vendredi 23 octobre 2009

Un serpent sous la neige

Photo Steve Deschênes, Le Soleil




Pour leurrer le monde, ressemble au monde ;
ressemble à l'innocente fleur, mais sois le serpent qu'elle cache.

William Shakespeare
Extrait de Macbeth


Yann Perreau à Québec, à la salle Octave-Crémazie, pour la première fois remplie. Il entre en scène, il est fin seul, presque une effraction, on se demande qu’est-ce qu’il vient faire là. Puis sans convention ni fla-fla, dans son complet 3 pièces cravate, il nous interprète, a capella, l’homme-canon de Richard Desjardins, majestueux ! Il est en "voix" de nous faire parvenir le reste de ses émois, de nous éblouir comme il en a l’habitude, que ce soit dans un petite place de campagne ou bien ici, dans l'espace urbain du Grand Théâtre « à Péloquin »...Il profite de l’occasion pour nous présenter Alex Nevsky, jeune auteur compositeur qui ne se prend pour personne d’autre quand il accouche ses mots sur les envolées de son piano. Et sha-la-la-la…ding-dong, nous sommes conquis. Tout était prêt pour une nouvelle transe du Roi Serpent. Le fanal allumé, arrivé par en arrière, comme un voleur, il déambulait dans l’allée de droite avec ses musiciens acolytes. Nous l’avons vu de près, il souriait.

Un serpent sous les fleurs, comme un sensuel non stop dancing de zigzag latéral, ou encore comme une belle et dynamique danse en ligne droite. Depuis la poésie humide d'un doux regard sensible au trouble naissant d’un égard, Yann Perreau chante et joue contre joue, dense, effeuille ses dessous fous, charmeur, étreint le serpent, et pique pique et colégram. Fanal, réverbère, candélabre, plein de vie pour " l’œil du prince ", la scène, non pas comme une arène de gladiateurs mais comme une aire de jeux pour saltimbanques heureux, une nouvelle voie de lumière pour nos âmes de lierre. Et de la sueur réelle du cou lisse du chanteur entre les mains chaudes d'une spectatrice...médusée.


Même les civils
Ont mis leurs ailes
En escadrille
Jusque chez elle
Même que ma ville
À soir est belle

*** 

À la sortie, le verglas avait verni la sloche des trottoirs, du bruit pour nos bottes. Et la neige, sur les feuilles mortes, et sur celles encore vertes des arbres de la ville, presque plus personne dans les rues pour voir ça, on se serait cru dans un film de science fiction. Il n’était pas tout à fait minuit, et sous le lampadaire de nos coeurs il y avait un IL.


" Oui, Yann, la vie n’est pas toujours cruelle dans le pays d’où tu viens. Et en février prochain, il y aura encore de la neige à Québec et toujours de cette franche lumière...dans ton fanal. »



4 commentaires:

  1. Superbe commentaire sur ce joueur de tours de chant. Non, je ne l'ai pas vu à La Tulipe et j'avais oublié que vous étiez sur le point d'assister à ce show. L'ayant déjà vu à l'œuvre dans des soirées très humbles, je partage tout à fait votre observation : Yann se donne entièrement et prend plaisir à le faire, peu importe l'importance de la scène. Sa posture personnelle - son centre m'a-t-il déjà dit qu'il a trouvé en travaillant avec Pol Pelletier - lui confère une paire d'ailes qui sont à mes yeux assez rares. Merci d'avoir partagé cette soirée.

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  2. Vraiment, depuis jeudi soir dernier, ses chansons ne me quittent pas d’un poil, ce matin, c'est L’AMOUR SE MEURT…

    J’entends l’écho au salon
    Le champ de bataille fume
    Le son des clairons pleure
    La lune cachée
    L’amour se meurt
    C’est la fin de l’amour
    Crucifié de beautés perdues
    L’amour se meurt
    Les vapeurs du passé flottent
    Envahissant le peu qui reste
    Du monde vivant
    De l’impassible monde vivant
    L’amour se meurt
    C’est la fin de l’amour
    Crucifié de beautés perdues
    Le son des clairons pleure
    L’amour se meurt
    J’entends les échos au salon
    Le champ de bataille fume
    Le son des clairons pleure
    La lune cachée
    C’est la fin de l’amour
    Crucifié de beautés perdues
    C’est la fin de l’amour
    Souillé de caresses éteintes
    C’est la mort de l’amour
    Le son des clairons pleure
    La lune cachée
    L’amour se meurt
    Trop écorché

    paroles de Don Luis
    Musique de Yann

    Et la journée ne fait que commencer.

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  3. Oui. Il faut voter pour cette chanson...

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  4. 14:20, c'est encore elle qui me trotte dans la tête...pour le moment.

    Et oui, il faut voter pour cette chanson-là, mais aussi pour l'interprète de l'année (sur le site de Yann). Ce serait bien qu'il remporte pour l'interprète mâle de l'année. ;-)

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