dimanche 13 septembre 2009

Le chant des Plaines


Ce plan de 1734 porte la première mention localisée avec précision du toponyme Abraham. La «rue d’Abraham» rejoint le Chemin de la Grande Allée, mais sans prolongement au sud, site actuel des plaines d’Abraham.

Source: Henry Hiché, Plan annexé à un contrat notarié, BANQ


Peut-être que...
Peut-être que ce banc, là où j'étais assise hier soir, repose là où tu es mort mon frère. Peut-être que toutes ces paroles passées dans la moulinette usée de notre histoire, que tous ces mots-là récités sur le bout de tes doigts brûlés, dans Photo: petit boisé, dans l'attente de nos souvenirs, furent à l'heure pour les absents que nous fûmes depuis tout ce temps. Toutes ces gorges riantes que l'on a déployées, tous ces massacres doux dans le cœur de l'Indien enfirouapé, ces mots mironnés, enchantés de détresse et d'espoir, une nuit sans adresse, dans l'air frais de Québec. Auprès de ta blonde, cent ports d'attache, et une voix, une seule petite voix qui manquait à l'appel, la vôtre...en celle de mon père. Mais peut-être que...

Hubert Marsolais, Andrée Lachapelle, 
Sébastien Ricard, Brigitte Haentjens & Biz
Photo: Robert Mailloux, LA PRESSE

Quelques uns de nos plus beaux textes, récités par des comédiens, chanteurs, historiens et politiciens, unis pour la cause, et une enfant, qui s'amusait toute seule avec deux bouts de branches, de la terre et du gazon, qui creusait un trou, peut-être au même endroit où tu fus tué mon frère, une petite fille qui jouait à l'estropiée avec les mêmes bouts de branches, et un homme, avec sa ceinture fléchée, qui caressait tendrement le cou refroidi de sa bien-aimée, et les arbres, qui écoutaient silencieusement, presque sans bouger, le son des voix qui chantaient a cappella. Le temps a fini par se fixer un rendez-vous avec nous, avec ce qui restait de nous.

Merci à tous les protagonistes, lecteurs de ce spectacle unique, performance on ne peut plus révélatrice de notre jeune histoire. Merci à tous ceux-là qui firent notre simple bonheur d'y être. Je reviendrai souvent sur ces 24 heures passées en votre solidaire compagnie. Et aux absents: même sans votre présence, moi je sais que vous y étiez.


L0U153 L4N6L015
13 septembre 2009


4 commentaires:

  1. Une fois versés hors de l'âme
    sur le chemin du détachement
    des voix qui portent,
    cet attachement aux mots
    et son écho imprévisible
    me surprendront toujours

    Moulin à paroles aussi bien dire prières
    de grande voile avant le repas,
    le repas du midi
    celui qu'on ne peut pas sauter sans risques
    pour abattre avec énergie
    de la grosse ouvrage
    tout le reste de l'après-midi.

    Pour le temps qu'il nous reste.

    Votre texte est très beau.

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  2. Oui, comme des prières, oraisons de vie, du par âme, de la lumière pour nos noirceurs.

    Jean-Marc Dalpé, avec LA MARCHE À L'AMOUR, suivi de Yann Perreau, avec JE MARCHE À TOI, furent sans contredit l'une des meilleures « prières » de ce spectacle mémorable.

    Nathalie Lessard, récitant LA CENSURE, de Gauvreau, Hugo Latulippe, avec un extrait de PROCHAIN ÉPISODE de Huber Aquin, Hugues Frenette, en Yvon Deschamps, et j'en passe, et j'en passe, mais j'y reviendrai...

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  3. On aurait du lire CONTRE la censure.

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