Photo: Natalia Kabanow
Derrière la noire forêt
Je brûle ce feu de mon âme
Dans lequel vacille le souffle des villes
Et le merle de l’angoisse.
A mains nues j’abats ces flammes,
Qui montent au cerveau de l’air
Et qui tremblent en mon nom.
Nuage, mon cœur voyage
Au-dessus des toits
Près des fleuves
Jusqu’à ce que, pluie tardive, je revienne
Au fond de l’automne.
Je brûle ce feu de mon âme
Dans lequel vacille le souffle des villes
Et le merle de l’angoisse.
A mains nues j’abats ces flammes,
Qui montent au cerveau de l’air
Et qui tremblent en mon nom.
Nuage, mon cœur voyage
Au-dessus des toits
Près des fleuves
Jusqu’à ce que, pluie tardive, je revienne
Au fond de l’automne.
SUR LA TERRE COMME EN ENFER
Thomas Bernhard
LA PORTE !
Le monde qui
fume dans une cage de verre
Le monde qui
mange tout ce qu’il y a dans la soupière
Le monde qui rêve de forêts et de rivières
Le monde qui est à bout de souffle
Le monde qui est au bord du gouffre
L’Art qui se
réfugie dans la neige
L’Art qui vaut
ici ses poisons d’or
C’est le
dîner de la faune
C’est la mort
qui rit jaune
C’est le
monde comme une mode passagère
C’est le
monde étêté comme une coupe sélective
C’est notre
monde sans fond et cul par-dessus tête
Notre monde
prisonnier de ses millions d’icônes
Notre monde empoisonné par l'enfer et ses anges
Notre monde
qui dort assassiné dans le cœur de la poussière
Notre monde que
rien ou presque ne dérange
C’est le vin
qui coule à flot dans les gorges nouées serrées
C’est la
table qui s’est mise à nu pour la dernière scène
C’est le
Boléro de Ravel (bis) pour calmer « l’Irritation »
C’est la lumière
au-dessus de nos têtes de Spectateurs
C’est le coin sombre à droite pour la chaise du Narrateur
C’est le bol
de goulache après le cimetière
C’est ici et
là toute la frénésie de l’Auteur
C'est le dédoublement de l’intensité des Acteurs
C'est la gueule de l'Artiste avec son Masque bien en place
C'est sa Mort qui le saisit sans qu'il lui ait fait vraiment face
C'est la gueule de l'Artiste avec son Masque bien en place
C'est sa Mort qui le saisit sans qu'il lui ait fait vraiment face
C’est le
temps d’une cuite un jour de deuil
C’est le
monde dans une huître sans perle
C’est l’interférence
d’un metteur en scène
La tristesse
et la joie dans SON collimateur
Nous nous souviendrons de tous ces gens parmi nous
Nous nous
souviendrons de ce dimanche 28 mai 2017
Bien calés
dans nos sièges de la salle Louis-Fréchette
Nous
attendons que Mrs Auersberge chante du Purcell
Mais en l'attendant...
Mais en l'attendant...
What Power art thou who from below
Hast made me rise unwillingly and slow
From beds of everlasting snow?
See'st thou not how stiff and wondrous old,
Far unfit to bear the bitter cold,
I can scarcely move or draw my breath?
Let me, let me freeze again to death
tels deux
arbres
sous les étoiles,
Joanna Thul
et Nelly Arcan;
leurs langues
abattues,
et depuis peu,
pendues…
Kristian Lupa
DES ARBRES À
ABATTRE (WYCINKA HOLZFÄLLEN) de Thomas Bernhard, adapté et mis en scène par le polonais
Kristian Lupa: un sacré beau pèlerinage au sein d’une machine bien huilée appelée
le Polski Theatre in Wroclaw (Pologne). Cette troupe prestigieuse venue de l’Outre-Atlantique
a transformé la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec en une sorte d’atelier
pour assistants spectateurs, pour la plupart venus s’initier à l’art pur du geste
et de la parole qui se dégage de cette méga production qui ne cesse de faire
parler d’elle à travers le monde. Pour ma part, ce fût un baptême pour le moins
bien arrosé de contemplatif et d’admiratif.
Depuis l’écran
vers la scène, la sensation d’avoir été transportée directement au pays du
deuil de Joanna Thul, admirable Marta Zieba, celui où la Mort lui avait donné abruptement ce
rendez-vous fatal avec Elle. Le cortège d’amis qui veut lui rendre un ultime
hommage nous fait passer par toute une gamme d’émotions, de celles qui touchent
la fibre des extases comme de celles des grandes colères, qui laissent leurs
empreintes sur la peau de nos cafards nauséeux. Parce qu'une vie de moins parmi
nous, c’est une mort de plus de par chez vous. Au retour de la pièce, une drôle de coïncidence: des arbres abattus sur les Plaines....
Les
comédiens du Polski Theatre in Wroclaw, par leur professionnalisme et leur application,
n’ont vraiment pas raté leur embarquement pour le Québec. En espérant que le CARREFOUR
INTERNATIONAL DE THÉÂTRE DE QUÉBEC les programme à nouveau dans un avenir
rapproché.
(en mémoire d'Ekdal)
« Si vous retirez le mensonge de la vie de personnes
ordinaires, vous leur retirez en même temps le bonheur ».
LE CANARD SAUVAGE
Henryk Ibsen
Résumé
Forêt, forêt de haute
futaie, des arbres à abattre : tel est le cri du cœur (et le cri de guerre) que
ne peut s'empêcher de pousser le comédien du Burgtheater au cours du dîner
artistique donné en son honneur, à l'issue de la première du Canard sauvage, par
les époux Auersberger, représentants on ne peut plus typiques de cette société
artistique viennoise que l'auteur-narrateur abhorre et avec laquelle il se
flatte d'avoir rompu une bonne fois pour toutes quelque trente ans auparavant.
Forêt, forêt de haute futaie, des arbres à abattre : parole emblématique
opposant à une réalité monstrueusement tangible de l'artifice social le rêve
d'un état naturel révolu (et peut-être à réinventer), mais aussi formule
magique susceptible de calmer la formidable irritation qui gagne le narrateur
au contact renouvelé de cette épouvantable société artistique viennoise qu'il
s'était juré de fuir à jamais et à laquelle il est bien forcé de constater
qu'il n'a pas cessé d'appartenir.
Quand vous
écrivez, vous avez le choix d’exprimer des choses personnelles sur le ton de la
colère et de l’agressivité, rendant ainsi votre lecteur un peu plus dégoûté.
Vous pouvez aussi, dans l’espace d’un article, non pas donner dans un optimisme
facile de curé, mais trouver une manière de cerner une situation, fictive ou
réelle, qui renouvelle le courage. Ce qu’on appelle l’espoir. Pour nous, c’est
le but dans tout acte de théâtre.
Peter Brooke
Toute
victoire est une défaite
LE DEVOIR,
18 mars 2017
Sepp Dreissinger, 1966
Thomas Bernhard
Obernathal, Austria
Everyone, he went on, speaks a language he does not unserstand, but which now and then is understood by others. That is enough to permit one to exist and at least to be misunderstood.
Thomas Bernhard
Le roman Des arbres à abattre (1984) est immédiatement confisqué à
la suite d'une plainte en diffamation du compositeur Gerhard Lampersberg qui se
reconnaît dans un des personnages principaux. Une fois l'interdiction levée,
Bernhard riposte en demandant que ses œuvres soient retirées des librairies
autrichiennes. La plainte est retirée en 1985.
Photo: L.Langlois
DES ARBRES À ABATTRE
Texte: Thomas
Bernhard
Adaptation, mise en scène, scénographie, lumière: Krystian Lupa
Basé sur la traduction de: Monika Muskala
Costumes: Piotr Skiba
Arrangements musicaux: Bogumil Misala
Vidéo: Karol Rakowski et Lukasz TwarkowskiTraduction française et adaptation du surtitrage: Agnieszka Zgieb
Production: Teatr Polski/Wroclaw
Interprètes: Bozena Baranowska, Jan Frycz, Anna Ilczuk, Michal Opalinski, Marcin Pempus, Halina Rasiakówna, Piotr Skiba, Ewa Skibinska, Adam Szczyszczaj, Andrzej Szeremeta,
Wojciech Ziemianski, Marta Zieba, Jadwiga Zieminska
Adaptation, mise en scène, scénographie, lumière: Krystian Lupa
Basé sur la traduction de: Monika Muskala
Costumes: Piotr Skiba
Arrangements musicaux: Bogumil Misala
Vidéo: Karol Rakowski et Lukasz TwarkowskiTraduction française et adaptation du surtitrage: Agnieszka Zgieb
Production: Teatr Polski/Wroclaw
Interprètes: Bozena Baranowska, Jan Frycz, Anna Ilczuk, Michal Opalinski, Marcin Pempus, Halina Rasiakówna, Piotr Skiba, Ewa Skibinska, Adam Szczyszczaj, Andrzej Szeremeta,
Wojciech Ziemianski, Marta Zieba, Jadwiga Zieminska
Montage photo: L.Langlois
Des cercueils de la nuit /
Des cercueils de la nuit /
monte la lune enragée /
qui tire le linceul de l’hiver /
sur les pâles
épaules /
des tristes prairies et
des ruisseaux malades ».
Thomas Bernhard
Sur la terre comme en enfer
BONNE FÊTE
M.
HÉBERT
En ce soir mémorable du 28 mai
2017, le Grand Théâtre de Québec offrait un programme double aux amateurs de
théâtre soit DES ARBRES À ABATTRE, de 15 à 20 heures dans la salle
Louis-Fréchette puis l’HOMMAGE À PAUL HÉBERT, à 20 :15 heures dans la
salle Octave-Crémazie. Une soirée qui se terminait tout en beauté avec tous ces bons
mots à l’endroit de l’un de nos plus grands hommes de théâtre.
Anne-Marie
Olivier, Roland Lepage, Mari Tifo, Marie-Thérèse Fortin, Benoit Gouin, Dorothée
Berryman, Yves Jacques, Jean Provencher, Régis Labeaume, Geneviève Albert,
Danielle Drolet, et plusieurs autres qui l'ont connu ont rendu un vibrant hommage à cet homme
qui aura marqué son époque...et la nôtre...
Marie-Ginette Guay
Yves Jacques
Parce que ça prendra toujours un
BOLÉRO pour se replacer les idées !
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