Je ne serai
jamais au bout de mes peines sans vous autres.
Jamais.
Elquidam pour JOÉ
Terminus de la Canardière
Photo: L.Langlois
8 novembre 2017
Parce que,
même quand on n’habite plus dans un village depuis longtemps, le villageois,
lui, est toujours là, en chacun de nous. Avec une main tendue vers son voisin
et l’autre, bien enfoncée, poing fermé, dans sa poche.
Isabelle
Hubert
auteure, in le programme
LE CAS JOÉ
FERGUSON est une œuvre importante et
nécessaire. Une œuvre de et pour le cœur. Une œuvre qui fait le contrepoids aux
idées de droite qui empoisonnent notre ville et notre monde. Une œuvre qui
tente de comprendre le mal qui ronge jusqu’au meurtre. Une œuvre de compassion
et de bienveillance.
Jean-Sébastien
Ouellette
comédien et metteur en scène, in le programme
C’est un
show sur le non-dit. Il y a beaucoup de secrets, beaucoup de choses cachées.
Andrée
Bilodeau
conceptrice musicale
Qu’est-ce
qu’on fait avec ceux dont le comportement nous dégoûte? Comment devient-on un
« dangereux » ? Qu’est-ce qu’on n’entend pas ? Je vous écris ce petit
mot au lendemain de la fusillade de las Vegas et je pense inévitablement aux
événements à la Mosquée de Québec qui nous font encore mal. Il me semble qu’on
doit se poser cette question personnellement et collectivement.
Anne-Marie
Olivier
codirectrice générale et directrice artistique du Trident,
in le
programme
3 ordis
portables Apple
1 portable
Acer
1 cellulaire
4 I-Pad
2 I-Pod
1 Apple TV
1 lot de
support de mémoire
1 disque
externe
1 disquette
L’ARSENAL
Illustration: PEJAC
Le suicide ne doit pas être pris à la légère, surtout au Japon, où il a une longue tradition (sanglante). Au Japon, les samouraïs se sont faits seppuku (切腹 ou «suicide rituel») si les ennemis les capturaient ou s'ils souillaient le code des samouraïs.
Une histoire comme il en arrive quelques fois ces temps-ci, qui
vous accroche le cœur dès le départ, parce que le meurtre de sœur Laurette, directrice d'école du village où l'action se déroule (par strangulation et coups de couteau de cuisine) suivi du suicide de l'assassin (par hara-kiri) a de quoi fesser une communauté dans son entièreté, y compris celle des spectateurs du Trident.
Un meurtre gratuit? Non, pas vraiment. Plutôt une de ces monstruosités
imprégnées de la solitude des grands rejetés, de celles qui portent la
signature de Joé Ferguson, jeune homme qui couvait encore sur lui les cicatrices d’une
enfance éreintée par les mains grasses et velues d'un homme aux mots crus, et du silence monastique de la bonne sœur. Joé, un enfant tatoué à mort par le sordide de la vie, un jeune qui la bardasse, comme beaucoup d'autres le font dans nos belles petites banlieues tranquilles, un flot de sang qui se déverse sur la peau de de son âme écorchée, un jeu interdit pour les enfants trop sages...
Camille
Dubé, étudiante en criminologie, sémillante Joëlle Bond, s’aventure dans le village où le crime a été
commis. Elle se heurte aux effets encombrants d’un silence perturbant autant
pour elle que pour les ruraux qui sont visiblement mal à l’aise avec ses
questions quelque peu embarrassantes. Mais un certain Dereck Roy, un gars du coin, interprété
par le resplendissant et si naturel Steven Lee Potvin, finira par lui délier sa langue bien
pendue, y démêlant ainsi quelques-uns des nœuds dormants de cette histoire aux
odeurs de chair ensanglantée…
On y fait la
connaissance de Dorothée Berthier, élégante tenancière de salon funéraire campée
par une Sylvie Drapeau qu’il nous faisait grand plaisir de revoir. Colorée par les émotions que ce deuil paroissial lui occasionnent ainsi que par la
compassion qu’elle a pour Marielle, la mère de Joé, touchante Valérie Laroche,
elle est celle qui tente d’accommoder tout ce beau monde perdu
entre la vengeance et la bonté. Quant à Valérie Babin, qui travaille au secrétariat de l'école, troublée par ce drame ignoble, c'est un double rôle pour Valérie Laroche qui nous ramène à nos propres questionnements sur ce qui nous tombe dessus quand on ne s'y en attend pas. On n'a qu'à repenser à ce qui est arrivé le soir du dimanche 29 janvier dernier, dans le beau grand village où nous habitons vous et moi, pour se demander: qui a bien pu permettre qu'une représentation de ce théâtre de cruauté y soit joué ?
Parce
qu’il n’est pas toujours facile d’accepter que l’urne funéraire d’un père ou
d’une mère y côtoie celle d’un criminel qui a reviré tout un village à
l’envers, on assiste au déploiement d’une intolérance suivi d'une certaine indulgence de la part des
héritiers de ce drame collectif. Parce qu’il faut bien croire en ces restants d’humanité, que l’on mange froids...certains jours. Une mention honorable à Dominic Thibault pour l'efficacité de sa scénographie, son décor amovible et discret y transportait la vie comme la mort d'une porte à l'autre.
LA COMPAGNIE DRAMATIQUE DE QUÉBEC
LA COMPAGNIE DRAMATIQUE DE QUÉBEC
Jean-Sébastien Ouellette a mis en scène avec brio les mots de sa chère complice Isabelle Hubert, qui nous avait tant touchés avec son inoubliable FRONTIÈRE à l'automne 2013. LE CAS JOÉ FERGUSON, qui avait été créé au THÉÂTRE DU BIC à l'été 2016, reflète encore une fois l'espérance et la bienveillance, deux de leurs précieuses valeurs humaines qui les distinguent si bien tous les deux. Si certains d'entre vous voudraient replonger dans la chaleur des mots de la pièce, le texte a été publié aux éditions de L'Instant Même. Voici le lien:
S’il faut trancher sa peine
Pour partir sans regrets
Je trancherai la tienne
Et la mienne après
LE CAS JOÉ
FERGUSON
TEXTE : Isabelle
Hubert
MISE EN SCÈNE :
Jean-Sébastien Ouellette
ASSISTANCE À LA MISE EN
SCÈNE : Anne Plamondon
SCÉNOGRAPHIE : Dominic
Thibault
ÉCLAIRAGES : André
Rioux
COSTUMES : Dominique
Giguère
MUSIQUE ORIGINALE :
Andrée Bilodeau et Patrick Ouellet
AVANT LA PIÈCE
Marcher sur tes larges trottoirs du boulevard René-Lévesque ou encore dans les rues exiguës de ton Vieux, y respirer l'air classique de ce grand village
qu’est ta Capitale, pour y rencontrer au hasard de mes pas solitaires un directeur
de théâtre chez un libraire, ou encore un comédien, auteur et metteur en scène,
qui marche à pied tout comme moi, qui me reconnaît et me salue, qui m’informe qu’il s'en va voir une représentation des élèves du Conservatoire...C'est tout ce dont j'ai besoin pour me reconnecter à toi et à ta vitalité ma belle amie...de 409 ans...avec qui je vis depuis près de quatre décennies...
Photo: Serge Alain
Ludovica
Toutes ces
rencontres fortuites, au détour d’un regard, si nécessaires à ma culture; toutes
ses enjambées dans tes côtes qui me forcent au dépassement des mots des hommes
et des femmes d’ici et d’ailleurs; toutes ces promenades au milieu de tes
feuilles mortes qui sentent si bon, avec ton Parlement de supposés rénovateurs,
avec ta spacieuse et immaculée Maison de la Littérature, où un certain Jacques
Poulin y était à l’honneur en ce dernier soir d’exposition de quelques-uns de
ses manuscrits; tout ceux qui me nourrissent, de lettres et de délices, et qui
font de ces soirées mon bonheur d'occasion...
Photos: L.Langlois
8 novembre 2017
via facebook, le 23 novembre 2017:
RépondreSupprimerMerci pour ces beaux mots! C'est toujours un plaisir de vous lire!
Isabelle Hubert