jeudi 11 août 2011

LES VALEURS REFUGES

Quelques fois il me reste de ces roses-là.
Pour toi.

Photo: L.L.


I heard it in the wind last night
It sounded like applause
Chilly now
End of summer
No more shiny hot nights
It was just the arbutus rustling
And the bumping of the logs
And the moon swept down black water
Like an empty spotlight

Joni Mitchell
FOR THE ROSES





Mon portefeuille est peut-être vide mais ma bourse est pleine
de petits mots cassés en deux:

am our li vre
bé bé ter re
heu re cœ ur  

Il y eut des jours moins roses que des roses épanouies ou que des orages se succédant. Et des averses plus compromises que des vents d’avant. Il y eut aussi un grand calme fait de sable qui ne servait plus qu’à se faire marcher dessus. Et des arbres. Qui étaient plus démunis que leurs fruits. Et des oiseaux. Qui n’avaient pas toujours le goût de chanter (pour chanter). Bref, des années faites de la folie la moins onéreuse qui soit, de celle qui se fait expédier en colis express à des milliers de milles, mais pas toujours prêtes à être développées.

Avant le déluge, après des décennies de royautés, des rois partirent on ne sait trop où. Le danger apparut. Les montres arrivèrent. Les chiens sales se mirent à chialer pour rien. Les roses se cachèrent des auteurs qui se piquaient d'elles depuis la terre grasse de leur fertilité. Un grand prêtre conçut la pilule anticonceptionnelle. Les trains arrivèrent à pleine vapeur. Les hommes crurent mourir devant des peaux de pêches plus ou moins mortes.

Les chattes et les violettes se désagrégèrent. On arrosa les pelouses jaunes. On peintura nos plafonds. On tapissa nos murs. Nous installâmes des miroirs à deux faces. La vie se plastifiait. Les sons provinrent de l’électricité. Puis les grosses automobiles roulèrent à tombeau ouvert, les frigidaires se mirent à ronronner, les gâteaux chimiques à lever et les sillons du labour, désormais faits à la machine, creusèrent les ornières nourrissantes.

En même temps que les meurtres se multiplient au Mexique, on boit, on fume, on fait de ces choses qui ne devraient pas se faire. Ah! l’or des profiteurs. Quand l’odeur de la finance se finance à celle de l’essence et que l’argent a ses pour et ses contre. Contre qui et pour quoi ? Pour lui, pour eux mais pas pour toi. On encourage les courtiers de la guerre des nerfs, ceux-là qui ont le droit au plaisir autant que vous. On augmente et/ou on rapetisse au fur et à mesure. La décadence d’un grand peuple que celle qui erre ici sur terre. Et on a pas fini de se faire descendre dans la rue. Attendez que les jeunes lions, les bras chargés de roses, reviennent pour manger les crétins…

Nos textes ouverts, avec leurs débits de boissons cachés au creux de nos foies malades d’un lendemain de fête nationale, ont peut-être fait du bien à notre conscience mais pas à nos grosses têtes. Nos textes, publiés ou non, nos mots, encombrements majeurs, inutiles et utiles à la fois. Je ou vous me comprenez sans doute là-dessus. On demandera toujours du feu au pyromane. Et de l’eau au pompier. La grande dépression, maladie universelle du XXIe siècle, afflue de partout. C’est du pareil au même, du déjà entendu. Mais la vie continue constamment de nous rappeler qu’elle existe pour mieux japper à la mort.

Un seul petit destin sur sept milliards pour chaque être humain. Et je le désespère. On devrait cesser de se destiner. La société se meurt à petit feu avec ce qu’elle ne possède pas dans ses petites mains de grands manipulateurs. Le super LOL de l'Homme onomatopée ;-), laissez-le vivre tranquillement son CULTE des architectes du Passé, des avocats du Présent et des Médecins du Futur. Le CULTE, pour le Cumulatif de l’Unité Latérale des Textes Équitables. Ne craignez rien, il se sortira tout seul de ce foutu pétrin. Vous vouliez sa liberté ? Alors, donnez-la-lui maintenant et au plus sacrant. Plus d’affaires "d'œil pour œil dent pour dent ". Tôt ou tard, la paix finira bien par s’installer dans la cour de ses miracles. Ce sera la fin de sa mauvaise habitude, celle qui lui fait résonner le spectre ancien d’une belle et grosse grande guerre, celle qui sème sur des pavés désunis le sang des cœurs battants de ses frères incapables d'avenir.

On apprend à travailler pour ne pas respirer l'air vicié de l’autre. On y travaille fort. Mais pas encore assez. Alors, on respire tranquillement une autre sorte d’air. Aussi vicié que l’autre. On voit par en arrière. On pense aux autres fois, celles qui façonnèrent l'après. Avant…avant…avant…avant-hier, pour ne plus jamais prononcer le mot d'après…PLUS JAMAIS.

(Quand les bourses ne savent plus nager, elles plongent !)

Elquidam
1977-2011





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