lundi 28 septembre 2009

...ET AUTRES EFFETS SECONDAIRES

Salad Days by Mark Hearld
(EDITION SOLD OUT)


Samedi, 26 septembre, rue St-Joseph: la vérité sur le crack en face de l’église Saint-Roch. Des enfants, des mendiants, des souriants, des enfantants. Et le soleil avec point de vent. Un petit 2$ pour l'homme dans sa main qui a faim et qui me donne en retour un baisemain. Au Vaisseau d’or, lieu de liseurs, antre parfait pour maraudeurs de l’intellect, backstage, une tablette dans le rayon de la poésie. Jean-Guy Pilon, SAISONS POUR LA CONTINUELLE

CONSTAMMENT
QUE JE PARLE DU JOUR D’AVANT
OU DE LA PLUIE DE DEMAIN

(Parler)


Plus loin, les fantômes du théâtre de la Bordée, oasis pour acteurs et actrices, spectateurs et spectatrices. Sur la Côte d’Abraham, chez Engramme, dans le complexe Méduse, NITASSINAN, qui veut dire territoire ancestral traditionnel. Exposées, estampes de l’artiste Chantal Harvey, gravures sur bois, grandeur de l'émoi. Chez VU, Benoit Aquin, et son DUST BOWL CHINOIS, spectre beige de poussière que l’Homme fonde assis sur sa motocyclette. Avec Marie-Christine Élie, étudiante à la maîtrise et gardienne des lieux, une intéressante conversation sur l’Art en général. Nelly morte, Falardeau mort, la perte de nos créateurs. Mais le gain de Dgino Cantin, et de ses MANIPULATIONS, « pour capter la poésie des objets en dualité, l’écrasement de la matière sur la "vitre-frontière". » Dans l'Oeil du Poisson, LE CHEVALIER DE LA RÉSIGNATION INFINIE, œuvre de Diane Landry, pour « " l’éloge de la force et du courage qu’il faut pour braver le rythme inéluctable des jours qui passent. Une exposition qui nous transporte dans un univers parallèle où la banalité des petites choses laisse place à une émouvante poésie qui sanctifie le mouvement perpétuel et le cycle du temps. » Et sur le ruban de la BANDE VIDÉO, UNE CONVERSATION AVEC GOYA, de Branka Kopecki, pour « la troublante notion du temps dans l'œuvre d’art. » La vitre, un miroir, et le film, qu'un accessoire.







Remonter la St-Jean pour y voir déambuler des gens comme moi, avec ou sans leurs chiens, et toutes leurs dents, qui sourient pleines aux passants. Trouver Satan Belhumeur, de VLB, et Le tas de siège, de Robert Gurik, (trois pièces en un acte) pour me souvenir d'Octobre 1970 et de JE ME SOUVIENS, avec une pensée en racoin pour feu Pierre Falardeau. Et à côté près du Fou-Bar, le vrai, une pour le Coyote. Le Fou-Bar, roman d’Alain Beaulieu qui traînait à l'ombre lui aussi dans la boîte à rabais de la librairie Nelligan. .50 ¢, 1 $ ou 2$, merci à vous tous qui les avez abandonnés à leur joyeux sort. Sur la couverture une oeuvre de Bill Vincent, Portes vertes, encore de la gravure sur bois…Miser sur eux trois pour un petit 5 $.

Entrer chez la Pâtisserie Simon, celle qui ne change pas de décor à tout bout de champ, pour y renifler l’arôme réconfortant des sablés maison, pour en faire quelques provisions, puis pour repartir. C’est long, c’est long, mais le temps est si bon…

Au coin de Crémazie et de Cartier, l’art nouveau de l’Afrique. C'est La Kora, qui me fait penser à toi, ma chère N’deye Mariama. Et à moi. Moi, un peu perdue dans mon continent de petits cossus, m’être retrouvée pour un instant dans le tien, pour prendre de loin ta main via le sourire éclatant de la gentille Sénégalaise, qui justement inaugurait sa boutique aujourd’hui. Il faudra que tu viennes voir ça quand tu reviendras…

Sur l'avenue bondée de piétons, qui m'ont l'air heureux de flâner sur les terrasses de la fin d'après-midi, un saut aux Petits Papiers, pour acheter un Moleskine et deux cartes identiques, SALAD DAYS by Mark Herald, pour les lapins que j’aime tant. Et à quelques pas de là, chez Pinoche, pour acheter les bonbons " à la livre ", ceux-là au gingembre qui piquent la langue, même celles de bois…

Finir par arriver chez May, mon avant-dernière destination. May qui m’attend pour l'apéro et le souper de sa cuisine collective du mardi, que nous prendrons un peu en vitesse ce soir puisque nous allons au théâtre pour y voir ET AUTRES EFFETS SECONDAIRES, une création...collective, celle des finissants du Conservatoire d’art dramatique de Québec, édition 2009, une belle jeunesse gonflée à bloc. La mise en scène est signée par la talentueuse Marie-Josée Bastien. Des miettes dans la caboche, c’est le nom de cette toute nouvelle troupe. Nous en apprendrons un peu plus sur cette maladie mentale qu’est la schizophrénie.

Une pièce tout à fait comme on aime en voir chez PREMIER ACTE, c’est-à-dire avec toute l'ingénieuse simplicité d'un décor " ajusté " aux corps plus grands que nature, ceux qui formaient cet ensemble d'acteurs, une vraie " corps et graphie ". Avec si peu de choses, créer un aussi merveilleux chaos. La densité comme la légèreté, l'équilibre des déséquilibrés. Jean-Pierre Cloutier, en Benoit adulte et itinérant, et Matthew Fournier, en Benoit adolescent qui demeure encore chez ses parents, Benoit, qui cherche SA voix parmi toutes celles qu’il entend sans le vouloir, et sa Tommie...avec un e...Benoit qui va là où les voix lui (r) appellent constamment cette dualité qui le malmène, dualité des plus déconcertantes par moments, mais ô combien satisfaisante à la fin, parce qu’il y a de l’espoir également dans la maladie mentale. Nous pouvions presque toucher à l’âme de ce (s) garçon (s) tant la finale du 52ème tableau fût poignante, nous en sommes tous ressortis sonnés je crois. Des anges ont du passer au-dessus de nos caboches à l’occasion…Et le sourire d’Antoine, qui assistait à la pièce pour y voir jouer une amie. Antoine Gratton, un jeune musicien qui rit comme un bon...pour une &*&%$ de spatule à crêpes sans nom…;-)

Un bon bouillon réconfortant en ce splendide samedi soir, jour de Culture. Le Théâtre, une orthèse pour les âmes en déficit. Cette pièce augure très bien pour le reste de la saison. Pour le chemin du retour, sur la rue Salaberry, ai trouvé cet extrait de la page 91 du Fou-Bar d'Alain Beaulieu: « Je roule ma bosse jusqu’à la côte Salaberry, qui m’offre la ville en spectacle. Le bleu sauvage du ciel au-dessus des Laurentides me fait penser à la mer, au large, à la fuite sans fin de ma complice…".

*** 

La Culture nous habite, la Culture nous précipite dans les grandes gueules de loups solitaires ou bien dans celles plus secrètes des grands manitous. En ce jour de deuil ensoleillé, il y eut des moments que je ne suis pas prête d’oublier. Je me souviendrai de cette fin septembre de 2009. Et de Satan, avec sa belle odeur de moisi….Pour les Beauchemin, famille d’éternels, " Satan qui dormait dans un cercueil qu’il s’était lui-même fabriqué dans de la belle épinette rouge, avec deux monstrueux chandeliers de chaque bord…"…Et ça dit tout…


(Pour le rire contagieux d'Antoine G., parce que j'en avais besoin pour oublier... le 18 mai.)



2 commentaires:

  1. Encore. Encore une super balade animée, rapailleuse, originale, tissée d'odeurs, de vitrines, de secrets, d'imagination au pouvoir tranquille, celui de nous évoquer l'âme d'une ville.

    Merci aussi beaucoup pour les ailes venues par la poste royale!

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  2. Merci. Oui, pour évoquer l'âme de la ville, ou de ce qu'il en reste, mais il y a beaucoup de démolition ces temps-ci, il y aura plusieurs de ses paysages qui changeront. J'ai parfois un peu de diffiCULTE avec ça, mais on n'arrête pas le progrès paraît-il ? On manque d'espace, vrai, alors on en fait, on densifie, on élargit, on édifie. De la hauteur, oui, on en aura toujours à revendre. On finira peut-être par " l'occuper " un jour cette Cité. Pour la profondeur, pour la mémoire, on repassera. On pourra toujours creuser ses méninges*.

    Les ailes, de la..démodée ;-)

    *(Reliquats du Bodies)

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