dimanche 17 novembre 2019

LE MIEL EST PLUS DOUX QUE LE SANG : en plein cœur du Majestueux


« Il faut que les poètes d’aujourd’hui méprisent le sentimentalisme. L’art nouveau doit exprimer l’essence et l’esprit de l’ère nouvelle dans laquelle nous sommes : les machines, la dynamo, les voitures rapides, les aéroplanes, les transatlantiques, le télégraphe, la photographie, la radio, les patinoires, le ragtime et le foxtrot, ça c’est notre époque. » -

Lolita

LE MIEL EST PLUS DOUX QUE LE SANG
Salvador Dali
1927


DALI LORCA BUNUEL dans le Madrid des années folles. Comme un parfum de jeunesse éternelle. Comme un coup de poing sur la gueule ou un coup de pied dans le cul. Comme un air de déjà entendu. LE MIEL EST PLUS DOUX QUE LE SANG pour se "déparfaire" de toutes ces toiles que l'Art a engendré. DALI LORCA BUNUEL, trois jeunes révolutionnaires dans le grand lit de la Poésie.


LE MIEL EST PLUS DOUX QUE LE SANG, une pièce écrite par Simone Chartrand et Philippe Soldevila, mise en scène par ce dernier, manquait à ma collection des grandes soirées inoubliables. DALI LORCA BUNUEL, sans oublier LOLITA, PAQUITA et VICTOR, projetés dans la lumière dorée de leurs fantômes, sont venus déposer quelques gerbes d'espoir dans nos petites têtes émerveillées par une partie de leur symbolique liberté. C'est au théâtre PÉRISCOPE qu'ils ont décidé de venir s'installer pour quelques semaines de vacances...C'était le 18 septembre 2019...




Photo: L.Langlois
18 septembre 2019

Merci d'ailleurs à la dynamique et si accueillante équipe de Marie-Hélène Gendreau d'avoir remis à l'affiche cette œuvre indémodable du Théâtre Sortie de Secours, théâtre qui fête d'ailleurs cette année ses 30 ans d'existence. Merci à Philippe Soldevila d’avoir mis au monde cette fabuleuse histoire qui se déroule à Madrid mais qui n’en aura jamais vraiment fini avec sa survivance, celle d’une Catalogne encore aux prises avec ses divisions politiques, un peu comme nous en connaissons ici au Québec.L'Espagne, avec sa Catalogne, cette contrée millénaire que nous irons bientôt visiter A. et moi. Pour ma part, j’aurai enfin la chance de marcher dans les pas de mes spectres préférés : Dali et Miro sans oublier un certain Pablo…qui ne mesurait que...5'3``;-)...


(released le 19 janvier 2019 !!!)

Well he was only 5'3"
But girls could not resist his stare
Pablo Picasso never got called an asshole
Not in New York

Oh well be not schmuck, be not abnoxious
Be not bellbottom bummer or asshole
Remember the story of Pablo Picasso
He could walk down your street
And girls could not resist his stare
Pablo Picasso was never called an asshole
Alright this is it

John Cale


Maison de Lorca
Grenade

Maison de Dali 
Cadaquès

Maison de Buñuel
Mexique

TAKE THIS WALTZ
Pequeño vals vienés 
Federico Garcia Lorca


« Il y a longtemps, — je devais avoir quinze ans — en farfouillant dans une librairie de ma ville natale de Montréal je suis tombé sur ce vieux livre d’occasion d’un poète espagnol », racontait-il en 1989 lors d’un concert à Austin, Texas. «  Je l’ai ouvert et j’ai lu ces vers : « Par l’arc d’Elvire / Je vais te voir passer / Pour effleurer tes cuisses / et pleurer ». Rafraîchissante émotion… J’ai commencé ma propre quête de ces arcs, de ces cuisses et de ces larmes… Un autre vers : « Le matin m’a lancé des poignées de fourmis au visage. » C’était une idée effrayante ; mais c’était un univers que je comprenais profondément et j’ai commencé à le désirer, à l’explorer, à l’habiter. Et maintenant, bien des années plus tard, c’est un privilège de pouvoir offrir mon minuscule hommage à ce grand poète espagnol dont on a commémoré la mort il y a deux ans. Il a été assassiné par la Garde civile espagnole en 1936. Mon véritable hommage à ce poète fut de baptiser ma fille Lorca ; car il s’agit de Federico Garcia Lorca. »

Leonard Cohen


Dibujo (dessin)
Federico Garcia Lorca


TRADUCTION FRANÇAISE

« A Vienne aujourd’hui se trouvent dix beautés
Un arbre où les colombes affrontent leur trépas
Une longue antichambre avec neuf cent croisées
Une épaule sur laquelle la mort s’apitoie ;
Un lambeau d’aube pend dans un musée glacé
Prends cette valse aux dents qui ne desserrent pas
Je te veux, je te veux, avec moi ne fais qu’une
Sur cette banquette où gît un livre d’au-delà
Dans des draps humides de la sueur de la lune
Dans une grotte, à la canopée des lilas
Dans un cri plein de traces de pas sur les dunes
Prends cette valse, sa taille cambrée sous tes doigts
Dans une mansarde les enfants jouent et rient
Je m’y m’allongerai bientôt auprès de toi
Dans la brume légère d’une fin d’après-midi
En rêvant à des lustres de cristal hongrois
Je verrai ton chagrin, tes bouquets, tes brebis
Prends cette valse et ses « Je ne t’oublierai pas »
A Vienne il y a une salle d’opéra
Mille regards passent tes lèvres en revue
Les jeunes gens au bar tout d’un coup se sont tus
En entendant des notes bleues sonner leur glas.
Sur ton portrait une guirlande de larmes nues
Prends cette valse, elle va mourir entre tes bras
Pour danser je mettrai un masque de rivière
Ma bouche tout contre la rosée de tes cuisses
Une jacinthe sauvage à ma boutonnière
J’enfouirai mon âme dans la sphaigne et les lys
Prends cette valse au goût de cognac et de terre
La traîne de sa robe flotte sur l’abysse
Jusques aux lagunes pendues à ton poignet
Dans les flots de ta danse tu m’emporteras
A la crue de ta beauté je sacrifierai
Et mon pauvre petit violon, et ma croix
Prends cette valse, ô mon amour, à tout jamais
Nous n’avons plus rien d’autre à attendre que ça. »
Federico Garcia Lorca
Né le 5 juin 1898
Exécuté sommairement le 


García Lorca nous invite à pénétrer cet état du duende comme on pénétrerait l'âme espagnole. En parlant du duende, García Lorca veut en fait nous « donner une leçon simple sur l’esprit caché de la douloureuse Espagne. » Ou pour mieux dire « l’esprit caché » de l’Andalousie et, par extension, de l’Espagne. Cette « Espagne [qui] est le seul pays où la mort est le spectacle national, où la mort souffle dans de puissants clairons pour l’éclosion des printemps, et [dont] l’art reste toujours régi par ce duende à l’esprit perçant qui lui a donné sa différence et sa qualité d’invention ».

« Tous les arts, et tous les pays de même, peuvent mobiliser le duende, l’ange et la muse, et comme l’Allemagne a une muse, l’Italie a en permanence un ange, l’Espagne de tout temps est animée par le duende. Pays de musique et de danse millénaires au travers desquelles le duende presse des citrons dès l’aube et comme pays de mort. Comme pays ouvert à la mort. »






Je voudrais également féliciter les 6 comédiens/danseurs/musiciens qui ont tenu à bout de bras cette pièce qui demandait beaucoup physiquement. Gabriel Cloutier Tremblay en Federico Garcia Lorca, tout à fait sublime, intense et si élégant dans son bel habit. Les costumes, en passant, étaient tous superbes.Vincent Legault en Salvador Dali, vraiment pas reposant celui-là et tellement drôle, ce timbre de voix profond mixé à une diction parfaitement maîtrisée lui donnera très certainement d'autres rôles aussi exigeants que celui-là. Contente de le voir ainsi progresser depuis sa sortie du Conservatoire. Élie Saint-Cyr en Luis Buñuel, admirable et délirant, désarmant à souhait, géant ! Savina Figueras la belle Lolita, qui révolutionne et actualise la crise pour laquelle les artistes de l'époque sonnaient déjà l'alarme. Karine Parisé en Paquita, avec son flamenco enflammant qui lui donnait des ailes et en même temps, pour nous, tout le plaisir de la voir ainsi danser. Pour compléter cette multi talentueuse distribution, un pianiste, Antoine Breton, qui jouait le bougon Victor, virtuose accompagnateur avec sa touche humoristique qui a beaucoup plu au public attentif du Périscope. Je l'ai revu récemment dans une soirée de congrès au Méga Parc des Galeries de la Capitale avec l'excellent band LILY TEA & TEA FOR 20'S. Tiens, tiens, encore cette BELLE ÉPOQUE !




FLAMENCO 
Karine Parisé
l'Andalouse !



CRITIQUES


DALI et LORCA


FRUITS AMERS
7 JANVIER 2012
L.Langlois aka elquidam

1973
Visages cachés sous la gêne acide.
Le temps des grands adverbes
dissimulés sur les pages jaunies
d'un roman-pinceau.
Tableau d'une
Apocalypse.

L.Langlois

 LE SEUIL DES FROIDURES

lundi 23 novembre 2009



Extrait

Durant les vingt-trois jours que dura la traversée de Casablanca à Buenos Aires, le comte de Grandsailles oublia presque complètement non seulement les épisodes des intrigues et des conspirations dramatiques qu'il venait de vivre, mais jusqu'au fait que la guerre existât. Incapable de distinguer clairement ce qui l'attendait derrière le total brouillard de ses futures activités politiques, et avec cet absolutisme capricieux qui caractérisait la moindre de ses absorptions et de ses abstentions, le comte décida de chasser de sa mémoire tout ce qui pourrait lui causer le plus petit déplaisir, tout en laissant sournoisement une petite brèche ouverte aux représentations du plaisir.

(p.283)

Salvador Dali
« La forza del destino »
in Visages Cachés
Editions Stock, 1973

Dali et Gala 
1945
(The LIFE collection pictures
Getty images)


Dali parrrrrrrrrrlant de son livrrrrrre:







LES HÉRITIERS DE BUNUEL 

Aritz Moreno et Alejandro Amenabar






CRITIQUES



LE MIEL EST PLUS DOUX QUE LE SANG


Compagnie Théâtre Sortie de Secours
Texte Simone Chartrand et Philippe Soldevila 
Mise en scène Philippe Soldevila
Assistance à la mise en scène Edwige Morin
Distribution Gabriel Cloutier Tremblay,  Savina Figueras, Vincent Legault, Karine Parisé,  Élie St-Cyr
Musicien sur scène Antoine Breton
Décor Christian Fontaine d'après un décor original d'Anne Fortin
Lumière Christian Fontaine
Musique Antoine Breton d’après la musique originale de Marc Vallée et Pierre Potvin
Costumes  Marie-Chantale Vaillancourt assistée par Pascale Bassani
Direction artistique Philippe Soldevila
Photos du spectacle Nicola-Frank Vachon



En attendant de voir ça en "live",
on peut toujours le vivre en rêve !








1 commentaire:

  1. Finalement, A. n'est pas venu visiter l'Espagne avec moi. C'est dommage qu'il ait raté ce fabuleux voyage dans le pays de nos trois héros.

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