vendredi 14 janvier 2011

De la neige bleue pour Modi

Jean Hébuterne assise
 1918

« Ton devoir réel est de sauver ton rêve »

Modigliani



Raymond *
Monte Carlo, collection particulière


Alice *
Copenhague, Statens Museum for Kunst



MONTPARNASSE 19, Jacques Becker, France, 1957. C'est Gérard Philipe qui interprète Modigliani alors que le rôle de Jeanne Hébuterne est tenu par Anouk Aimée. Le film devait initialement être réalisé par Max Ophuls, mais celui-ci mourut d'une crise cardiaque et fut remplacé par Becker.




MODIGLIANI, Mick Davis, 2004. Film librement inspiré de la vie du peintre. Modigliani est interprété par Andy Garcia et Elsa Zylberstein joue Jeanne Hébuterne.

Amedeo Modigliani étant l'un de mes peintres préférés, c'est donc avec grand plaisir que j'ai regardé le film de Mick Davies. La musique fait partie du scénario, il y a de belles envolées, elles collent bien aux images. La scène finale en est une tout à fait démente: on peut y voir à l'oeuvre les six peintres en compétition lors d'un concours à Paris; ils sont Chaïm Soutine, Diego Rivera, Moïse Kisling, Maurice Utrillo et Pablo Picasso, le rival d'Amedeo. Autant de talents réunis...Sans oublier Jeanne Hébuterne, la muse éternelle, qui s'est suicidée quelques jours suivant le décès de son amant. 1920, Montparnasse, la Ruche, une époque folle, avec les Cocteau, Radiguet, Satie, Jacob, Gris, Cendrars...une vraie vie de salon et il n'y avait pas de télévision...




PEINTRE DU SOUCI

Il m'imprégnait de ses pensées vermillion, me donnant enfin le goût de le connaître. Il avait aussi mal de son destin incertain que moi qui en appréhendais déjà le mien. Tout comme dans les beaux grands livres, sur ces toiles des images d'incandescence; et qu'elles soient ensuite ficelées ou lacérées, ou bien encore oubliées sur le papier usagé, elles noyèrent quand même de son franc bleu les idées que son coeur teintait de camaïeu. Dans les rues de son quartier, à Montparnasse, où s'y promenaient des mécènes et des garces, il partageait les souffrances de son mal de vivre avec quelques anges gardiens qui le consolaient. Dépouillé de ses sombres couleurs, dénudé de son ombre en transes, il s'évada dans des jours dit-on meilleurs. Emprisonné dans une chambre sans lumière, il y laissa bien tard pénétrer celle d'un réverbère, afin que puissent y foisonner les tons de sang chaud, éclatant de ses veines qui carburaient au gros rouge. Modi, prince de l'Art-tériel, des visages oblongs et des peintres maudits, je t'offre ces mots de sel, et te dédie aussi ceux du gel, et te nomme peintre du souci. De ta main fatiguée, qui tremble et bouge, qui m'a fait voir un peu ce que doit être le ciel, et de la mienne qui vibre désormais dans la tienne, j'y entoilerai dorénavant les couleurs de la Géhenne. Merci, Amedeo Modigliani.

L.Langlois
199?


...monde intérieur
Le coeur humain avec
ses 17 mouvements
dans l'esprit
Et le vaetvient de la
passion

Blaise Cendrars (sur Modi)

« On a dit que la révolution n'avait pas besoin de l'art mais que l'art avait besoin de la révolution. Ce n'est pas exact. Oui, la révolution a besoin d'un art révolutionnaire. L'art n'est pas pour le révolutionnaire ce qu'il était pour le romantique. Ce n'est ni un stimulant ni un excitant. Ce n'est pas une liqueur pour s'enivrer. C'est l'aliment qui donne des forces au système nerveux. Il donne des forces pour la lutte. C'est un aliment comme peut l'être le blé. »

Diego Rivera


* En avril 1917, Raymond rencontre Alice, une jeune femme, voisine de ses parents à Saint-Maur. Elle vient de se marier avec Gaston, un soldat qui est au front. La liaison de Radiguet (14 ans) avec Alice alors que le mari de celle-ci est soldat dans les tranchées, sont autant d’éléments que l’on retrouvera dans Le Diable au corps. Cette liaison ne durera qu'un an et à partir de 1918, il s’éloignera d'elle peu à peu.



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