jeudi 28 octobre 2010

LE CARDIGAN DE GLORIA ESTEBAN: la magie du molleton

cardigan RAINBOW

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Il faisait un temps de cendres hier midi à Québec, mais le thermomètre affichait quelque chose comme un gros 15 degrés. May et moi assisterions à une pièce de théâtre chez Premier Acte, LE CARDIGAN DE GLORIA ESTEBAN, une comédie d’automne des plus drôle et touchante produite par la compagnie LE PETIT LUXE.

May et moi, comme deux figurantes senior de la génération descendante, aussi émues que le furent les quelques soixante étudiants option théâtre de l’école privée Mont Saint-Sacrement. Des jeunes d'une discipline exemplaire, du sérieux, de la tenue quoi !…et surtout aucune toux ! Que des rires et des petits soupirs…Un vrai miracle !!! Je n’aurais jamais cru qu’un arc-en-ciel apparaîtrait dans le décor en ce jour parti pour la grisaille…À 12:30, la pièce commença…

Un écran géant, un gars, une fille, de l’amour…
De la danse, du chant, de la musique à la radio.
Entre Montréal et QuébeC, de la peine et de l’amitié…


Et des livres classés selon les couleurs de l’arc-en-ciel sur les étagères d’une bibliothèque d’une école secondaire, et dedans elle, une fenêtre… avec une Marthe bibliothécaire tourbillonnante dans la jeune soixantaine, qui partage ses heures avec un Marcel des plus attachant, un élève ayant quelques petites difficultés d’apprentissage, un rayon de soleil qui aime beaucoup les Vilains Pingouins...et leur train…un vrai magicien... Une fenêtre faite sur mesure pour deux superbes scènes devant celle-ci, l’une avec Marthe et l’autre avec Marcel…

Une musique, un recueillement, un souhait, une porte vitrée, des clips, de la comédie... Du vedettariat contre la vie simple et tranquille; du jeu, de la magie, de la tisane, des costumes, les robes de Fanny et des cardigans...plus les pantalons. Entre la vie " sportive" et intellectuelle, le charme de la bibliothèque, les fleurs, la carte, le vin, le saumon Wellington. Entre l’amour et le plaisir, la séparation, les engueulades...Et le texte, les mots, le sang chaud, le sang-froid, la fraîcheur de l’intelligence et juste assez d’audace…pour parler du gros mot à six lettres...

Avons essuyé quelques larmes, reniflé en cachette, pendant que les rires fusaient encore de toutes parts dans le dernier stretch de la pièce, c’est qu’on aurait pu découper l’air au couteau tellement l’émotion était palpable et à son comble…Fallait entendre les petits soupirs tristes des filles dans la salle lorsque Marcel nous crevait le cœur; tant de beauté, de naïveté dans son personnage, très touchant Jonathan Gagnon mais qui nous fait également rire en masse, surtout dans la première demie, tout comme il l'avait fait l'été dernier avec sa drag queen ducharmienne. Un fait à noter: lui et Benoît Cliche, Paul, le super prof d’éduc, qui a été ma révélation personnelle, sont d’anciens élèves du Mont Saint-Sacrement.

Joëlle Bond, l’auteur de ce texte vivifiant a littéralement captivé l’audience, les jeunes ont en effet suivi "à la lettre " les pas de SA danse, celle que ses mots lui ont fait exécuter avec ceux des autres comédiens. Aussi intéressante à regarder qu’à entendre, elle a mené le bal de SA comédie musicale du début à la fin. Avec Olivier Lépine, son amoureux quelque peu " innocent ", qui mettra en scène ROMÉO ET JULIETTE en janvier prochain à La Bordée, elle a réussi à faire passer le message de la fille qui sait ce qu’elle veut QUAND elle le veut et pour elle. Je regardais toutes ces jeunes filles qui l’admiraient dans la salle et je n’ai pu m’empêcher de penser que cette histoire-là pourrait inévitablement arriver à l’une ou l’autre d’entre elles.

Marie-Ginette Guay, avec toute l’intensité qu'on lui connaît, son regard profond et sa voix de tendre tigresse, le don de sa voix au cœur même de la chaude fibre d'un soleil couchant, don de son talent remarquable. Il faut voir la scène finale pour en apprécier vraiment toute la vibrante couleur de sa générosité. Une grande dame qu'il fait toujours bon de rencontrer, que ce soit au théâtre, à la télé ou au cinéma, ou encore dans un autobus; une amie pour tous ces jeunes créateurs qui se produisent aussi...dans son Périscope.

Les mots souvent viennent à manquer quand il s’agit de vraiment dire, alors vaut peut-être mieux cesser d'écrire et revenir en arrière pour regarder vers l’à venir…Est-ce que ce sera un garçon ou une fille ? Est-ce qu’il fera beau demain ? Est-ce que nous serons là ? Ou ici ? On ne le sait pas, on le verra ça, dans l'temps comme dans l'temps...

Ann-Sophie Archer, la jeune et vigilante metteur en scène, a tricoté serré…dans les coins du coeur et les dessous de table, les entrées et sorties de scène des comédiens étant fort efficaces et bien calculées. En résumé, ce fût une pièce enlevante, surprenante, touchante, teintée des divers sentiments des personnages, véhiculée par les couleurs d'un arc-en-ciel qui nous aura fait apprécier celle de ce splendide ciel d’octobre…Deux heures quinze de spectacle, sans entracte, un temps qui a passé très vite, trop peut-être. Et bien sûr, le plaisir à converser quelques instants avec M. Marc Gourdeau, directeur de Premier Acte, du Cardigan bien sûr mais aussi des TRAGÉDIES ROMAINES et de la performance inoubliable de Hans Kesting en Marc-Antoine...et l'on se met à rêver qu'on reverra cet homme sur scène un jour...ici ou à Amsterdam...

Et parce qu'il faut bien finir par mettre des noms sur ces beaux visages inconnus, celui de Hans Kesting, qui te regarde en plein dans le soleil de ton œil alors que tu l'applaudis à tout rompre pour ce spectacle inouï qui vient encore une fois de te flamber la prunelle de ta cervelle. Hans Kesting, incontestablement celui-là qui m'a le plus chavirée ce soir. Quelle beauté d'homme ! comme dirait l'autre...

(5 juin 2010)

La surprise agréable à la sortie du théâtre: le plein soleil et la douceur de l’été indien…Nous remontions très lentement la rue Salaberry May et moi quand nous vîmes l’ocre des feuilles de chênes de la rue Crémazie, on rentrerait donc prendre un bon thé avec un moyen morceau de gâteau au chocolat…La pièce nous est rentrée dans le corps, les yeux nous en picotent encore…On a pensé aux comédiens qui devaient jouer une autre fois le soir même, et je suis certaine qu'ils ont encore donné leur 100%...

Pour clore ce charmant chapitre théâtral, May m’a offert un cardigan (à manches courtes) qui ne lui faisait plus; j'ai pensé qu'il me ferait un sacré beau souvenir en celui de Joëlle Bond et de sa glorieuse Esteban ainsi qu'à ce fabuleux après-midi d'octobre 2010...

***

À l’arrêt de bus, au coin du GTQ, reconnu Karine Ledoyen, la chorégraphe, elle parlait au téléphone. Ça m’a rappelé qu’il faudrait bien que je l'achète ce billet pour AIR en janvier prochain…Le temps s’était encore arrêté dans la Ville, c’était presque surréel toute cette douceur dans…l’air….Dans mon sac, se cachait HAPPY BLUE, l'album des deux contrebassistes, le jeune et le plus vieux, mais je ne l’écouterais que le lendemain matin…pour en parler ici...plus tard…






Production: Le petit luxe –compagnie de théâtre
Mise en scène: Ann-Sophie Archer
Assistance: Claudiane Ruelland
Scénographie: Valérie Polychuck
Assistée de: Marie Polychuck


DISTRIBUTION

Joëlle Bond: Fanny
Benoît Cliche: Paul
Jonathan Gagnon: Marcel
Marie-Ginette Guay: Marthe
Olivier Lépine: Patrik


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