond, a fait fusionner l’humour, la mort et l’amour avec la Vie, cette forme invisible et forte qui nous tiendra encore dans ces bras pour longtemps. L’auteur, qui nous avait touchés avec DES ARBRES (LUNGS) l’automne dernier, en est un qui a le don de faire chavirer les situations, de les rendre le plus près de la réalité...


Qui n’a jamais eu de pensées suicidaires n’est probablement pas né sur cette planète. On connaît tous au moins une personne qui a fini par s’expédier manu militari hors d’elle. Malgré la peine que ces morts nous affligent sur le coup, on sait pertinemment qu’on finira par oublier…avec le temps…tout s’évanouit. Étant donné que dans la nuit du 2 au 3 mai, elle a tendu sa main vers un tube de barbituriques et en ait avalé une dose mortelle, je trouvais de circonstance d'inclure la version de Dalida d'AVEC LE TEMPS. Sorry Line. ;-) 


J’ai bien sûr eu une pensée pour les deux cœurs torturés de Francine et Marcel qui, comme la maman de Jonathan (le personnage) ont eux aussi, un jour sans fin où le crépuscule pesait très lourd sur leurs âmes, bouché le tuyau d’extases. On se demande s'ils savaient tout le mal qu'ils nous causeraient en posant leur geste fatal. L'enfant de 7 ans qui a vécu les tentatives de suicide répétées d'une mère dépressive, vivant difficilement ses hauts et ses bas, s'oubliant presque, est-il libéré lui aussi de ses angoisses lorsque celle qui l'a mis au monde le quitte définitivement alors qu'il est devenu un adulte ? Avec le temps, va tout s'en va....

Photo: L.Langlois

Mais de croiser dans l'assistance le sourire de l’éternelle jeunesse de Roland Lepage a de quoi faire espérer que the best is yet to come pour les amateurs de théâtre que nous sommes devenus A. et moi au fil de ces années. On souhaite, tout comme lui, pouvoir se promener dans les différentes salles de spectacle encore aussi souvent et aussi longtemps que la santé nous le permettra...

Pour Jonathan
(You're the man)

Dresser la liste des ingrédients manquants pour la recette du bonheur.
Entrer dans le bal des deuils des mamans épuisées de vivre.
Tomber sur les nerfs à vif de tant de vies.
Exaspérer les fantômes de son malheur.
Passer à travers la vitre des pleurs glacés de la mort.
Écouter de la musique pour vivre mieux et oublier…

L’enfance qui vous fait parfois si mal.
L’adolescence qui finit par s’en foutre.
Dans le cœur des enfants de Polnareff,
Il y aura toujours de ces Je suis fou de vous

elquidam




EXTRAS ET ORDINAIRES

PRODUCTION : THÉÂTRE DE PASSAGE
TEXTE : DUNCAN MACMILLAN
TRADUCTION : JOËLLE BOND
MISE EN SCÈNE : MARYSE LAPIERRE
ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE, SCÉNOGRAPHIE ET RÉGIE : GABRIELLE ARSENAULT
CONCEPTION DES ÉCLAIRAGES: KEVIN DUBOIS
GRAPHISME : ÉMILIE LAPIERRE-PINTAL
COACH MUSICAL : PATRICK OUELLET
PHOTO DE L’AFFICHE : STÉPHANE BOURGEOIS
VIDÉO PROMOTIONNELLE : LOUP-WILLIAM THÉBERGE
DISTRIBUTION : JONATHAN GAGNON
PHOTOS DU SPECTACLE: CATH LANGLOIS

Une autre belle critique du DEVOIR:




DES LISTES, POUR PASSER LE TEMPS, 
POUR PRENDRE SES MESURES...
MES LIVRES, MES VINYLES
LES PIÈCES QUE J'AI VUES,
LES POÈMES QUE J'AI ÉCRITS
ET MON ÉPICERIE.


Photo: L.Langlois

ANECDOTE

Comme pour le chien de Jonathan, comme si je voulais conjurer le sort que mon Tit-Boule ne mourrait pas encore, j'ai acheté le plus gros sac de moulée + le plus gros emballage de litière. Et comme on ne donne ni ne jette immédiatement aux rebuts les choses personnelles de nos défunts, les garder encore quelques temps, comme s'ils étaient encore là, avec nous...


 .

Et pour la fin, 
une chanson d'Ella
pour Alex et Jonathan, 
un homme heureux.





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