samedi 16 octobre 2010

MONSIEUR DE VOLTAIRE (romancerie)


Photo: L.L.


D'Angleterre, Voltaire rapportera dans ses bagages tout le théâtre de Shakespeare.

Page 107

Victor-Lévy Beaulieu
MONSIEUR DE VOLTAIRE
éditions STANKÉ
Parce que chaque livre possède sa mitoyenne histoire.
Parce que certains la savent et que d'autres l'ignorent.


Cela se passa au Salon du Livre de Québec, c'était le 3 juin 1995, je fis ma première rencontre avec le non moins prolifique Victor-Lévy Beaulieu. Sa charmante fille Mélanie l'accompagnait. Beaucoup de chaleur en mémoire. Et puis ces deux jours passés aux Trois-Pistoles dans Le grenier d'Albertine et au Caveau Théâtre, pour enfin voir LE BONHEUR TOTAL, cette pièce écrite suite au procès de la grande dame de la télévision. Le souvenir des rires bleu-blanc-rouge de Claude Jasmin, postés aux côtés de ceux de l'Auteur. Le souvenir également de la rue Notre-Dame, de la librairie dans laquelle j'ai trouvé LES GRANDS-PÈRES, mon troisième ouvrage de VLB, le deuxième étant LE CARNET DE L'ÉCRIVAIN FAUST, édition limitée, acheté quelques jours auparavant dans une librairie de ma région.

J'avais bien lu/vu de ses mots en quelque part auparavant via le téléroman L'HÉRITAGE, une oeuvre télévisuelle d'exception. Mon père venait tout juste de nous quitter pour l'éternité, nous étions seules ma mère et moi, avec entre nous deux le premier de ses petits-fils. Nous étions encore sous le choc de la disparition de l'être cher, celui qui nous avait le plus marquées, 55 ans, c'est un peu jeune pour s'éclipser. Bref, l'automne était déjà bel et bien entamé, le 20 septembre tendait tant bien que mal à vouloir se faire oublier. Il faisait frais en ce début d'octobre 1987...

Puis, ce Xavier Galarneau, père incestueux, aussi froid qu'endêvé avec ses quatre enfants, qu'est-ce qu'il pouvait bien être venu faire ici, en plein bois, assis dans notre décor de Chaleureux ?

Le poêle à bois crépitait, le silence et la noirceur régnaient en maître, on ne voulait perdre aucun des mots sacrés de cette belle grand-messe hebdomadaire qui nous faisait se recueillir à tous les mercredis, pour la première moitié de saison, puis les mardis, ce jusqu'à la toute fin du téléroman, printemps 90.

Victor-Lévy Beaulieu a bâti, mot par mot, pour son million passé de téléspectateurs agenouillés devant les personnages qu'il habillait lui-même de SON langage, une RACE DE MONDE, un peuple absolu, une source intarissable qui découlait directement de l'univers beaucheminé qu'il avait commencé à créer depuis son adolescence.

RACE DE MONDE, télédiffusé de 1979 à 1983, avait précédemment fait recruter comme adeptes mon frère D. et ma mère, ils me parlaient toujours en bien de cette famille de crapotés qui vivaient à Montréal-Nord, Monrial-Mort en réalité. Mais comme je n'étais pas une assidue du petit écran durant les folles années de ma petite et moyenne débauche, je passa tout de Go et ne réclama point de mots. C'est regrettable que Radio-Canada n'ait pas gardé les images et le son de cette saga pas piquée des vers, j'aurais bien sûr apprécié d'en admirer en long et en large tout le paysage en son langage. Mais il y aurait un jour LE livre, celui-là d'où était tirées/triées toutes les pages que je délirerais un jour...

Après L'HÉRITAGE, il y eut MONTRÉAL P.Q., ce magnifique diamant sculpté à même l'écriture théâtrale de VLB. De 1991 à 1994, ce sont les personnages inoubliables qu'étaient Madame Félix, Victor Teoli, Lenoir, Harry Smith, Leonardo, Aurise Blondeau, Urbain Blondeau, le chanoine Odilon Caron et l'abbé Edmond Brisebois, qui firent que je m'intéressa davantage à la poésie de la plume du sieur des Trois-Pistoles. Puis BOUSCOTTE, perpétua ce cérémonial. Peut-être que LE BLEU DU CIEL aurait fait la même chose s'il n'avait pas été retranché de la programmation, faute de cotes d'écoute selon les dires.

Quinze ans plus tard, en relisant mon journal de bord du 3 juin 1995, ces mots en bas de page: Je voudrais maintenant tout lire l'oeuvre de VLB...49 ouvrages plus tard, je puis avancer que c'est en route pour se faire. Parce que chaque livre a sa propre histoire, je ferai la chronique chronologiquement de chacun d'eux, à commencer par le tout premier qui fit son apparition dans MON salon, MONSIEUR DE VOLTAIRE. Il n'y aura pas de critique à proprement parler, mais quelques extraits choisis à travers les pages redécouvertes. Monsieur de Voltaire relate l'enfermement de l'Auteur alors qu'il est en cure de désintoxication. À travers la vie de Voltaire, son oeuvre, mitoyenne à la sienne, VLB nous asperge du siècle des Lumières, ce siècle pas si lointain que ça après tout. Il m'aura appris à le connaître sous son nouveau ciel mais il ne saurait tarder à le faire...sous d'autres enfers...


TOUTE LA JOURNÉE, J'AI ÉTÉ MASSACRANT d'humeur et de paroles, à croire que je me prenais pour Voltaire cherchant à polémiquer avec des ennemis même malgré eux. Si le fait de ne plus boire ne m'amène qu'à devenir sombrement acrimonieux, je ne vois rien là-dedans de positif.

p.139, chapitre 12



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire