mercredi 30 novembre 2016

PARFOIS, LA NUIT, JE RIS TOUT SEUL: le frétillant manteau des visions




ARRIVÉS AU BOUT DU MONDE,
ON EST À DEUX PAS DE CHEZ SOI.



LA MUSIQUE ÉTHÉRÉE DE JONI MITCHELL QUI FLOTTE DANS L’AIR. L’INTRO LOUFOQUE AVEC MANTEAUX DE POIL ET LUNETTES SOLEIL. LA BELLE ALBERT BROMSTEIN. LA GESTUELLE DES REGARDS DANS LE TAPIS. LA GUERRE DU FRÈRE SANS BRAS. LA MORT DU PÈRE ET DE LA MÈRE.
LA MORT DU CHIEN PERRUQUE. LE RIRE DE LA DÉTRESSE EN VENTE DANS UN LIVRE DE JEAN-PAUL DUBOIS. DES LAMPES DE CHEVET POUR ABATTRE LES JOURS SANS NOM. LE CAFÉ À 30 SOUS. LE CAFÉ À UNE PIASSE. LE CAFÉ CHER DANS LA CHÈRE CAFETIÈRE. LA PLUS BELLE ROBE POUR ALLER DANSER. LES PLUS BEAUX PANTALONS ROUGES. LE VIEUX DISQUE DUR DE VINYLE DE PAULINE. LA MUSIQUE D'EXIL AU PIANO DE MICHEL-MAXIME. LA PORTE OUVERTE SUR LES OUTILS DE L’ÉTABLI. LE FAUTEUIL CONFORTABLE DE LA MORT DANS LE VIDE DU FUTUR. ET MANO SOLO. ET LEONARD COHEN. 



Touch me with your naked hand 
or touch me with your glove


Une fine pellicule de plastique qui repose sur le plancher attire mon regard, et je vois enfin la mouche. Elle est là, bien grasse, verte, prisonnière. Elle se débat, décolle mais retombe, bourdonne, frotte ses ailes sous la pellicule, cherche à repousser la force invisible qui la plaque au sol. Elle voit la fenêtre, la lumière l’attire, mais elle ne s’explique pas encore ce qui l’empêche de s’envoler. Elle FRÉTILLE, FRÉTILLE.

UNE MOUCHE EN NOVEMBRE
Louis Gagné
Le Quartanier
Page 33

LE MANTEAU DES VISIONS
Photo: L.Langlois



ON AURA PEUR 
QUAND CE SERA VRAIMENT LE TEMPS 
D’AVOIR PEUR

elquidam
1er décembre 2016


Chez PREMIER ACTE, là où c’est toujours une fête de découvertes attractives, il y a toujours une certaine fébrilité qui traîne dans l’air. Les attablés ont faim. Ils attendent qu’on leur serve un autre de ces rassasiants repas littéraires sucrés-salés, doux-amers ou épicés. Jamais insipides. Et ce soir, le festin de mots en était un remixé librement de ceux de Jean-Paul Dubois, écrivain et libertaire. Ils étaient accompagnés de la musique de Mano Solo, chanteur, guitariste, dessinateur, peintre, Artiste.

Photo: Philippe Grollier

Photo: Sébastien Colas

En ce soir d’ondes de tempête, LE THÉÂTRE DE LA MARÉE HAUTE a réussi à faire de la vague dans la Capitale et créer un envoûtement qui a conquis le cœur des passagers montés volontairement à bord de leur galère. 

Marcel Pomerlo
Michel-Maxime Legault 
(et le disque dur de Pauline)

Regard après regard, réplique après réplique, Marcel Pomerlo et Michel-Maxime Legault ont ramé, non pas comme des forçats, mais comme deux habiles danseurs au pas léger et aux bras grands ouverts sur un monde qui ressemble étrangement à celui de la porte d’à côté. Le monde qui rit aux larmes avec des crampes dans les mâchoires et des couteaux dans le ventre. Le monde qui nage seul sur le miroir craqué d’un lac profond d’Amérique. Le monde qui patauge en gang dans le sel des vagues de Varadero, là où la tête oublie pour une semaine ou deux que les cœurs s’acclimatent parfois trop vite à cette courte mais si intense traversée des mots vidés de sens...et de sang…

Elle paraît chargée d’électricité
D’ici sa robe lui tombant jusqu’aux pieds
M’apparaît comme un cerf-volant
FRÉTILLANTdans le soleil de printemps

LES GITANS
Mano Solo


RÉFUGIÉS DE LA ROUTE
avec la basse fretless de 
Jaco Pastorius


La Marine recrutait ses galériens auprès des tribunaux qui condamnaient, dans un premier temps les criminels et, par la suite, les petits délinquants, les faux-sauniers, les contrebandiers, les déserteurs, les mendiants, les vagabonds, les protestants, les révoltés contre les nouveaux impôts…
(WIKIPEDIA)


Mano Solo, Emmanuel Cabut de son vrai nom, est le fils de Jean Cabut, dit Cabu. Morts tous les deux, le premier du S.I.D.A. en 2010, et le second, assassiné dans les bureaux de Charlie Hebdo, là où il créait, avec ses compères abattus eux aussi, des bandes destinées...au destin…parfois si tragique…Mano, chantant sa Lune...




Avec cœur, humour et humilité, Marcel Pomerlo et Michel-Maxime Legault, ont échafaudé une performance exceptionnelle remplie d’effets spéciaux et de surprises auxquels on ne s’attend pas toujours. Alliant la comédie à la tragédie, ils ont laissé planer tout le long de cette aventure littéraire poético-philo-musico, qui n’attendait que nous, spectateurs avides d’étonnement, le bienfait réparateur et dépareillé des petits mystères que l'Art engendre dans ce monde parfois épeurant mais si renversant... 



Merci de nous avoir fait rencontrer ceux qui vous tiennent tant à cœur. Disons que je vais me prescrire quelques Dubois en souvenir de ce moment impérissable passés avec vous deux. Pour ceux et celles qui auraient raté ce premier rendez-vous, sachez qu’ils seront à l’œuvre au Quat’Sous, du 24 avril au 4 mai 2017. 





PARFOIS, LA NUIT, 
JE RIS TOUT SEUL

PRODUCTION: Le Théâtre de la Marée Haute
TEXTE: Jean-Paul Dubois
ADAPTATION ET DRAMATURGIE: Michel-Maxime Legault et Marcel Pomerlo
MISE EN SCÈNE: Michel-Maxime Legault et Marcel Pomerlo
CONCEPTION: Elen Ewing, David-Alexandre Chabot, Danielle Lecourtois et Laurier Rajotte
PHOTOS: Cath Langlois



Décembre 1968, mission Apollo 8.
Crédit : NASA
Quand ma femme m’a quitté, ma vie était finie. Je me suis assis par terre en sortant du tribunal et j’ai vu la Lune se lever. Allez savoir pourquoi, je me suis demandé: à qui elle appartient, cette Lune ?
Jean-Paul Dubois


IL EST TEMPS 
QUE JE CHANGE 
D'EXISTENCE




 Extraits 
Jean-Paul Dubois













2 commentaires:

  1. via facebook le 2 décembre 2016:

    Bonjour Louise,
    Quel beau texte! Merci pour vos magnifiques commentaires. Je suis profondément touché. Au plaisir de retourner dans la vieille capitale pour présenter un autre projet. Nous avons adoré notre rencontre avec le public.
    À très bientôt et merci encore!
    Je vais garder ces mots précieusement.

    Michel-Maxime

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  2. Merci, ravie que ça vous ait plu. Touchée à mon tour.
    Oui, à la prochaine, j'espère bien.
    J'ai envoyé mon commentaire à Marcel à l'instant.
    Louise L.

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