ENVAPEMENTS: HYPO : le prodige des molécules

Hypo : un préfixe qui vient du grec, il signifie « inférieur » ou « en-dessous » et s’oppose au préfixe hyper qui lui signifie « supérieur » ou « au-dessus » comme dans les mots hypotension et hypertension.

(wikipedia)

Partir au bout d’un autre monde que celui qui vous a vu naître pour y mourir comme on l’a convenu. Arriver à un point où le besoin de rejoindre l’autre bout de soi sans que personne ne vous interdise de le faire, juqu’au jour où…

Parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait mais qu’on en a tout de même une idée, vague ou précise. Parce que le geyser sur lequel vous vous asseyez un instant décide de souffler un peu lui aussi et qu’il vous fait plus de peur que de mal. Parce que l’intensité de l’onde de tempête gronde et bouscule quelques-unes de vos molécules les plus sensibles. Parce que le charme intemporel de l’Islande vous fait agripper aux mains salvatrices d’une autre âme en perdition...

Parce que le décor naturel dans lequel baigne cette histoire d’angoisse et de peur irrigue l’essentiel d’un quotidien pas toujours facile à supporter. Parce que la musique de Philip Larouche qui l’envahit apporte le réconfort nécessaire aux souffrances de l’esprit. Parce qu’il en aura fallu du temps pour s’apercevoir que le monde a encore besoin de vos services et compétences comme être humain sur cette planète en folie. Parce que la mise en scène énergique et spacieuse de Maryse Lapierre fait convoler les mots du silence, complices des gestes en feu. Parce que les comédiens sont arrivés ensemble au but principal, celui de nous attacher solide à cet excellent texte, premier-né de ce talentueux photographe de l'âme qu'est Nicola-Frank Vachon. Un texte en tout point lumineux, même dans ses moments les plus sombres. Des mots qui nous ont saisis autant par leur audace que par leur fragilité. Des mots qui rock all...

Mary-Lee Picknell, tout feu tout flamme, divinement vivante, parce qu’elle ne le lâchera pas d’une semelle, ni d’une gamelle, ce mec qui veut partir de l’aut' bord avant de trop souffrir. Elle l’attendait, peut-être pour se sauver elle-même de sa propre tempête. On se dit que la rencontre d’une telle femme vaut vraiment la peine de vivre encore...quelques temps...

Nicola-Frank Vachon, enveloppé par les chapes fiévreuses d’un océan à l’autre, mélancolique à souhait, étreint à bras le corps le gris bleu de la vastitude de son cafard. On le comprend aisément de vouloir quitter cet ouragan mortel, mais il y a tellement de vie du côté de chez Myriam, soleil brillant...de jour comme de nuit...

Maryse Lapierre, qui avait signé les superbes mises en scène de L’HIVER DEDANS et MME G., vues toutes deux chez PREMIER ACTE, récidive royalement avec HYPO, production de la compagnie LES HÉBERTISTES. Une mention spéciale à Isabelle Hubert, qui a conseillé en dramaturgie; Isabelle, qui vient tout juste d’être jouée au Trident avec l'intense et splendide LE CAS JOÉ FERGUSON. Un texte suivra sous peu ici, aux ENVAPEMENTS.

Photo: Nicola-Frank Vachon/

Philip Larouche

HYPO, un autre fort beau moment passé entre les murs polyvalents de PREMIER ACTE, ce temple consacré aux innovations théâtrales de jeunes créateurs où on a souvent vu des choses pas comme les autres, un peu comme cette superbe vidéo de Sigur Ros, que j’offre à tous ceux et celles qui ont été marqués par la finale exceptionnelle de ce poignant pan de vie vécu le 26 octobre 2017...

Glosoli

"Soleil brillant"

(pour la traduction)

http://vonlenska.over-blog.com/article-10921949.html

Merci à Josué Beaucage et Patric Saucier pour la conversation d’après-match. Un A+, comme toujours, qui s'ajoute à cette envolée théâtrale d’automne des plus sublimes; Josué, qui y participe souvent avec ses planantes musiques, et Patric, comédien/metteur en scène, dont nous verrons le travail en avril prochain avec le très attendu LUCKY LADY de Jean-Marc Dalpé à LA BORDÉE. De quoi avoir très hâte au printemps. Mais avant...passer à travers de cet hiver qu’on annonce rustique ! Heureusement, il me reste les fougères de Maman...