jeudi 28 janvier 2010

HENRI IV: Le Roi dense

Photo: Louise Leblanc



Sometimes love don't feel like it should. 
You make it hurt so good.

John Cougar Mellencamp


Dans la tête du Roi bat le coeur d'un nouveau jeu de rôle. Et nous, Spectateurs, assis depuis quelques minutes à notre poste de surveillance, comme le jeune homme qui jouait debout quelques instants plus tôt au guitar hero....Hurt so good...

Trois petits écrans, un géant, des consoles, une télé-commande. Des pas, des souffles, des costumes, un décor. Des mots, de la musique, de la pénombre, une lampe. Des acteurs, des actrices, un auteur, de la folie, de la grandeur. De la passion, de la raison, de la défiance, de la méfiance. Du tic Ô tac, des rires, du silence. De l'attention, du respect, de la ferveur, du charisme. Du chahut, du barda, de l'efficience, des illusions, du rêve...à la réalité. Du chatoiement du rouge brillant de sa cape à nos rires en-dessous d'elle, l'homme de qui l'on aime bien se moquer, l'homme qui revient vivre en sa mémoire, celui qui a déjà été fou, qui jamais plus ne voudra l'être...

HENRI IV, non ! pas celui de France, l'autre, celui de l'empire germanique, l'anti-papes. HENRI IV, tombé de son cheval, viré fou, qui jouait le jeu, qui s'amusait, qui riait, mimait, aimait, qui bougeait, buvait, s'exaltait.

HENRI IV en Hugues Frenette ou Hugues Frenette en lui-même ? De la haute-voltige, des palpitations pendant une heure quarante, et du dévouement. Oui, car c'en est un que de se donner ainsi. Nous n'en attendions pas moins de lui et encore une fois il nous a " bien servis ". Et au-delà de l'admiration que je porte à ce grand tragi-comédien, l'envoûtement que sa performance suscite depuis la souvenance impérissable d'une autre de ces histoires qui se sera terminée en plein coeur du rouge feu de la solitude.

Bravo à Marie Gignac pour l'audace de cette nouvelle mise en scène absolument tonifiante, son choix de nous montrer sur écran géant les comédiens circulant dans les coulisses de la salle Octave-Crémazie s'est avéré, pour moi en tout cas, une trouvaille des plus audacieuses, elle a permis aux spectateurs un peu voyeurs que nous sommes devenus, en partie à cause de toutes ces technologies qui nous courent après et tout ce qui bouge autour, de nous immiscer dans " l'autre jeu ", celui qui se joue non pas seulement sous vos yeux dans la salle mais dans celui du back store de la scène, là où tout commence...

Autour du Roi et de ses gardes malades, ses fantômes, sublime distribution composée de messieurs Emmanuel Bédard, Christian Michaud, Réjean Vallée, Serge Bonin, Jean Michel Girouard, Lucien Ratio et de mesdames Érika Gagnon et Klervi Thienpont. En lui ses lubies et en nous son esprit...troublant. Et la vie, qui s'échappe par les manches de la bure du bénédictin...Le ravissement de la nouvelle parole à travers les mots de Pirandello. Le coup de couteau dans le ventre de la vanité. Le Roi ne jouait plus. Ses sujets non plus.

Pour ajouter à la beauté baroque de cette soirée divine et sans failles, le sourire contagieux de Marie-Josée Bastien, qui avait été assise à quelques rangées derrière nous. Salutations de circonstance, enjouement de la pièce à laquelle nous venions d'assister plus quelques mots sur SA Reine Margot, pour enfin me décider à lui dire que Le Soleil avait publié mon commentaire sur cette pièce qui m'a éblouie la semaine dernière. Son étonnement de savoir que c'était moi, et le mien de l'entendre me dire qu'elle appréciait plus que tout les " critiques " des spectateurs. Elle aussi avait trouvé que la superbe photo de Marguerite et La Môle qui accompagnait mes mots était splendide....

La semaine prochaine, un tout autre genre de " spectacle": ROUTE, chez Premier Acte, dans la petite salle que j'aime tout autant que la grande...Il est question d'un certain Jack Kerouac et d'un manuscrit d'une pièce inédite qu'il aurait écrite, ça promet.

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