mercredi 23 septembre 2009

Lu d'ici




VU D'ICI
Mathieu Arsenault
éditions Tryptiques
(extractions spontanées de mes souvenirs " à la pièce ")

CETTE ÉMISSION S’ADRESSE À UN PUBLIC DE TOUS ÂGES


Parce que je ne connais que la mêlée des choses qui ne vont nulle part zappe-moi tout le visible car je n’arrive qu’à me voir dans la réalité et mickey et minnie et pluto et donald et buzz lightyear sont les organes que je cherche à arracher en me déchirant les coutures et en fouillant ma bourrure de toutou mal léché et et et il n’y a pas de et qui tienne parce qu’il n’y a absolument pas de point commun entre l’actualité et mes souvenirs d’enfance et je ne sais que faire ni de la guerre ni des crayons de cire que je me suis fait donner la partie qu’on voit donne une idée de toutes celles qui restent dans l’obscurité je me faisais des cabanes en coussins cabane de certitudes et je pose mon doigt sur l’écran froid comme la surface du Saint-Laurent et ma langue sur le plancher qui cherche des miettes le beurre et la misère du beurre les autres ravagés du réel et je me suis mis à pleurer pour un œuf qui s’était cassé retiens-moi bien dans le rien au-dessus de ce vide ouvert un ouvre-boîte électrique qui pleure et qui ne veut pas qu’on l’abandonne parce qu’il est démodé et inutile dans le silence désolant de ce dépotoir salopé de possibles où finissent les gens brisés par cette vie trépidante et les défis à relever de ce nouveau siècle qui vient de commencer dans soixante ans d’ici au mieux il ne restera rien ni chair ni os ni personne pour se souvenir des pissenlits des bottes et des huissiers personne pour se rappeler comment j’ai erré dans cette banlieue en ruine cherchant en vain quelqu’un qui pourrait me rapailler les fragments éparpillés de ma vie brève sur ce même divan de velours côtelé beige la main au fond de la gorge à la recherche d’une phrase sale et colorée qui ferait tout s’arrêter et tout s’améliorer comme la dernière maison encore debout dans mon pays en béton armé qui s’effrite enterré depuis ma naissance dans la bourrure d’un divan le bruit que fait la combustion spontanée des restes décomposés de milliards d’organismes morts pour aucune autre raison que celle de m’emmener au dépanneur me chercher un six pack de heineken et un sac de nachos avec de la salsa pour faire passer plus vite une soirée de télé dont je ne me souviendrai même plus le lendemain matin ces histoires de gagner de l’argent pour payer l’hypothèque et les vacances sur l’autoroute de kigali à montréal qui passe par la banlieue je voudrais faire cinquante tonneaux comment faire pour retrouver mon chemin vers le confort des dessins animés du samedi matin il est venu le temps de donner aux images la parole l’histoire de québec c’est que j’avais perdu une dent dans le funiculaire speak white best buy and loud qu’on vous entende de boucherville à beauport pour enterrer le bruit de tous les os qui craquent quand me passe dessus le rouleau compresseur des privatisations et des baisses d’impôts je n’habite pas un pays mais un peuple en robe de nuit mais sur cette rue où j’habite on parle français mais on pense en argent le bois dormant a été rasé pour construire ce nouveau développement où je demeure remplir le vide est une dépense prendre la parole est un silence l’asphalte nous retrouve tout le temps la misère en costume de fée donne des coups de baguette à gauche et à droite en voltigeant indifféremment d’une image à l’autre il n’y a pas de maison il n’y a que des cycles économiques acheter plus acheter moins et jeter tout ce qui est trop vieux à la poubelle et ma princesse chérie que je veux garder toujours s’il vous plaît tiens le coup jusqu’à la fin du jour je ne la vois pas encore mais la sortie je vais en trouver une dans ma course petit poucet rêveur j’égrène tout ce que j’ai pour trouver quelques chose à dire j’égrène tout ce que je suis pour trouver quelque chose à te donner j’attends d’être fier de mon pays ça suffit la politique de la terre brûlée ne prendra plus sur nous on a juré de se cultiver même s’il faut que gaston miron passe à la poule aux œufs d’or qu’est-ce qu’il y a au plus profond de notre cœur c’est des barres de couleur c’est de la neige c’est noir c’est blanc c’est rouge c’est l’amour moure moure



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