mercredi 20 novembre 2019

DÉVORÉ(S) : du ben drôle de beau bon monde (lait)

Conception de la superbe affiche 
Marie-Renée Bourget Harvey

Ce serait mieux s’il n’avait rien. Comme il y a plus de douleur que de plaisir sur terre, toute satisfaction n’est que transitoire, créant de nouveaux désirs et de nouvelles détresses et l’agonie de l’animal dévoré est plus grande que le plaisir du dévoreur.

Schopenhauer
(in le programme)

A la montée du lait commence l'amour maternel.    

André Gide  
Journal: 1889-1939 (édition 1960)     

La Laitière (De melkmeid)
Johannes Vermeer
1658
huile sur toile
45,5 × 41 cm
Collection Rijksmuseum
Amsterdam


Un oiseau blanc de malheur
L’instinct-fusil pour le tueur
Et les masqués de la terreur
Les vomissures à 100 à l’heure

Des broches dans les clennedaques
Un chien mort dans la marmite
Un trou noir dans le mur
Une balle en plein cœur

Des enfants qui n’ont pas peur ?
Ça dépend de leurs mères parfois…

elquidam



Coyote aux alentours de la maison
Photo: Pierre Charette

Victor Hugo
encre

ALL LOUP WIND
30-10-10
elquidam


Six jours après l’Hallowe’en, c’était encore l’Hallowe’en. Et quelle Hallowe’en ! Jamais l’horreur n’a été aussi ensorcelante qu’en ce soir du 5 novembre 2019. Jean-Denis Beaudoin et Jocelyn Pelletier, les maîtres de cette cérémonie comico-macabre nous en ont mis plein les yeux et… la nappe ! On l’attendait ce DÉVORÉ(S) depuis un bon moment déjà, la pièce ayant été annulée lors de la saison 2017-2018 en raison du retard des travaux au PÉRISCOPE. Je savais qu’avec Jocelyn Pelletier à la barre de la mise en scène que nous serions bientôt envahis par une sorte de frénésie dont je me souviendrais longtemps. Nous étions prêts A. et moi depuis la Nuit des Temps...

L'auteur et comédien Jean-Denis Beaudoin
Photo: Radio-Canada



Dans un splendide décor mortifère, la musique, assez dramatique merci, régnait en ces lieux funestes, elle n’en finissait plus de rendre les lieux non moins lugubres. Les savants éclairages de Jean-François Labbé, virtuose incontestable de la lumière des scènes de Québec, complétaient cette scénographie des plus effroyables. Tel un peintre qui sait comment faire ressortir toutes les nuances d’un tableau, il a révélé les sentiments plus ou moins glauques qui habitent LA BÊTE NOIRE. Il a su rendre au texte de Jean-Denis Beaudoin toute la ferveur de ses petites et grandes noirceurs.


Pour nous mettre dans l’ambiance « ménagère » de cette famille plus ou moins décryptable, quoi de mieux que de s’être installés avec eux dans le Grand Salon du PÉRISCOPE ? Munis de nos télécommandes fantômes et vraiment prêts à tout voir pour que notre famille préférée remporte les 5 millions de beaux dollars. Pour se faire, fallait qu’elle travaille dur, la famille. Qu’elle n’ait pas peur de délier sa langue ou de faire claquer ses mandibules afin d’y dévorer vivants une partie de son inconscient.


Une mère aux longs cheveux mauves, qui en mène assez large dans cette fragile valse de jeunes vampires. Elle a un fils qui file un bien mauvais coton, 100 % hanté par l’esprit de la Cabane. Ils sont entourés d’une gentille fille à la robe rutilante, amie du fils, et de trois autres « joueurs » à l’allure plus ou moins louche. Parmi ces trois, deux amis du fils et le laitier du quartier qui s’avérera l’amant qui délivre le Mal et le Lait, celui qui coule dans les veines noires de sa Destinée. On a peur, on rit jaune, le son de la télé est au boutte. On regarde ça comme si c’était une vraie télé-réalité et on se dit qu’on n’est peut-être pas mieux que ceux-là qui regardent ce genre d’émissions le dimanche soir, des genres de reprogrammés qui se font dégénérer par des petits chaperons rouges et des gars à effet de serres…

Pour Jean-Denis qui s'inspire 
de l'oeuvre de David Lynch

Bravo à TOUTE la distribution spontanée : Lise Castonguay et Hugues Frenette, formidables comme à leur habitude, avec jamais un fil du rasoir qui dépasse de leurs prestations; Jean-Denis Beaudoin, intense et inquiétant comme à chaque fois, Ariane Bellavance-Fafard, étincelante et éloquente dans sa superbe robe rouge, et Dayne Simard, aussi convaincant que dans FROID et LA FILLE QUI S’PROMENAIT AVEC UNE HACHE. Le dernier et non le moindre, Mathieu Richard, que nous ne connaissions pas A. et moi mais que nous avons beaucoup apprécié. C’est lui qui amorçait la pièce, tout seul en avant, collé sur la première rangée de spectateurs qui eux n’ont pas manqué de réagir à quelques-uns des «  éclaboussants » effets spéciaux  ! ;-)



On trouve aussi le mot klondyke que l’on prononce « clennedaque » dans la région montréalaise. Pour cette dernière appellation, Michel Lambert, fondateur du site Cuisine patrimoniale du Québec et auteur de la collection Histoire de la cuisine familiale du Québec, affirme que ce mot vient de la francisation Klondike, cette région du Yukon qui connut entre 1896 et 1899 une ruée vers l'or. La couleur de la tire Sainte-Catherine rappelant celle des pépites d'or trouvées à l'époque. Selon le réseau de diffusion des Archives du Québec, « Au 19e siècle, cette journée de festivités faisait place aux pièces de théâtre montées par les élèves qui jouaient souvent le martyre de sainte Catherine. Ensuite prenaient place les jeux organisés, les chansons et les mascarades. [...] des témoignages laissent croire qu'ils y voyaient une belle source de motivation pour maintenir la discipline jusqu'à cette journée tant attendue où l'école appartient aux écoliers ».




gone are the days of the world we used to know

how many times did we try to save tomorrow

but the tides are a changin' love

spaces that held us once drift away

and all that we have lost

sinks into the past and decays

so i run, but every road is broken

circling around an empty world

i'm stuck inside of my emotions

say goodbye to the world we know

tides pull me out into the open waves

and i won't surrender, love

into the deeper waters and away

don't be afraid, it's never too late

sinking like lonely souls, to the bottom of the ocean

drifting home

you said for all we know, it's already set in motion

as the tides pull me from the shore

deeper into the unknown, i let go

and all…




DÉVORÉ(S)

Compagnie  La Bête noire
Texte et idée originale  Jean-Denis Beaudoin
Mise en scène Jocelyn Pelletier
Assistance à la mise en scène Shanya Lachance Pruneau
Distribution Jean-Denis Beaudoin, Ariane Bellavance-Fafard, Lise Castonguay, Hugues Frenette, Mathieu Richard, Dayne Simard
Décor et lumière Jean-François Labbé
Conception vidéo Keven Dubois
Conception musicale et sonore Christophe Dubé
Concepteur aux effets spéciaux Guillaume Perreault
Costumes et accessoires Virginie Leclerc
Direction artistique Jean-Denis Beaudoin
Direction technique Shanya Lachance Pruneau
Photos du spectacle Maxime Paré-Fortin




MÉDIAS





Mobilier de cabane
Rue Saint-Joseph Est
Photos: L.Langlois
3 octobre 2019



How could I ever think 
it's funny how?


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