vendredi 5 août 2011

LE ROSSIGNOL ET AUTRES FABLES: chant de nuit pour Oiseaux de feu


Les Muses
Alfred Laliberté
(1878-1953)

L'Éloquence, la Musique, l'Architecture, la Sculpture, la Peinture, la Poésie lyrique
(à l'ouest de la patinoire du Carré d'Youville, Québec)

Photo: L.L.




Quand deux ou trois personnes s'assemblent, ce n'est pas pour autant qu'elles sont déjà ensemble. Elles sont comme des marionnettes dont les fils sont en différentes mains. Sitôt qu'une main les manipule tous, il leur survient une communauté qui les fait s'incliner ou se sauter dessus. Et les forces de l'être humain, elles aussi, sont là où vont finir ses fils dans une main souveraine qui les tient.

Rainer Maria Rilke
Notes sur la mélodie des choses XI
(traduit de l'allemand par Bernard Pautrat)
Éditions Allia





Les diamants naturels sont composés de carbone qui se trouvait dans le manteau depuis la formation de la Terre, mais certains sont constitués de carbone provenant d'organismes, tels que des algues. C'est ce que révèle la composition isotopique du carbone. Ce carbone organique a été enfoui jusqu'au manteau terrestre par le mouvement des plaques tectoniques, dans les zones de subduction. (wikipedia)  


Ma vie est un beau conte de fées.
Hans Christian Andersen



 
"Tsing-pe !"


(The Franks write: " Probably nonsense, but Dal, Nielsen, and Hovmann say that it may be a variation of the Chinese ch’in p’ei, or as you please " .)


***



Lièvres, Renard, Rossignol, Canards,
Grenouilles, Chats, Chiens, Dragons;
Ils y étaient tous...en compagnie de l’Eau…

L’Eau, l’Arbre; la Lune et les Étoiles;
le Soleil, la Vie, la Mort;
et nos plus ou moins humbles compagnies
Empereur, Pêcheur, Cuisinière, Émissaires,
Bonze, Chambellan, Courtisans, Courtisanes,
Chanteuses, Chanteurs, Chœur, Chef, Orchestre,
Musiciens, Musiciennes Techniciens, Techniciennes,
Acrobates, Marionnettes et... Manipulateurs…

L’or, l’argent, les ombres, la lumière; la noirceur…

De Pointe-Lebel à Québec,
en passant par la Chine, la Russie et le Danemark,
un théâtre entier, pour le reste du monde

Tout y était,
même ceux qui n’y étaient pas…


***

L’Opéra, cet art suprême qui renferme et éclate tous les autres: le Chant, la Danse, le Théâtre, la Musique, la Poésie; non, rien de comparable jusqu’à maintenant, rien et puis tout en même temps…Parce qu’encore une fois, Robert Lepage et ses prestigieux collaborateurs, avec leur incontestable imaginaire, sont venus faire rayonner ici, dans la vieille Capitale, ville natale du célèbre metteur en scène, les mots d’un auteur danois, Hans Christian Andersen, qui comme le metteur en scène affectionnait beaucoup le théâtre, les marionnettes et les pièces de Shakespeare, également les notes versatiles d’un grand compositeur russe, Igor Stravinsky, celui-là même qui composa la musique de cet envoûtant Rossignol

Silhouettes, ombres chinoises dansant agilement derrière l'écran, marionnettes humaines agitées par des chanteurs manipulateurs qui prirent place dans le grand bassin d’eau, LE véritable palace. Une autre spectaculaire scénographie de Carl Fillion, une autre de plus qui restera marquée à jamais dans l’esprit assoiffé de nouveauté du Spectateur…

Avant et après, pour toujours: l'esprit de l'Ouest avec les Shakespeare, Cocteau, Andersen, entremêlé à celui de l'Est avec Eonnagata, La Trilogie des Dragons, Les Sept Branches de la Rivière Ota, Le Dragon Bleu, toutes ces histoires qui s’imbriquent pour former un univers peuplé de voix célestes accouplées à une gestuelle aérienne. L’éclat des couleurs des costumes avec celui des maquillages on ne peut plus parfait aura fait baver nos yeux secs. L’or des voix mêlé à l’argent des gestes, le bleu scintillant de la toile filet, ensemble parfait pour cet art appelé opéra.

Toutes ces émotions firent que nos mains battirent à tout rompre le talent de l'ingénieur et de ses acolytes pendant les quelques quinze minutes que dura l’ovation réservée aux protagonistes collaborateurs du Rossignol et autres fables. Mis à part quelques bâillements de ma voisine de gauche (plus un léger coup de mouchoir), je n’oublierai jamais le grand respect de la salle Louis-Fréchette en ce soir du 3 août 2011, ni non plus la sublime finale avec le Pêcheur, magnifique Adgaras Montvidas, ni le chant enchanteur du Rossignol de la jeune soprano colorature, Julia Novikova, des traces de lumière d'étoiles pour ces voix humaines.

Il nous aurait sûrement fallu une autre paire d’yeux pour tout voir; mon voisin de droite, sympathique monsieur Lafrance venu de la Côte-Nord pour assister et profiter de ce tout premier Festival d’Opéra de Québec, a eu le même commentaire. Il fallait l’avoir entendu me dire combien la finale l’avait ému, tout comme avoir vu l'eau luisante de son regard ébloui par autant de grâce et de beauté. Le but avait été atteint, celui d'émerveiller tous les Spectateurs, les pro comme les néophytes.

Au hasard de notre intéressante conversation, c’est M. Lafrance qui m’appris combien avait été courageux Francis Roberge, le jeune interprète acrobate de LA TEMPÊTE, qui à la suite d’un malencontreux accident sur scène à Wendake, est tout de même revenu jouer le lendemain...avec des béquilles. Le théâtre a de ces histoires qui parfois font frémir et les metteurs en scènes mais également les Spectateurs. Francis a d’ailleurs été l’un des interprètes pour le développement de cet opéra. Christian Michaud, excellent comédien, que j'ai bien hâte de revoir en 2012, en fût un également.

Je reviens sur cette finale poignante dans laquelle le Pêcheur nous chante d’où provient le chant de l'oiseau: à l’avenir, lorsque j’écouterai le chant d’un oiseau, n’importe lequel oiseau, je saurai que cette voix vient du ciel, non pas plus loin. Curieusement, en ce matin du 4 août, date anniversaire de la mort d’Andersen (1875), ce fût celui de la Corneille que j’entendis. Certes son chant n’est pas aussi mélodieux que celui du Rossignol, mais c’est SA voix, celle qui lui a été donnée par la Nature, c'est la sienne seule, et pas celle d’un autre. Au loin, probablement chez l’un de mes voisins de banlieue tranquille, celle de mésanges, moineaux et autres petits oiseaux se fit entendre; le concert unique de cette journée du 4 août 2011 pouvait bel et bien commencer…

Merci à tous ceux et celles qui ont participé de près ou de loin à cette somptueuse soirée OPÉRAémotionnelle, jamais je ne vous oublierai. Merci également à Patrick B. qui un jour de salon du livre m’avait gentiment dédicacé la copie de son " LES HABITS NEUFS DE L’EMPEREUR ", recueil dans lequel le conte du ROSSIGNOL était inclus. Histoire de m’imbiber de ce que je m’apprêtais à voir et entendre quelques jours plus tard, c’est avec grand plaisir que je l’ai relu, et deux fois plutôt qu’une. Pour me souvenir de cette soirée exceptionnelle, et pour en apprendre davantage sur cette nouvelle aventure d'Ex Machina, je me suis procuré le livre LE ROSSIGNOL, RENARD ET AUTRES FABLES, un splendide ouvrage publié en collaboration avec les éditions ALTO. Écrit par Bernard Gilbert, directeur de production chez Ex Machina, le livre contient de nombreuses photos et esquisses. Un must pour la mémoire qui parfois pourrait me faire défaut dans les années à venir…

LE FESTIVAL D’OPÉRA DE QUÉBEC, je l’espère vivement, se doit de revenir annuellement à Québec; je pense que la Cité a besoin de ce genre d’événement pour ajouter une couleur de plus à sa palette culturelle. Ajouté au Carrefour International de Théâtre et plus tard à un futur DIAMANT, fruit des étoiles qui brillera de par les quelques 58 multiples facettes ingénieuses que voudra bien lui sculpter le diamantaire Lepage, les amateurs d’opéra et de théâtre n’en seront que plus comblés.

Metteur en scène: Robert LEPAGE
Chef d’orchestre: Johannes DEBUS

LE ROSSIGNOL

Le Rossignol: Julia NOVIKOKA, soprano
Le Pêcheur: Edgaras MONTVIDAS, ténor
La Cuisinière: Elena SEMENOVA, soprano
L’Empereur de Chine: Ilya BANNIK, basse
Le Chambellan: Nabil SULIMAN, baryton
Le Bonze: Yuri VOROBIEV, basse
La Mort: Svetlana SHILOVA, soprano
Premier émissaire japonais: Adam LUTHER, ténor
Deuxième émissaire japonais: Réal TOUPIN, basse
Troisième émissaire japonais: Vincent A. KARCHE, ténor
Choristes-solistes: Carole CYR, Rachel PELLETIER-TREMBLAY, Keven GEDDES

AUTRES FABLES

Ragtime: OSQ

Trois pièces pour clarinette seule no 1, 2, 3: Stéphane FONTAINE
Clarinette, Pribaoutki: Svetlana SHILOVA, soprano
Berceuses du chat: Svetlana SHILOVA, soprano
Deux poèmes de Constantin Balmont: Elena SEMENOVA, soprano
Quatre chants paysans russes: Choeur de femmes de l'Opéra

RENARD

Adam LUTHER, ténor,
Edgaras MONTVIDAS, ténor,
Nabil SULIMAN, baryton,
Ilya BANNIK, baryton


LE CHOEUR DE L'OPÉRA DE QUÉBEC

L'ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE QUÉBEC

Version originale russe avec surtitres


LE DIAMANT


La beauté de son brillant est due au fait qu'il possède un haut indice de réfraction de la lumière et un grand pouvoir dispersif: en pénétrant, les rayons de lumière sont réfléchis à l'intérieur de la pierre à l'infini et la lumière blanche se disperse, retourne à l'intérieur transformée en un éventail de couleurs. Les diamants (comme les gouttes d'eau) fonctionnent comme des prismes en freinant, plus ou moins en fonction des longueurs d'onde (violette au maximum, rouge au minimum), de façon à ce que les couleurs soient dispersées sous forme d'arc-en-ciel.

(Wikipedia)



 
À la claire fontaine m’en allant promener/J’ai trouvé l’eau si belle que je m’y suis baigné.Sous les feuilles d’un chêne, je me suis fait sécher.Sur la plus haute branche, un rossignol chantait.Chante, rossignol, chante, toi qui as le cœur gai.Tu as le cœur à rire… moi je l’ai à pleurer.J’ai perdu mon amie sans l’avoir mérité/Pour un bouton de rose que je lui refusai…Je voudrais que la rose fût encore au rosier/Et moi et ma maîtresse dans les mêmes amitiés. IL Y A LONGTEMPS QUE T’AIME JAMAIS, JE NE T’OUBLIERAI




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