mercredi 22 novembre 2017

LE CAS JOÉ FERGUSON: les gens d'en bas





Je ne serai jamais au bout de mes peines sans vous autres. 
Jamais.

Elquidam pour JOÉ


Terminus de la Canardière
Photo: L.Langlois
8 novembre 2017


Parce que, même quand on n’habite plus dans un village depuis longtemps, le villageois, lui, est toujours là, en chacun de nous. Avec une main tendue vers son voisin et l’autre, bien enfoncée, poing fermé, dans sa poche.

Isabelle Hubert
auteure, in le programme

LE CAS JOÉ FERGUSON  est une œuvre importante et nécessaire. Une œuvre de et pour le cœur. Une œuvre qui fait le contrepoids aux idées de droite qui empoisonnent notre ville et notre monde. Une œuvre qui tente de comprendre le mal qui ronge jusqu’au meurtre. Une œuvre de compassion et de bienveillance.

Jean-Sébastien Ouellette
comédien et metteur en scène, in le programme

C’est un show sur le non-dit. Il y a beaucoup de secrets, beaucoup de choses cachées.

Andrée Bilodeau
conceptrice musicale

Qu’est-ce qu’on fait avec ceux dont le comportement nous dégoûte? Comment devient-on un « dangereux » ? Qu’est-ce qu’on n’entend pas ? Je vous écris ce petit mot au lendemain de la fusillade de las Vegas et je pense inévitablement aux événements à la Mosquée de Québec qui nous font encore mal. Il me semble qu’on doit se poser cette question personnellement et collectivement.

Anne-Marie Olivier
codirectrice générale et directrice artistique du Trident, 
in le programme


3 ordis portables Apple
1 portable Acer
1 cellulaire
4 I-Pad
2 I-Pod
1 Apple TV
1 lot de support de mémoire
1 disque externe
1 disquette

L’ARSENAL  



 Illustration: PEJAC


Le suicide ne doit pas être pris à la légère, surtout au Japon, où il a une longue tradition (sanglante). Au Japon, les samouraïs se sont faits seppuku (切腹 ou «suicide rituel») si les ennemis les capturaient ou s'ils souillaient le code des samouraïs.




Une histoire comme il en arrive quelques fois ces temps-ci, qui vous accroche le cœur dès le départ, parce que le meurtre de sœur Laurette, directrice d'école du village où l'action se déroule (par strangulation et coups de couteau de cuisine) suivi du suicide de l'assassin (par hara-kiri) a de quoi fesser une communauté dans son entièreté, y compris celle des spectateurs du Trident. 


Un meurtre gratuit? Non, pas vraiment. Plutôt une de ces monstruosités imprégnées de la solitude des grands rejetés, de celles qui portent la signature de Joé Ferguson, jeune homme qui couvait encore sur lui les cicatrices d’une enfance éreintée par les mains grasses et velues d'un homme aux mots crus, et du silence monastique de la bonne sœur. Joé, un enfant tatoué à mort par le sordide de la vie, un jeune qui la bardasse, comme beaucoup d'autres le font dans nos belles petites banlieues tranquilles, un flot de sang qui se déverse sur la peau de de son âme écorchée, un jeu interdit pour les enfants trop sages...


Camille Dubé, étudiante en criminologie, sémillante Joëlle Bond, s’aventure dans le village où le crime a été commis. Elle se heurte aux effets encombrants d’un silence perturbant autant pour elle que pour les ruraux qui sont visiblement mal à l’aise avec ses questions quelque peu embarrassantes. Mais un certain Dereck Roy, un gars du coin, interprété par le resplendissant et si naturel Steven Lee Potvin, finira par lui délier sa langue bien pendue, y démêlant ainsi quelques-uns des nœuds dormants de cette histoire aux odeurs de chair ensanglantée…


On y fait la connaissance de Dorothée Berthier, élégante tenancière de salon funéraire campée par une Sylvie Drapeau qu’il nous faisait grand plaisir de revoir. Colorée par les émotions que ce deuil paroissial lui occasionnent ainsi que par la compassion qu’elle a pour Marielle, la mère de Joé, touchante Valérie Laroche, elle est celle qui tente d’accommoder tout ce beau monde perdu entre la vengeance et la bonté. Quant à Valérie Babin, qui travaille au secrétariat de l'école, troublée par ce drame ignoble, c'est un double rôle pour Valérie Laroche qui nous ramène à nos propres questionnements sur ce qui nous tombe dessus quand on ne s'y en attend pas. On n'a qu'à repenser à ce qui est arrivé le soir du dimanche 29 janvier dernier, dans le beau grand village où nous habitons vous et moi, pour se demander: qui a bien pu permettre qu'une représentation de ce théâtre de cruauté y soit joué ?            


Parce qu’il n’est pas toujours facile d’accepter que l’urne funéraire d’un père ou d’une mère y côtoie celle d’un criminel qui a reviré tout un village à l’envers, on assiste au déploiement d’une intolérance suivi d'une certaine indulgence de la part des héritiers de ce drame collectif. Parce qu’il faut bien croire en ces restants d’humanité, que l’on mange froids...certains jours. Une mention honorable à Dominic Thibault pour l'efficacité de sa scénographie, son décor amovible et discret y transportait la vie comme la mort d'une porte à l'autre.  

LA COMPAGNIE DRAMATIQUE DE QUÉBEC

Jean-Sébastien Ouellette a mis en scène avec brio les mots de sa chère complice Isabelle Hubert, qui nous avait tant touchés avec son inoubliable FRONTIÈRE à l'automne 2013. LE CAS JOÉ FERGUSON, qui avait été créé au THÉÂTRE DU BIC à l'été 2016, reflète encore une fois l'espérance et la bienveillance, deux de leurs précieuses valeurs humaines qui les distinguent si bien tous les deux. Si certains d'entre vous voudraient replonger dans la chaleur des mots de la pièce, le texte a été publié aux éditions de L'Instant Même. Voici le lien:  




S’il faut trancher sa peine
Pour partir sans regrets
Je trancherai la tienne
Et la mienne après


LE CAS JOÉ FERGUSON

TEXTE : Isabelle Hubert
MISE EN SCÈNE : Jean-Sébastien Ouellette
ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE : Anne Plamondon
SCÉNOGRAPHIE : Dominic Thibault
ÉCLAIRAGES : André Rioux
COSTUMES : Dominique Giguère
MUSIQUE ORIGINALE : Andrée Bilodeau et Patrick Ouellet
PHOTOS du spectacle : Stéphane Bourgeois

https://www.compagnie-dramatique.com/




AVANT LA PIÈCE

Marcher sur tes larges trottoirs du boulevard René-Lévesque ou encore dans les rues exiguës de ton Vieux, y respirer l'air classique de ce grand village qu’est ta Capitale, pour y rencontrer au hasard de mes pas solitaires un directeur de théâtre chez un libraire, ou encore un comédien, auteur et metteur en scène, qui marche à pied tout comme moi, qui me reconnaît et me salue, qui m’informe qu’il s'en va voir une représentation des élèves du Conservatoire...C'est tout ce dont j'ai besoin pour me reconnecter à toi et à ta vitalité ma belle amie...de 409 ans...avec qui je vis depuis près de quatre décennies...


 Photo: Serge Alain
Ludovica

Toutes ces rencontres fortuites, au détour d’un regard, si nécessaires à ma culture; toutes ses enjambées dans tes côtes qui me forcent au dépassement des mots des hommes et des femmes d’ici et d’ailleurs; toutes ces promenades au milieu de tes feuilles mortes qui sentent si bon, avec ton Parlement de supposés rénovateurs, avec ta spacieuse et immaculée Maison de la Littérature, où un certain Jacques Poulin y était à l’honneur en ce dernier soir d’exposition de quelques-uns de ses manuscrits; tout ceux qui me nourrissent, de lettres et de délices, et qui font de ces soirées mon bonheur d'occasion...




 Photos: L.Langlois
8 novembre 2017


1 commentaire:

  1. via facebook, le 23 novembre 2017:

    Merci pour ces beaux mots! C'est toujours un plaisir de vous lire!

    Isabelle Hubert

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