mercredi 1 novembre 2017

LA COUR SUPRÊME : au bal des ardents



L’essayiste Nicolas Zorn pense que le Québec doit se doter d’un observatoire pour mesurer les inégalités.
Quels sont les effets des inégalités dans la société ?
Les inégalités, ça tue. Il y a un écart d’espérance de vie de 11 ans entre un quartier riche et un quartier pauvre, à Montréal. Quels autres pays ont un tel écart ? L’Allemagne et le Bangladesh. On sait que, lorsqu’il y a plus d’inégalités, ça nuit à l’économie et à la démocratie. C’est corrosif. L’écart de revenus se traduit par un écart entre citoyens. Ça fait des gens qui vivent dans deux univers complètement différents. Ça mine l’égalité des chances, l’économie et même la consommation.


Mes beaux monstres tout nus m'ont comblée au plus haut point le 22 septembre dernier. Alain aussi. On a ri en masse médium-low-high. La déstabilisation du non-entracte était un coup fumant et superbe. On a eu une excellente discussion d'après-match avec l'invité spécial, le journaliste Mikael Bergeron et l'équipe du Théâtre Biscornu. M. Marc Gourdeau assistait à la pièce lui aussi. Ah! Ce qu'on peut l’aimer cette petite mais si intense gang de chez PREMIER ACTE.

(Courriel, quelque peu modifié pour le blogue, envoyé à L. dans la nuit du 22 au 23 septembre 2017)

LES BOUFFONS

SE FAIRE ROULER DANS LA FARINE

Une autre interprétation voudrait que la 'farine' utilisée ici serait celle dont s'enduisaient les comédiens de l'époque pour se maquiller, ce qui empêchait de les reconnaître et leur permettait ainsi de tromper les gens.


ILLUSTRATION: L.LANGLOIS
http://leseuildesfroidures.blogspot.ca/

La compagnie HOMMERIES, les vrais fous de la reine, avec ou sans entracte, nous a présenté Wannabe, Douchebag et Lacharrue, nos hôtes et hôtesse pour cette sacrée soirée composée d’extravagances en tout genre. Ils nous ont tenus en haleine, bonne et mauvaise, du prime début à la toute fin. 


Rires gras, rires jaunes, petits, moyens et gros malaises, rien ne leur échappe: surtout pas le sexe, l’argent, les médias et la folie, celle qu'on prend plaisir à couper en quatre mille morceaux. Leurs humeurs à variations multiples les ont fait se parler entre...six yeux...quatre couilles et une vulve ;-) 

ALLÉGORIE DES QUATRE ÉLÉMENTS
Louis Finson 
1611

N’ayons surtout pas peur des mots : ils sont grotesques. Absolument grotesques. Mais si attachants. Leur trône de faire semblant sur lequel ils siègent pendant une heure et quelques sent bon l’effluve de leurs eaux malusées par le tempus fugit d’un univers rempli d’engagés, futurs congédiés, fort dissipés. C’est qu’ils en piaffent un coup ces enfoirés de bouffons pour nous faire crouler de rire en nous roulant dans la farine des meuniers de l'humour. Avec leurs mains longues et organes velus, assez pour se rendre compte qu'on est encore plus maboules qu'on le croyait, ils ont suspendu par les pieds la triste réalité du vide des parlements le rocambolesque qui, ma foi, y rôde en permanence par les temps qui courent plus vite que leur ombre ces jours-ci... 

Et pouet pouet le 1% ! 

Ils crachent plus loin que n’importe quel lama, sécrètent miel et venin en même temps qu’ils évacuent bile, sang, pisse et merde tout en vomissant sur tout ce qui pète plus haut que le trou dans cette société d’abracadabrant€s 99%. Sous l’œil extérieur de Marc Doré, spécialiste du clown et du bouffon, LA COUR SUPRÊME fait désormais partie de mes souvenirs les plus tordus que j'ai vus sur scène ces dernières années. 
  

Nicola Boulanger, brillant jeune metteur en scène de ce texte élucubrant de François-Guillaume Leblanc, Paul Fruteau de Laclos et Valérie Boutin, les trois interprètes, a vraiment de quoi se péter les bretelles : sa compétence a réellement bien emmêlé les fils conducteurs de cette histoire à dilater et la rate et les pupilles. On prendrait sûrement une autre pinte de cette savoureuse bile noire, peut-être dans une mise en scène "brûlante" du célèbre HOP-FROG d’Edgar Allan Poe


Un extrait du HOP-FROG:

Je crois que le nom de Hop-Frog n’était pas celui dont l’avaient baptisé ses parrains, mais qu’il lui avait été conféré par l’assentiment unanime des sept ministres, en raison de son impuissance à marcher comme les autres hommes. Dans le fait, Hop-Frog ne pouvait se mouvoir qu’avec une sorte d’allure interjectionnelle, — quelque chose entre le saut et le tortillement, — une espèce de mouvement qui était pour le roi une récréation perpétuelle et, naturellement, une jouissance : car, nonobstant la proéminence de sa panse et une bouffissure constitutionnelle de la tête, le roi passait aux yeux de toute sa cour pour un fort bel homme.


Et par un de ces beaux hasards, le soir de la représentation, en déambulant dans la chaleur de cette mémorable journée de septembre, devant le 490 de la rue Saint-Jean, avons croisé les attributs du SI ou le penseur de MIO de Réjean Migneault. Pouvait pas y avoir de meilleur adon... 


Photo: L.Langlois

Une édifiante critique parue dans Le Devoir du 26 septembre 2017


Et les superbes photos de Cath Langlois:





 http://www.theatrebiscornu.com/

Bal des ardents



Frankweinstein




SODOMINONS 


LES BOUFFONS !












3 commentaires:

  1. via facebook, le 2 novembre 2017:

    Merci pour ces bons mots !

    Valérie Boutin

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  2. via facebook, le 4 novembre 2017:

    Merci beaucoup, j'ai eu bien du plaisir à lire votre article! Content d'avoir inspiré tant de dégoulinantes figures de style!

    Paul Fruteau De Laclos

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  3. via facebook, le 2 novembre 2017:

    Bonjour Louise, un grand merci à vous pour vos bons mots. J'ai pris beaucoup de plaisir à vous lire et je partage avec joie votre texte au reste de mon équipe. Merci encore!!

    Nicola Boulanger

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